The Nightingale, meilleur film “hors compétition” de 2021

Il aura pris plus de 3 ans avant de rencontrer le public français et pourtant, le second film de Jennifer Kent s’est immédiatement imposé comme une véritable révélation et un choc total pour ses spectateurs. Disponible sur OCS lors du mois d’avril, The Nightingale est devenu en l’espace de quelques semaines “le meilleur film de 2021” pour de nombreux médias. Ce titre anecdotique, en partie obtenu grâce un manque évident de concurrence, peut en surprendre certains car The Nightingale est un film extrêmement brutal, cruel et difficile à digérer. Pourtant cela ne lui empêche pas d’être l’une des grandes découvertes de ces dernières années. 

Jennifer Kent. Retenez bien son nom car la réalisatrice australienne, avec seulement deux films à son compteur, est déjà considérée comme l’une des plus grandes de sa génération. Elle reçoit d’ailleurs en 2018 le prix spécial du Jury pour The Nightingale à la Mostra de Venise.

On vous avait déjà parlé de Mister Babadook, son premier film qui avait retourné le festival Gerardmer. 6 ans plus tard, on retrouve dans The Nightingale le portrait d’une femme brisée, meurtrie, blessée au plus profond d’elle-même et prête à tout pour obtenir vengeance. 

Entre Requiem pour un massacre et I Spit on your grave, The Nightingale est un “rape and revenge”, un film où l’héroïne se fait violer et décide de se venger. En général réputé comme un sous genre avec peu de profondeur, The Nightingale dépasse largement le genre du “rape and revenge” grâce à la beauté de son discours et son travail de mise en scène. Nous y reviendrons plus tard.

Alors que le succès critique était au rendez-vous, que Mister babadook avait fait un carton et que The Nightingale avait tout pour réussir, on peut légitimement se demander pourquoi le film a pris plus de trois ans à arriver en France ?

Il n’existe pas de réponse très claire à ce mystère mais voici cependant deux hypothèses qui justifieraient la difficulté à exploiter un film comme The Nightingale en France. La première est liée au sujet du film et à son contexte spatio-temporel. Le film se passe en Tasmanie au début du 19ème siècle, on y parle d’esclaves Irlandais, d’administration coloniale britanniques et d’aborigènes australiens. Une page d’Histoire que la plupart des français ignorent et qui pourrait retenir les distributeurs à s’engager sur un film au sujet si étranger. Ce genre de situation est déjà arrivé plusieurs fois, notamment avec des films coréens (J.S.A, The age of Shadows, A taxi Driver…). Pourtant le contexte historique de The Nightingale ne nous empêche en rien de profiter ou de comprendre le  film…

Autre explication, tout aussi probable. Le film était trop violent pour passer en salles. Interdit au moins de 16 ans, le film n’épargne pas le spectateur en lui montrant de nombreuses scènes cruelles la plupart du temps avec une rudesse et un réalisme difficilement soutenables. Etranger avec un discours radical, cela fait peur à la France, ce n’est pas nouveau. Mais rassurez-vous le film est disponible à la location et à l’achat un peu partout !

Mieux vaut ne pas trop en dire sur le film pour profiter de l’expérience cinématographique proposée par The Nightingale. Dans cette traque qui dure un peu plus de deux heures, vous naviguez dans cette région inconnue de la Tasmanie, sublimement mise en valeur par le format 1:33 de l’image et ses couleurs désaturées. Rarement représentée avec une image aussi froide, vous aurez du mal à reconnaître l’Australie de Mad Max ou de Wake in Fright.

Que dire également des interprétations de Aisling Franciosi et de Baykali Ganambarr ? C’est la puissance et le talent de ces jeunes comédiens qui vous permettront de vous accrocher au film, à croire en la révolte de leurs personnages et à espérer un meilleur avenir pour eux.   Profondément humaniste, The Nightingale est un film qui fait mal, qui sidère et qui, avant tout, impressionne par sa maîtrise.

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