Le p’tit film #6

Felicità

Avec le report du dernier James Bond, de Tenet, de Mulan ou encore du nouveau Wonder Woman, les grosses productions se font discrètes au cinéma et les p’tits films, pour notre plus grand bonheur, profitent de ces circonstances pour attirer un plus large public. Peut-être qu’avec 15 nouveaux films à l’affiche, l’équipe de Notes Urbaines serait passer à côté du dernier film de Bruno Merle, Felicità….Et ça aurait été bien dommage.

Sans trop en dire, Felicità, c’est l’histoire d’une famille qui vagabonde à la recherche du bonheur. Portée par un père sublimement interprété par Pio Marmai, la famille est également composée d’une mère (Camille Rutherford) et d’une petite fille (Rita Merle) impatiente de retrouver le chemin de l’école. La rentrée des classes, c’est justement dans 24 heures et la petite famille fera tout son possible pour y arriver à l’heure.

Dans ce road movie rythmé par les virées en voiture, les silences, les mensonges et ses surprises, Bruno Merle interroge le spectateur autour de la notion de normalité. Après avoir écrit le scénario du Prince oublié (finalement réalisé par Michel Hazanavicius) ou encore plusieurs séries d’animation comme Code Lyoko ou Chasseurs de Dragon, Bruno Merle avait envie de revenir à l’essentiel, à quelque chose de plus épuré, de plus intime. Cette famille d’apparence marginale nous transporte ainsi dans son aventure et ses péripéties,  nous questionne autour de la notion de famille et son rapport à la normalité ? Jusqu’où peut-elle être libre et différente ?

Le sujet est traité de manière assez simple mais cela n’enlève rien à la qualité du film. Pendant 1h22, le film nous tient en haleine par la subtile exposition du début de l’intrigue et des informations qui nous sont données au compte gouttes. Le réalisateur se justifie d’ailleurs dans une interview donnée par Allociné, “Aujourd’hui, les spectateurs sont nourris de plein de films et de séries, du coup on est moins obligés de présenter des scènes d’exposition classiques, formelles et carrées. Mon film est un jeu de pistes et j’ai tout fait pour inclure le spectateur. A lui de chercher la bonne route, la bonne réponse.” Cette forme d’écriture fait d’ailleurs écho aux personnages du film : différents des autres, curieux, surprenants, ne sachant jamais de quoi l’avenir sera fait.

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crédit : actufilms;fr

Ce film réalisé avec seulement 1,1 millions d’euros était pour Bruno Merle le moyen d’aller jusqu’au bout de ses idées et de garder une mainmise sur une oeuvre personnelle. L’auteur reprend d’ailleurs des esquisses de travail qu’il avait  développé auparavant : la thématique père-fille que l’on retrouve dans le film réalisé par Hazanavicius cité plus haut, ou encore le sujet de la marginalité qu’il avait déjà mis en scène de manière plus noire dans son premier film “Héros”. Comme une évidence,  Bruno Merle a fait jouer sa propre fille, Rita Merle, dans le rôle de Tommy, symbole manifeste de l’appartenance du film à son auteur.

Porté par un scénario original, un trio d’acteurs exceptionnel, une mise en scène efficace et une bande originale du tonnerre, Felicità est un film qui apaise et nous surprend par sa simplicité. Bref, un film qui nous procure d’excellentes sensations.

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