NOX, second souffle du freestyle

Nox, c’est un immense projet de séries de freestyle qui vient de sortir son premier épisode la semaine dernière. Né d’une connexion entre différents acteurs de la culture urbaine, Nox promet de jolies choses et réserve également de belles surprises.

Pour Notes Urbaines, 3 de ses créateurs ont accepté de répondre à nos questions : Théo de l’association Beatume, Corry du collectif HDO et Tanilo du Studio 4 points. Pour visionner le premier épisode, rendez-vous à la fin de l’interview.

Dimanche dernier, vous avez sorti une série de freestyle sous le nom de NOX, une connexion entre l’association Beatume, le collectif Hommes de l’ombre et le collectif Studio 4 Points. Pouvez-vous nous raconter comment s’est passée cette rencontre ?

Tanilo : De base on est tous ami.e.s, c’est ça qui est fou ! Si on se limite à Corry, Théo et moi-même, on se connait depuis déjà pas mal d’années (avec Corry on est cousins). Depuis, chacun dans nos parcours respectifs, on a lié plusieurs amitiés avec des gens qui nous ressemblent : motivés pour aller de l’avant. De ces rencontres naissent trois collectifs : dans l’ordre chronologique, HDO il y a 3 ans, Beatume l’année dernière et S4P cette année.

Théo : Comme l’a dit Tanilo, à la base on est potes avant même de se lancer dans ces projets. Nous avons un cercle d’amis large avec des compétences spécifiques très variées dans le domaine de l’audiovisuel, de l’animation socio-culturelle, du graphisme… Cela faisait plusieurs années que nous envisagions timidement de mettre en place des projets autour du hip hop, faire des évènements etc … sans vraiment se lancer ! L’année dernière nous avons enfin lancé l’asso Beatume qui a impulsé une dynamique de travail. Cela s’est concrétisé avec le lancement de TéléFreestyle. qui nous a permis de nous faire identifier par notre entourage et auprès de quelques artistes. Ensuite, nous avons souhaité rassembler les compétences de nos proches autour d’un projet commun.  C’est donc très naturellement que Beatume, HDO et ensuite S4P se sont lancés dans NOX.

Comment avez-vous envisagé votre collaboration tout en respectant l’identité de Beatume et HDO et du Studio 4 Points ?

Corry-S : Pour moi le projet s’est construit autour de ces identités, pour Beatume le côté convivial, proche du public et des artistes développés avec le TVF et les Opens Mics, pour HDO la technique audiovisuelle et toute la mise en scène autour du thème de l’ombre présent dans leur série de freestyles, et pour S4P leur capacité à s’approprier les images pour penser une direction artistique pour chaque épisode.

Tanilo : Les trois collectifs ont des identités similaires, on partage des valeurs communes de base ! On est dans le partage au sens large, que ce soit chez Beatume, HDO et S4P, on travaille en collectif. Quand on transpose ça au niveau des compétences, ça devient tout simplement un partage de compétences.

A cela s’est ajouté un considérable travail autour de la communication du projet et de l’identité graphique de NOX. Comment avez-vous travaillé là-dessus ?

Théo : Concernant la communication, nous avons imaginé une stratégie de communication avant même le tournage afin de ne pas passer à côté du contenu, et nous la peaufinons depuis. Nous avons été aidés par Léa Charbonné (spécialiste en communication) pour finaliser tout ça. Pour l’identité graphique, je laisse Tanilo continuer.

Tanilo : Pour l’identité graphique, on a pu compter sur une force de frappe conséquente, chez S4P nous sommes quatre ! Après avoir fait le planning de la stratégie de communication, S4P savait sur quoi travailler. Pour la faire simple : on a bossé sur une identité globale du projet, puis ensuite chaque membre du studio s’est approprié un épisode. Ensuite il s’agit de transposer notre travail sur les autres contenus (supports pour les réseaux, habillages vidéo, photos…)

Comment caractériser en quelques mots cette identité ?
Corry-S : NOX c’est une sorte de bulle où le temps s’arrête. Des visages en lumière dans l’obscurité, de la musique pour rompre le silence et selon les artistes le résultat n’a rien à voir. Ce moment, cette bulle, est donc propre à chaque épisode et c’est cette alchimie qu’on est venus montrer.

Tanilo : Comme dit Corry, chaque épisode a une ambiance totalement différente, donc chaque épisode a une identité propre… NOX a donc une multitude de facettes et personnalités, NOX c’est une évolution mystérieuse.

Rentrons dans le vif du sujet et décrivez-nous chacun, en une phrase ou deux, ce que Nox représente pour vous ?

Théo : C’est la mobilisation de plusieurs personnes, plusieurs compétences et plusieurs identités artistiques, autour d’un seul projet commun : NOX. C’est aussi de créer un espace de liberté artistique et de rencontre où les artistes se sentent à l’aise pour partager leur art.

Corry-S : Comme dit Théo, NOX c’est le fruit de bonnes rencontres qui prouvent qu’on peut se donner les moyens de créer un contenu de qualité qui rassemble les gens même quand on a pas le budget ahah.

Tanilo : NOX c’est la mise en avant des jeunes créatifs d’aujourd’hui, ceux qui avancent ensemble et de la bonne manière, avec du temps, du talent et du travail.

En réunissant une multitude de rappeurs et de personnalités différentes, quelle est votre ambition avec ce projet ?

Tanilo : Je pense que pour les trois collectifs, il s’agit de se placer en tant qu’acteurs du milieu rap parisien, et je pense que c’est déjà une ambition de base, il y a énormément de choses qui se passent en ce moment, en ressortir est l’objectif.

Théo : Nous préparons déjà la suite, travailler autour de ce projet nous donne l’envie de faire encore plus ! L’objectif des prochaines années sera de se professionnaliser dans le domaine, surtout pour pouvoir vivre de ça et investir plus de temps dans ces projets. Nous sommes plusieurs à nous définir comme des “enfants du rap du début des années 2010”, et nous avons aussi comme ambition avec Nox de faire revivre ces formats de long freestyles conviviaux.

HDO, on vous avait découvert avec vos deux séries de freestyle, en quoi ce projet se différencie de vos premières expériences ? (visuellement mais aussi humainement, musicalement…)

Corry-S : Lorsqu’on a monté HDO on était encore à l’INA* pour nos études, on avait le matos, les studios à dispo pour l’enregistrement et le tournage etc.. Pour ce projet on est avec notre matos perso dans mon appartement ahah. Sur les premiers tournages d’HDO, on était trois avec Bastayann et Utopia. Sur NOX on doit être plus d’une vingtaine. Avec les cours, l’alternance etc.. c’était compliqué de s’occuper des droits, de la com, de gérer à la fois la technique et l’accueil des artistes, on n’avait pas prévu de vrai moment de rencontre faute de temps…
Puis sur nos deux premières saisons un seul artiste apparaît à l’écran, c’était beaucoup moins live, beaucoup moins interactif, les rappeurs venaient avec leurs textes, rien n’était improvisé. Sur ce point NOX est beaucoup plus vivant.


*Institut National de l’Audiovisuel

On retrouve dans vos invités quelques rappeurs passés par TéléFreestyle ou les open-mics organisés par Beatume mais il y a aussi de nouvelles têtes ! Comment êtes-vous allés chercher de nouveaux artistes ?

Théo : La mise en place de Nox a été très rapide. Donc, la recherche d’artistes aussi ! Nous avions 2 semaines pour trouver une trentaine d’artistes disponibles aux dates de tournage, un vrai défi ! Notre seul critère de sélection était d’avoir des artistes qui ont déjà sorti des projets et avec une identité artistique propre à eux (musical et sonore). Par la suite, nous avons contacté énormément d’artistes que nous apprécions, mais pas forcément que nous connaissions. Nous avons pu nous appuyer sur les différentes rencontres lors des open-mics ou bien TéléFreestyle, mais aussi sur nos connaissances personnelles. Le gros casse-tête était de caler les artistes sur les bons jours de tournage afin d’avoir une cohérence artistique pour chaque épisode. Car je le rappelle, une des spécificités de Nox est que les artistes ne se connaissaient pas forcément avant le tournage !

Il y a la notion de partage et de convivialité qui vous semble importante et nécessaire. Comment cela s’est-il caractérisé sur le tournage ?

Théo : Le partage et la convivialité sont au cœur de notre projet et nous souhaitions que les artistes se souviennent de leurs passages à Nox ! Nous avons imaginé chaque jour de tournage en prenant en compte ces aspects. Les artistes arrivaient en début d’après-midi, nous les accueillions autour d’un café, afin de créer un espace de rencontre convivial avant de commencer la session de freestyle. Après le freestyle, nous proposions un apéro pour que les artistes et les membres échangent et continuent de se rencontrer après ce moment intense . 

NOX, ce n’est pas seulement une série de freestyles vidéos mais aussi pleins d’autres formats. Vous pouvez nous en dire un peu plus ?

Tanilo : En effet, on a un épisode qui réunit plusieurs artistes, et des contenus annexes à l’épisode qui viennent développer l’expérience : des interviews, des photos, des making-of… et tout ça dans l’intention qui reste inchangée : mettre en avant tous les participants au projet !

Corry-S : Sur NOX les artistes sont dans l’instant, dans le réel. Cette boîte noire nous embarque dans leur univers. Ça nous paraissait normal de permettre aux gens qui les découvrent avec NOX de pouvoir mieux les connaître.

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