Interview : Palas – Toumaï

Rencontre avec Palas à l’occasion de la sortie le 14 avril de son nouvel EP “ Toumaï “, discussion autour de ses premières mixtapes, la signification de ce nouveau projet, et de sa vision.

Notes Urbaines : Tout d’abord, pourrais-tu te présenter ? 

Palas : Je m’appelle Palas, 19 ans, rappeur de la région parisienne. J’ai toujours eu ce goût pour l’écriture depuis que je suis petit. La musique est venue peu de temps après, c’était un exutoire puis une passion.

Au début, je n’étais pas impliqué sérieusement dedans, mais au fur et à mesure grâce à des rencontres décisives, j’ai réussi à enchaîner quelques sons et 2 petits projets en étant à 100% concentré dessus. J’essaye de mettre en place un univers et un vrai plan de carrière. Si j’arrive à amener les gens dans mon délire, je pense que pas mal de gens pourront s’identifier. 

Palas / Crédit : Palas

N.U. : Quels ont été tes premiers contacts avec la musique ? 

P. : Il n’y a pas vraiment de culture musicale chez moi, cela s’est fait plutôt grâce à mes sœurs qui m’ont mis ce qu’elles écoutaient dessus. J’ai pu écouter 50Cent, Asap Rocky, Bob Marley, et Nirvana (…) J’ai toujours écrit des histoires ou scénarios depuis que je sais écrire. Quand j’ai commencé à faire du rap, c’était comme découvrir un super-pouvoir de fusionner cet amour de l’écriture au rythme musical. 

N.U. : Pourrais-tu me citer 3 artistes / œuvres qui t’ont aidé à te construire en tant que rappeur

P : 

  • XXXTentacion, j’ai adoré voir un jeune arrivé avec une forte identité musicale 
  • PNL, les 2 rappeurs ont guidé ma vision du rap et l’importance d’avoir un univers
  • Bob Marley, un des artistes que j’écoute depuis longtemps. 
XXXTentacion / Crédits : Hip hop corner

N.U. : Comment as-tu construit ta première mixtape le Jour d’avant ? 

P. : L’objectif majeur de cette mixtape était de sortir quelque chose que je n’entendais pas, donc sortir quelque chose qui vient de moi. Je voulais aussi mettre un point final via ce projet à ma précédente façon de travailler avec mon home-studio dans ma chambre. Il a été fait à 100% dans ma chambre. Dans cette mixtape mixée par Pushk , il n’y aucun feat, c’est un vrai parti-pris car que je voulais sortir de la musique venant entièrement de moi. Dessus, il y a un peu de tout avec des prods très expérimentales.

J’ai essayé de me tourner vers des sonorités qu’on n’entend pas ici, je pense à la guitare électrique que tu peux entendre dans Veni Vidi Vici. J’ai voulu au maximum m’émanciper de la tendance actuelle du rap français, j’espère avoir réussi ma mission avec cette mixtape. 

N.U. : À travers l’EP solo à deux, pourrais-tu nous parler de ta relation avec VDM, ton acolyte de toujours ? 

P. : On se connaissait de vue grâce à des freestyles dans mon quartier. Plus tard à la rentrée, on s’est retrouvé dans la même classe. J’avais décelé chez lui une fibre artistique. Il m’a montré ses sons, ses vidéos et on a commencé à travailler ensemble sur un clip qui s’appelle “ Regret “. Dans la vie comme dans le son, on ne s’est plus lâché.

Ce projet est arrivé tard par rapport à notre histoire commune. On a commencé à aller au studio il y a 2 ans. Avant ça, on faisait le truc un peu à l’arrache en enregistrant avec des micros de mauvaise qualité et des templates bizarres (rires). Pauline Reynaud de RedBull nous a invité au Red Bull Studio, on en a profité pour faire notre projet en deux jours, on a été sur productif. Concernant le projet, je suis heureux qu’on ait pu montrer l’alchimie entre nos deux univers mélangeant l’harmonie, la mélancolie. Ça a été super facile de bosser avec mon frère VDM ! 

N.U. Avançons dans le temps et parlons de ce nouvel EP “ Toumaï “, comment s’est passée la création et quelle est la signification derrière ce titre ?

P. : Toumaï est un nom de projet qui s’inscrit dans mon plan de carrière. Ce nom signifie : espoir de vie en langue gorane (une des langues du Tchad) C’est le nom du premier homme sur terre, derrière cela il y a aussi celui de rescapés de la sécheresse, j’ai bien aimé cette référence puisque je suis après la canicule 2003. Les prochains noms de projet sont en accord avec celui-là. 

Par rapport à ce nom, j’ai essayé de transmettre une certaine rage de vaincre que tu peux retrouver dans le terme“ Fuck cette vie “ qui est une sorte de mantra. 

On était parti avec Donguti en séminaire pour aider VDM sur son projet Agora. J’ai adoré cette façon de travailler donc j’ai décidé de reproduire l’expérience pour le mien, Toumaï. On a fait 4 sons au total dont 2 que tu peux retrouver sur le nouvel EP. Une actrice et un mon clippeur Rave sont aussi venus pour réaliser le clip De j’t’aimais. Sur Toumaï, j’ai un rôle bien à 360°, ça permet de concrétiser entièrement les idées que j’ai dans la tête. Avec Rave tous nos clips sont scénarisé pour former au final un court métrage « fuck7vie » ou je suis au scénario et à la co-réa. 

N.U. : Sur Toumaï, il y a un seul feat avec Joysad, comment s’est faite la connexion entre vous ? 

P. : On se connait depuis un moment avec Joysad, c’est un poto. On a fait le morceau en janvier sur Paris quand il est venu. Au début, on a galéré pour trouver la prod, finalement on est parti sur une prod du beatmaker Princesse, ce gars est une vraie pépite. On a fait un petit passe-passe, ça s’est bien passé, on était en détente, bon petit son  !

N.U. : Depuis le début de l’interview, je ressens que tu as un vrai plan de carrière défini, d’où vient cet aspect visionnaire chez toi ? 

P. : Ça vient de mon éducation. J’ai toujours eu ce côté créatif mais il était un peu bridé par la discipline que je pouvais avoir dans ma vie et dans le sport (judo, tennis, football). Cette rage vient du passé, de ce qui s’est passé.  Cette rage me dit que je dois le faire, je n’ai pas le choix. 

N.U. : Quels sont tes projets pour la suite ? 

P. :  Comme je l’ai dit précédemment, j’ai déjà les noms de la suite d’EPs qui complétera la trilogie d’EP qu’on vient de démarrer avec Toumaï. Je sais déjà aussi ce que je veux y mettre. Au-delà de faire de la musique, je veux vraiment transmettre un univers. Ma musique, je veux qu’elle soit une thérapie pour les gens comme elle est pour moi. Des gars comme XXXTentacion m’ont fait cette impression, j’essaye de le réaliser à mon échelle. 

Dans tous les cas, je suis quelqu’un de déterminé, je ne vais rien lâcher et je pense pouvoir apporter ce truc en plus 

Palas / Crédit : Palas

N.U. : Pour terminer la question Notes Urbaines, pourrais-tu me donner un coup de cœur ciné/série, sport, et musique ? 

P. : 

  • Sport : En ce moment je suis à fond dans le basket. À un moment dans le projet, j’ai une phase sur Ja Morant “ Next gen à la Ja Morant “. J’adore l’extravagance chez les sportifs malgré que ça se perd avec le temps. Il amène une fraîcheur que je veux être dans le rap. Il n’a pas peur d’être qu’il est. 
  • Musique : XXXTentacion, c’est un peu un Ja Morant (rires) 
  • Cinéma : Creed III, j’ai vu le 3ème volet récemment. Le premier m’a donné à chaque fois une vraie détermination avant chaque match. Je pense que c’est un des films que j’ai le plus vu

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