Le p’tit film #4

The Great Buddha +

Unique long métrage de la filmographie de Huang Hsin-Yao, The great Buddha + est un film taïwanais sorti en 2017. À la frontière de plusieurs genres, entre le drame et la comédie noire, The great Buddha + a connu un grand succès lors de sa tournée en festival mais n’a pas pu être diffusé en France, certainement car il s’éloigne un peu trop des codes culturels français.

Le film raconte l’incroyable aventure de trois loosers Taïwanais qui vivent au jour le jour dans leur province, bien loin de la fameuse richesse de l’île. C’est cela qui nous saute aux yeux lors des premières minutes du film, une île de Taïwan comme on ne l’a jamais vue, pauvre, dépeuplée, inégalitaire.

Le film raconte donc le quotidien de Belly Bottom et Pickle. Le premier est éboueur tandis que le second garde la résidence d’un riche propriétaire d’une entreprise qui construit des statues de Bouddha. Chaque nuit, les deux loosers se rejoignent pour manger ensemble, se raconter des potins, regarder des magazines pornos, bref s’occuper comme ils le peuvent… Un jour Belly Bottom a l’idée de jeter un coup d’oeil à la dashcam du patron, la caméra fixée à l’avant de sa Mercedes. Lors des visionnages, les deux hommes font plusieurs découvertes qui changeront à jamais leur destin.

À l’origine, le film est un court métrage réalisé en 2014, The Great Buddha. Sur un coup de tête le réalisateur a renommé son long métrage en ajoutant un simple “+”, en référence à l’Iphone 6+ qui sortait la même semaine… On vous rassure le long-métrage fait preuve de plus d’imagination que cette anecdote. C’est d’abord la direction artistique empruntée qui fait l’authenticité du film : le nom des personnages cités plus haut (auquel s’ajoute Sugar Apple, le troisième protagoniste), le magnifique noir et blanc utilisé à l’image ainsi  qu’une mise en scène minimaliste et soignée qui met parfaitement en valeur les paysages taïwanais,…

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crédit : filmlinc.com

Le film emprunte plusieurs procédés narratifs et esthétiques originaux pour se distinguer du cinéma taïwanais traditionnel. D’abord, la présence de son narrateur omniprésent en voix off : son regard omniscient égaie la curiosité du spectateur et nous fait souvent rire jaune. Il accompagne une esthétique noir et blanc qu’il ne manque pas de modifier lorsqu’il le souhaite (sur les plans de dashcam et autres détails qu’on vous laisse découvrir). Le rythme assez lent du film et volontairement haché met en valeur une forme d’écriture peu commune où le point de vue est constamment en évolution et où les retournements de situation se succèdent.

À la manière d’un Fenêtre sur cour à l’ère du digital, The great Buddha + reprend la thématique du voyeurisme pour peindre le tableau cynique d’une société inégale où la corruption occupe beaucoup plus de place qu’on ne l’imagine. Récompensé par 19 prix dans plusieurs festivals à travers le monde, The great Buddha + est un grand film réalisé avec peu de moyens. Vous pouvez le regarder sur Outbuster : une plateforme qui offre un mois de visionnage sans engagement.

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