Le p’tit film #2

Benni

Benni, de son titre original System crasher, est un film allemand qui a reçu l’Ours d’argent au festival de Berlin en 2019. Réalisé par Nora Fingscheidt, le film devait sortir le 18 mars en France… Vous ne pourrez certainement pas le voir au cinéma mais on vous conseille de le garder dans un coin de votre tête.

Le film traite de ces enfants qui ont des difficultés à trouver un lieu d’accueil à cause de leur comportement agressif. Communément appelés des System Crasher, il n’existe pas de terme français pour les désigner. Benni, 9 ans, est une de ces enfants, sauvage, traumatisée, violente, qui enchaîne les lieux d’accueil sans jamais y trouver sa place.

Délaissée par sa mère qui n’assume pas sa responsabilité de parent, Benni est un cas d’urgence, plus aucune maison d’accueil ne souhaite s’en occuper. Presque toutes les solutions ont été envisagées et l’avenir de Benni est incertain. Une infrastructure en Afrique, solution extrême, est même mentionnée pour offrir un avenir à la petite. Finalement, Micha, un éducateur qui d’habitude s’occupe des adolescents à problèmes, décide de prendre le dossier en main et emmène Benni à la campagne. Celle-ci s’épanouie enfin pendant l’espace de quelques jours mais le voyage arrive à sa fin. De nouveaux problèmes surgissent et le système auquel elle appartient peine à lui trouver une porte de sortie.

Déboussolant, ce film lève le voile sur un sujet rarement exploité au cinéma avec autant d’engagement. Entre les 400 coups et Mommy, Benni traite avec réalisme de la difficulté que certains jeunes peuvent avoir à trouver leur place dans une société. La prestation de la jeune Helena Zengel est si bouleversante par sa détresse, sa rage et sa vérité instinctive que l’on arrive à se demander si la comédienne ne joue pas son propre rôle. Non, elle est seulement dotée d’un immense talent.

Nora Fingscheidt, pour son premier film, a fait de longues recherches et une approche documentaire approfondie afin de cerner les problèmes auxquels peuvent se confronter ces cas sociaux. Elle a également accompagné la petite Helena sur une longue enquête de terrain afin que celle-ci puisse interpréter le plus vraisemblablement possible ces jeunes en difficulté.

En caméra embarquée tout le long, le film propose une immersion totale dans ce système éducatif. Le spectateur se retrouve brusqué par cette histoire, secoué par cette véracité, ému par cette succession d’évènements qui relève toute la complexité de ce système qui tente d’accompagner et de faire de son mieux auprès de jeunes qui ne demandent qu’à être aimés. L’intention de la réalisatrice n’est pas d’émettre un jugement ou de critiquer l’une des instances de ce système mais simplement de faire un constat, de montrer que ce genre de cas existe et qu’il ne faut pas l’oublier.

Avec un petit budget de 1,5 Millions d’euros, le film a déjà traversé l’atlantique et est disponible sur le Netflix américain. Son succès en salle en Allemagne est un franc succès, environ 600.000 entrées en Allemagne. Un chiffre glorifiant pour un cinéma qui d’habitude ne soutient pas autant ses productions locales.  Fort de son succès à l’international, le film a pris son temps pour sortir en France. Exploité par Ad Vitam, le film devait sortir le 18 mars… Nous ne savons pas ce qu’il adviendra de son avenir en salle mais quoi qu’il en soit, lorsque vous le verrez apparaitre dans vos recommandations Netflix, dans votre service de VOD ou sur votre site de streaming qui tue à petit feu le cinéma…Nous vous conseillons vivement de cliquer dessus.

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