Carton Rouge #1 – Le racisme dans le football

Premier épisode de notre rubrique intitulée « Carton rouge » qui reviendra chaque mois sur un événement marquant de l’actualité sportive. Pour mars, le racisme dans le football.

Victime de cris racistes lors de la rencontre Porto – Guimarães le 16 février 2019 en Liga Nos, championnat portugais, l’attaquant de Porto, Moussa Marega a quitté le terrain après avoir été retenu de longues minutes par ses coéquipiers, son entraîneur et les joueurs adverses. Un acte fort dans un football gangréné par le racisme dommage que (comme souvent) personne n’ai suivi la démarche. Le comportement de Marega est selon moi la marche à suivre pour chaque joueur victime de racisme. Cependant lorsque le joueur victime de racisme quitte le terrain, il est souvent sanctionné. Marega a pris un carton jaune et Muntari en 2017 suspendu par la Ligue Italienne suite à sa sortie de terrain. Mais pour  combattre vraiment le racisme, il faudrait que tous les joueurs quittent eux aussi la pelouse. La conscience ne doit pas être individuelle, mais collective.   

Mario Balotelli, attaquant de Brescia avait plus tôt dans la saison reçu des cris de singe à son égard de la part des supporters de Vérone. Même situation que celle de Marega, Balotelli a été retenu sur le terrain par tout le monde, cependant le buteur italien est finalement resté sur le rectangle vert après 4 minutes d’hésitation. 

Ivan Juric, l’entraîneur du Hellas Vérone en conférence de presse après le match de son équipe contre Brescia, à propos des cris racistes contre Balotelli.

« Mais aujourd’hui il n’y a rien eu. Pas un petit peu, pas une personne, rien. Dire le contraire, c’est un mensonge. Il ne faut pas raconter de conneries. C’est un joueur fantastique mais où étaient ces cris racistes ? Ne faisons pas une histoire là où il n’y en a pas.»

Il semble évident, avec ce type de réactions, que les sanctions ne sont pas à la hauteur des crimes commis. En Italie, le club de Cagliari n’est pas condamné après les cris de singe des supporters envers Lukaku en septembre 2019, et le club d’Hellas Vérone envers ces mêmes cris contre Kessié en début de saison, au mieux une amende de 20 000 € envers la Lazio Rome en janvier 2020, somme dérisoire pour un club de football. Beaucoups de clubs nient à chaque fois tout acte raciste dans leurs tribunes comme Hellas Vérone, Lazio Rome, Cagliari. 

Déclaration de Claudio Lotito président de la Lazio Rome en octobre 2019 suite aux cris racistes dans son stade “ L’expression ‘buu’ ne correspond pas toujours à un acte discriminatoire ou raciste… Je me souviens que quand j’étais petit, il y avait souvent des gens qui n’étaient pas de couleur, qui avaient la peau normale, blanche, à qui on faisait ‘buu’ pour les pousser à manquer quand ils arrivaient devant le gardien ” 

La situation commence à devenir récurrente en Italie, mais aussi dans l’Europe entière : Ukraine, Espagne, France. Cependant rien ne semble vraiment bouger. Et quand la ligue italienne veut légèrement faire avancer les choses. Quoi de mieux qu’une peinture de Simone Fugazzotto représentant trois singes dans sa campagne contre le racisme. Étrange manière de combattre ces maux. 

Communiqué de l’AS Roma via Twitter suite à la campagne anti-racisme de la Ligue italienne en décembre 2019 “ L’AS Rome est très surprise de voir aujourd’hui sur les réseaux sociaux des singes peints sur des tableaux dans ce qui semble être une campagne de lutte contre le racisme lancée par la Série A. Nous savons que la Ligue veut combattre le racisme, mais nous ne croyons pas que cela soit le bon moyen de le faire. ”

L’attaquant de l’Inter Milan, Romelu Lukaku a subit de nombreux chants racistes depuis son arrivée en Italie. Crédit photo : AFP

Aujourd’hui les caméras et autres outils technologiques peuvent permettre d’identifier clairement les personnes du stade ayant commis des actes racistes. Les ligues ou clubs, surtout en Italie, n’appliquent aucune réelle sanction envers certains groupes de supporters, les ultras, sous peine de s’attirer leurs foudres et ne plus les voir au stade. Une absence pouvant avoir un vrai impact économique.

En France, la LFP (Ligue professionnelle de football) a été plus virulente en quelques semaines en début de saison 2019/2020 pour éradiquer toute bannière des supporters à caractère homophobe que pour s’occuper du racisme dans les stades. Une campagne retentissante qui fut soutenue par certains médias et le gouvernement. Cependant ce deux poids deux mesures pose de réelles questions. Pourquoi la LFP ne gère t-elle pas tous les crimes avec la même implication ? Les actes homophobes seraient-ils plus graves que les actes racistes pour la LFP et l’Etat ? Des questions sans réponse même si le contexte actuel nous indique déjà un début de réponse.

Quant à l’UEFA, la plus grande instance européenne de football, elle combat le racisme à coup de spots publicitaires. Les stars du football comme Messi, Cristiano, Pogba, Neymar, Salah y apparaissent et répètent tour à tour « Say no to racism ». Alors oui, les vidéos sont très belles mais ont-elles réellement l’effet escompté ? Les paroles c’est bien mais les actes c’est mieux. De réelles sanctions pourraient être données comme une interdiction temporaire de participer aux coupes européennes, un retrait de points, des amandes économiques.

Aux instances nationales et européennes de prendre leur responsabilité, mais le veulent-elles vraiment ? C’est à se demander à qui donc profite le crime.

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