Interview : Skob & Nubesan

À l’occasion de la fin de la deuxième saison de la Korner Ligue, rencontre avec les deux finalistes Skob et Nubesan qui se sont livrés une bataille acharnée durant toute la compétition. 

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Notes Urbaines : Tout d’abord, présentez-vous 

Skob : Je m’appelle Skob, j’ai 23 ans. Je rappe depuis le lycée. J’appartiens à deux collectifs regroupant des gens du 91 : Le prestige et PNBS. Mon premier projet “ Soul Kids make Original Brothers “, un double EP (Soul Kids / Original Brothers) est sorti fin 2019. Durant le confinement, j’ai réalisé “ Projet confinement “, le principe était de publier un son par jour sur internet. Le public y a été très réceptif. À la fin, j’ai fait un best-of des meilleurs morceaux pour ensuite le poster sur les plateformes de streaming. Puis pour le deuxième confinement, j’ai fait “ Projet confinement  2 ”, mais cette fois-ci avec un concept différent. Je postais sur Instagram deux freestyles de moins d’une minute par semaine. Actuellement je travaille sur le prochain projet. 

Skob, le gagnant de la saison 2 de la Korner Ligue

Nubesan : Je m’appelle Nubesan, j’ai 27 ans, je rappe aussi depuis le lycée. Je fais parti de 3 collectifs : La galaxie No ID music, mes frères; la Wave Coast, ma famille de Tours et le dernier Stackola, qui réunit des artistes ayant participé à des open-mics, concours auxquels j’ai aussi participé. J’ai sorti un EP “ Super Tranquille “ en 2016 dispo sur Bandcamp. La vie a fait que je me suis moins mis dans la musique. Là j’arrive fort avec un projet 15 titres “ Inazuma “ qui était initialement prévu pour 2020, mais le covid a niqué mes plans comme un peu pour tout le monde (rires)

Nubesan, le finaliste de la saison 2 de la Korner Ligue

N.U. : Comment vous est venue cette passion pour le rap ? 

S. : Au début je n’écoutais pas du tout de musique. C’est à partir du lycée que j’ai commencé à écouter du rap via Flatbush Zombies, Asap Mob. Ensuite je me suis mis au rap français.

N. : J’étais loin du rap à la base, j’écoutais plus du punk avec des groupes comme Linkin Park. À l’époque, ils réalisaient plusieurs featurings avec Jay-Z comme Encore. Au lycée, j’ai un pote qui m’a fait ma culture rap en me faisant écouter du Black Kent, La Fouine. (…) Pendant les vacances d’été, à la Réunion, je m’ennuyais alors j’ai mis des prods et j’ai noirci le cahier (rires) 

N.U. : On vous a connu grâce à la Korner Ligue, qu’est-ce qui vous a poussé à y participer ?  

N. : Je connaissais la Korner Ligue par le biais de Vova, un ancien participant. Durant la Home Sweet Home (évènements de freestyle), Jiro était là. Il m’a expliqué le concept. (…)  J’ai participé à beaucoup de concours et open-mics comme les End of the Weak, Ready or Not ; dedans il y a un fort esprit de compétition. Tu dois écraser l’autre par ta technique et tes qualités de rappeur. Ça été des expériences qui ont vachement forgé celui que je suis actuellement. 

Par la suite, on a beaucoup discuté avec Jiro sur les réseaux sociaux. Avec le confinement qui arrivait, l’envie de remettre à freestyle, je me suis lancé dans l’aventure de la Korner. 

S. : J’avais déjà fait des concours sur insta mais je n’avais pas aimé l’ambiance. C’était un peu bizarre…. Jiro m’a expliqué le concept et j’ai directement adhéré.

Crédit photo : Korner Ligue

N.U. : Est-ce que la Korner vous demandait beaucoup d’investissement dans votre vie personnelle ? 

S. :  Pour être honnête, j’avais oublié que ça durait 2 mois et demi au début (rires) Au commencement de la compétition, je faisais mes petits freestyles tranquillement. Quand j’ai vu le niveau des autres participants, j’ai décidé de m’y mettre sérieusement en écrivant mes textes à l’avance. 

N. : C’était compliqué car j’avais mes cours à la fac en même temps. Ensuite, le confinement a permis d’avoir un peu plus de temps libre pour s’investir dans la compétition. En plus, j’aime bien faire les trucs à la dernière minute. (…) Quand t’es à plein temps dedans, ça va. Mais quand tu dois jongler entre plein de trucs, c’est chaud !

N.U. : Et quels sont vos retours sur l’expérience de la Korner Ligue ? 

N. : C’était de la merde (rires) ! Non, jamais, je déconne ! Que des retours positifs avec surtout le fait de participer à un évènement où on te juge à ta propre valeur. La compétition crée des connexions. Durant tout le tournoi, il y a toujours eu un bon relationnel entre les participants, le public, et les organisateurs. 

T’as aussi l’égo qui intervient. Le rap, c’est une compétition. Tu ne peux pas montrer la moitié de tes capacités.

Nubesan

En tant que rappeur, ça m’a permis de développer des choses artistiquement. Et humainement parlant, les gars de la Korner, c’est des reufs maintenant. 

S. : Ce qui change par rapport aux autres concours sur insta, c’est vraiment la connexion entre les rappeurs. Dès le début, tout le monde se parle en DM et s’envoie de la force sur les réseaux. En terme de rap, tu progresses sur tous les points. Tu dois essayer de mettre tout le monde d’accord. 

N. : T’as aussi l’égo qui intervient. Le rap, c’est une compétition. Tu ne peux pas montrer la moitié de tes capacités. 

N.U. : Qu’est-ce qui a été le plus dur durant la compétition ?  

N. : La rigueur ! Il fallait jongler entre la Korner et les études. Quand je suis focus sur le rap, j’y suis à 100% donc parfois j’étais en retard sur certains trucs (rires) En vrai, ça m’a permis de mieux m’organiser et de prioriser certaines choses. C’était sportif !

S. : C’était compliqué de garder le rythme et d’avoir une cadence régulière. T’as aussi une espèce de frustration où tu te dis “ j’aurais pu faire mieux “. 

N.U. Pouvez-vous nous parler de vos projets respectifs sortis en 2020 ? 

S. : J’avais déjà sorti mon premier projet composé de 8 sons parmi tous ceux que j’avais écrit durant 2-3 ans. Après sa sortie, il fallait donc que je reparte à zéro. Je me demandais si j’allais réussir à faire mieux. Ensuite, il y a eu le confinement, j’ai senti que c’était le moment de faire un truc, alors j’ai sorti un son par jour sur Youtube et Soundcloud. Pour le deuxième confinement, je voulais vraiment cibler Instagram pour essayer de faire grandir la communauté et tout. Ça m’a permis de m’émanciper, j’allais à l’instinct avec la vibe que j’avais sur le moment, et hop j’enregistrais par la suite. 

N. : J’ai sorti Hokumo Story pt.2, un projet en duo avec mon deuxième groupe de la Wave Cost l’année dernière. J’étais parti à Tours pendant une semaine pour enregistrer avec mon gars, Dontore. On a pu faire beaucoup de sons et réaliser 2 clips. 

N.U. : Skob, peux-tu nous parler de l’expérience NOX ? 

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S. : Nox, on a tourné ça l’été dernier. Je connaissais Hommes de l’ombre puisque j’avais déjà travaillé avec eux en 2019 sur un freestyle filmé avec des jeux de lumière. Ils ont pensé à moi pour Nox. C’est un peu comme Rentre dans le Cercle mais avec une ambiance vraiment spéciale par les lumières et les micros suspendus. 

N.U. : Nubesan, d’où vient cette passion pour le Japon ?

N. : C’est toute ma vie ! J’ai commencé par les mangas, et au fur et à mesure, je me suis intéressé à la culture japonaise. J’adore le mélange entre la modernité et la tradition chez eux. Au Japon, tu peux autant voir les technologies les plus modernes comme des temples anciens. C’est aussi ce que j’essaye de retranscrire dans la musique, en étant actuel sans oublier les bases. La culture japonaise m’accompagne depuis que je suis petit, elle m’a énormément influencé. Je rêve d’aller au Japon après le confinement !

N.U. : Vous vous êtes affrontés lors de la finale de la saison 2 de la Korner Ligue, comment s’est déroulé la finale pour vous ?

N. : Durant le championnat, j’avais gagné tous mes matchs sauf le dernier contre Skob mais à la fin j’ai quand même terminé premier au classement général.  

S. : J’ai fini deuxième parce que j’avais fait plein de matchs nuls.

N. : Comme je gagnais tous mes matchs, tout le monde voulait ma peau, ma tête était mise à prix (rires). Ça a renforcé ma motivation. Au final à la journée 9, le match était serré entre nous. 

S. : Je l’ai aussi ressenti comme ça, puisque Nubesan était peut-être trop serein grâce à ses précédentes victoires. Sachant que c’était la dernière journée, j’ai vraiment voulu tout donner. 

N. : La sérénité, c’est un rôle que je me donne, je suis tout le temps dans le stress (rires) ! Après cette défaite, j’étais dans un mood où il fallait qu’on se retrouve en finale. Ça a été un gros match ultra serré, mais Skob a mérité sa victoire. 

N.U. : Chacun pourrait-il me donner les forces de l’autre ?  

S. :  Avec Nubesan, j’ai l’impression que c’est instinctif. Il a une certaine aisance en termes de flow et de rimes. Je trouve que tout est simple pour lui. À contrario, je me prends énormément la tête sur des petits détails. Il arrive aussi à enchaîner des mélodies après un couplet très rapé, c’est un élément que j’admire chez lui. 

Pour l’adaptabilité, c’est parce que je ne sais pas encore vers quoi j’ai envie d’aller. Je peux aller sur plusieurs styles, c’est un peu ça les projets Confinement.

Skob

N. : Pour Skob, c’est l’adaptation dont il fait preuve. Il est très constant dans sa technique et ses textes. Il arrive toujours à surprendre. Je vais te prendre l’exemple du match où il m’a battu sur un type beat Jul. Il a réussi à avoir tellement de flows différents en seulement 60 secondes, c’était trop ! Je pense qu’on est issu de la même école multi-syllabique, flow rapide. Après il a plus de rigueur par rapport à moi, quand tu vois les EPs Confinement, les freestyles par semaine, etc… 

S. : Justement pour l’adaptabilité, c’est parce que je ne sais pas encore vers quoi j’ai envie d’aller. Je peux aller sur plusieurs styles, c’est un peu ça les projets Confinement. Nubesan, t’as déjà trouvé ton truc et c’est le rap. Quand t’es dedans, tes flows glissent !

N.U. : Notre site parle de sport, musique et de cinéma, pour la dernière question, pourriez-vous me donner un son du moment, un sportif et un film que vous appréciez ?  

S. : Sportif, j’y connais rien du tout mais je me suis mis aux échecs grâce à la série le jeu de la dame donc je vais casser les codes et te citer Bobby Fischer, le joueur américain d’échecs. Concernant le film, je vais choisir mon film préféré : American Duty. En son, ça sera MYSTR J.O.S, le dernier EP de Josman

N. : Pour le film, c’est BlacKkKlansman, l’histoire d’un flic noir américain qui infiltre le Klux Klux Klan dans les années 80. Un sportif, pfff …. Ah si, je dirais Kobe Bryant pour le parcours. Et un son, celui qui me vient en tête, c’est Tears Sweat and Blood de l’artiste DC de la scène anglaise.  

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