Korner Ligue : ” On est un vrai championnat, c’est réducteur de nous assimiler seulement à un concours de freestyles “

La Korner Ligue est une compétition de freestyle entre 10 rappeurs. Avec déjà 2 saisons à son actif, ce tournoi se démarque des autres de part son déroulement en saison régulière puis playoffs, et son originalité (thème, prod, mots imposés aux rappeurs). Aujourd’hui, rendez-vous avec Jiro, l’un des fondateurs de la Korner League pour en savoir plus sur la compétition. 

N.U. : Premièrement, pourrais-tu te présenter ?

Jiro : Je m’appelle Jiro, j’ai 25 ans, je suis étudiant en histoire. Je viens de Paris-Sud et je rappe depuis mes 13 ans. Je suis l’un des fondateurs de la Korner Ligue 

N.U. : Comment est née l’idée de la Korner Ligue ?

J : La Korner Ligue est un championnat que j’ai créé en Avril 2020, avec OA, Balik et Walid, les autres co-fondateurs. Pendant le premier confinement, il y a eu plein de concours de freestyle sur Instagram, mais ces concours récompensaient systématiquement le rappeur ayant le plus de like. Je n’étais pas forcément d’accord avec cette idée puisque parfois ça délaissait souvent des rappeurs moins connus mais plus méritants. J’ai donc décidé de créer mon propre championnat.

Avec mes potes, en deux semaines, on a pensé la charte graphique, le concept de cartes Panini pour représenter les MCs. Il fallait trouver un système qui ne soit pas seulement basé sur les likes, via les sondages pour le public, un jury permanent composé d’OA, Balik et moi ainsi qu’un jury guest qui changeait à chaque fois. Pour gagner ton match, il faut être validé par au moins 2 des 3 entités. 

(…) Nous avions aussi quelques critères comme l’attitude, les punchlines, le flow afin de noter les rappeurs. (…) Pour les guests, il a fallu démarcher les gens via les réseaux sociaux. On a eu Chris Macari pour la première saison. L’important était d’avoir des gens qui gravitent dans le milieu de la musique :  Directeur artistique, Ingés son, beatmakers, rappeurs.  

N.U. : Est-ce que ce fut compliqué de recruter les rappeurs lors de la première saison ? 

J. : J’ai fait jouer mes connaissances et mes relations. Pendant 2 semaines, j’appelais des rappeurs pour leur expliquer le concept et le déroulé de la compétition. Heureusement pour la plupart, ils n’ont pas été difficiles à convaincre. À la fin, j’ai eu les 10 participants. Pendant la compétition, il est possible qu’il y ait des aléas comme des abandons car le rythme du championnat demeure assez éprouvant avec parfois 2 freestyles à rendre par semaine. Tout le monde ne peut pas suivre cette cadence. 

N.U. : Peux-tu nous parler du déroulé de la première saison ?

J. : On a commencé en avril 2020 et on a fini en juillet. C’est un investissement pour les rappeurs. On a eu 2 abandons, mais grâce au succès de la Korner, on a vite réussi à trouver des remplaçants (Piedro et Vova). Pour la partie championnat, il y a 9 journées. Les artistes ont un thème ou des mots imposés, ils doivent envoyer leur freestyle sur une prod imposée avant une date limite. Ce freestyle est ensuite soumis au vote du public et des jurys. À chaque journée, les participants peuvent gagner des points. Au terme de ces 9 journées, les 8 meilleurs rappeurs s’affrontent en play-offs. Pour la première édition, Soul-J a gagné le tournoi contre Teva en finale. 

N.U. : Quelles ont été les bonnes surprises de cette première saison ? 

J. : Déjà le public qui est venu voter massivement, avec toujours une certaine bienveillance vis à vis des rappeurs. Il y a eu aussi de nombreuses connexions entre les rappeurs suite à la Korner. Certains ont déjà fait des feats ensemble. On a les valeurs de solidarité et d’entraide d’un collectif sans être un, exemple on a instauré dès la première saison à ce que le perdant du match partage dans sa story, celui qui l’a battu. 

N.U. : De quelle manière la deuxième saison se différencie-t-elle de la première ? 

J. : Par la couleur, on est passé de jaune à vert comme le virus (rires) ! On a aussi légèrement changé les règles. On a su identifier les problèmes de la première saison comme la VAR qui permettait au rappeur perdant de revoter le match uniquement par le public. Certains en ont abusé (rires). 

Dans la deuxième édition, le jury permanent donnait désormais des points, au lieu de juger les rappeurs sur des critères. On a rajouté des tickets d’or pour être plus connecté avec le public. On les faisait gagner via des quizz au public pendant des lives. Ces tickets permettaient au vainqueur d’attribuer des points à un des rappeurs de son choix. Ceci a pu créer de nombreux retournements de situation. Sur la deuxième saison, le niveau était plus homogène. Jusqu’à la dernière journée de championnat, on ne savait pas qui allait se qualifier pour les playoffs.

N.U. : Après le succès de la première saison, as-tu besoin d’aller chercher des participants ou venaient d’eux-même à toi pour la deuxième saison ? 

J. : On a fait un casting, mais on avait aussi reçu beaucoup de messages. À côté, on a quand même démarché des rappeurs comme Nubesan que j’ai rencontré à la Home Sweet Home. J’étais là-bas comme un recruteur (rires).  

N.U. : Quels sont les futurs projets de la Korner Ligue ? 

J. : La suite avec la Korner 3, courant 2021. On va ajouter des règles. Pour moi, la Korner Ligue est un vrai championnat, c’est réducteur de l’assimiler à seulement un concours de freestyles (…) On essaye de professionnaliser ce projet. Quand le covid sera fini, on espère pouvoir filmer et aller à la rencontre du public. On a beaucoup d’idées pour pouvoir sortir un peu d’Instagram. 

N.U. : Notre site parle de sport, musique et de cinéma, pour la dernière question, pourrais-tu me donner un artiste du moment, un sportif et un film que tu apprécies ?  

J. : Pour le sportif, je choisis Lebron James, mais bon je vais t’en donner un deuxième quand même, et ça sera Kaka, l’ancien joueur du Milan AC. Pour le film, Training Day avec Denzel, je peux le regarder tous les jours. Et enfin pour le son, Temps Mort de Booba.

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