SCH : La playlist ultime #3

La playlist ultime : Prendre un son par album de la discographie solo d’un artiste.

En à peine quelques années, SCH a totalement bouleversé le paysage du rap français avec son style et son flow uniques. Il a marqué les auditeurs grâce à des albums comme A7 ou JVLIVS. Avec 6 projets à son actif, le natif d’Aubagne dispose d’une discographie aussi soignée que complète. 

Voir aussi : Kanye West : La playlist ultime #2

A7 – 2015

Crédit photo : SCH

SCH, anciennement Schneider débarque aux yeux du grand public en 2015 avec sa première mixtape A7, le titre faisant référence à l’autoroute du même nom reliant Lyon et Marseille. Auparavant, le S avait déjà une apparition en 2014 sur RIPRO 1, la mixtape de son mentor de l’époque, Lacrim avec le morceau Millions. 

À sa sortie, A7 est un véritable raz-de-marée. Le rappeur du sud emporte tout sur sa route grâce à une savoureuse recette qui fera sa renommée. D’un côté, le SCH mafieux qui rap dur sur les prods trap de Katrina Squad, notamment sur le début de l’album à l’image du titre éponyme A7. De l’autre, le SCH classieux avec un look de baron qui crée des tubes à la pelle avec Kore comme l’incontournable Champs-Élysées et le sentimental Fusil. 

SCH se démarque très vite des autres rappeurs de son époque grâce à un univers qui lui est propre. Rien n’est laissé au hasard, tant dans la gestuelle, le style vestimentaire que le flow, les gimmicks et l’utilisation de l’autotune. Le tout s’articule autour d’un univers cinématographique à la Gomorra. 

Dès le début, le choix est cornélien pour sélectionner un seul titre du premier projet de SCH, mais A7 intègre la playlist ultime puisqu’il représente à merveille le début de carrière du rappeur d’Aubagne. Aujourd’hui A7 est la mixtape la plus vendue de l’histoire du rap français avec plus de 450 000 exemplaires écoulés. 

Anarchie – 2016

Crédit photo : SCH

“ Battre le fer tant qu’il est encore chaud “. Dans la foulée du succès d’A7, SCH revient avec Anarchie en mai 2016, seulement 6 mois après la sortie de sa première mixtape. Ce second projet reprend les mêmes ingrédients ayant fait la réussite d’A7. 

Sans Katrina Squad, mais toujours avec Kore aux manettes, le S affirme un peu plus son style en mélangeant bangers trap (Anarchie, Neuer), tubes (Je la connais, Cartine Cartier) et morceaux plus touchants (Quand on était mômes). Cette dernière partie est particulièrement développée dans Anarchie. Le rappeur fait de nombreuses références à ses parents, notamment à sa mère sur le titre Allô Maman.   

Moins marquant que son prédécesseur, Anarchie souffre de la comparaison avec ce dernier malgré une qualité globale toujours au rendez-vous. Néanmoins, ce premier album permet à SCH d’asseoir sa position ainsi que son univers au sein d’un rap français qui se renouvelle à la même époque. 

Pour ce deuxième projet du S, le dilemme est plus facile. Allô Maman remporte la palme et intègre la playlist ultime pour sa portée symbolique.

Deo Favente – 2017

Crédit photo : SCH

Un an, pratiquement, jour pour jour après la sortie d’Anarchie, SCH est de retour dans les bacs avec Deo Favente. Ce troisième projet est probablement son opus le plus varié en termes de sonorités. Cette fois-ci, les deux frères DJ Kore et Bellek se partagent la majorité des productions. Dessus, le S expérimente beaucoup à l’image de son ensoleillé comme Temps mort, de La nuit avec son aspect très chanson française avec sa guitare. 

Le rappeur double platine n’en oublie pas ses bases de kickeur. Tout au long de l’album, SCH découpe comme personne. D’abord sur l’intro Comme si, le poulain de Lacrim aime comme à son habitude soigner ses entrées. Des morceaux comme Nino Brown, 6.45i, Poupée Russe viennent garnir la réputation du grand MC qu’est SCH. 

Deo Favente marque un tournant dans la carrière et la vie de Julien Schwarzer. Durant la promotion de cet album, il apprend le décès de son père ; une perte tragique qui changera en partie la musique du S. De plus, ce second album signe la fin de la collaboration avec Kore et du rappeur d’Aubagne. Les trois projets liés à sa signature ont été livrés. Ils lui ont permis de s’établir comme l’un des grands noms du rap français. 

La nuit rentre dans la playlist ultime. Ce titre, produit par Katrina Squad est le retour entre le duo de beatmakers et SCH. Dans ce morceau très chanson française, il se livre avec mélancolie sur son père. 

JVLIVS – 2018 

Crédit photo : SCH

Libéré de son contrat avec Kore, SCH crée son propre label Maison Baron Rouge. Sur la fin de l’aventure avec son ex-producteur, le S pouvait sembler tourner en rond. Désormais, il est le seul décisionnaire de la direction artistique de ses albums. Le retour de Katrina Squad (Guilty) derrière les manettes représente un premier choix fort dans cette seconde partie de carrière de SCH. Ensemble, les deux conçoivent un nouvel univers, celui de JVLIVS, alter-ego de Julien Schwarzer (vrai nom de SCH).

Sur fond cinématographique porté grâce à la narration de José Luccioni, voix française d’Al Pacino, SCH raconte la vie d’un grand bandit méditerranéen marqué par le décès de son père, notamment via une sublime introspection sur le titre Otto. L’album est une merveille de justesse et de précision à la manière d’une sky-dweller. Tout y est bien dosé : le storytelling, les interludes, les prods traps teintés de sonorités italiennes, l’interprétation de SCH. Un court-métrage d’une vingtaine de minutes accompagne cet album. 

Sur JVLIVS, le rappeur d’Aubagne brille de mille feux dans ce nouveau personnage. Nouveaux flows, nouveaux gimmicks, nouveau look, SCH est au maximum de ses capacités. Ce quatrième projet studio conquit tout le monde et reste à ce jour le meilleur projet du rappeur marseillais avec A7. 

L’album est un no-skip, cependant de nombreux titres ressortent comme (toujours) l’intro VNTM, Otto, Prêt à partir en featuring avec Ninho, Ivresse & Hennessy, le tube du projet Le Code et l’outro Bénéfice. Le choix demeure compliqué parmi tous ces titres, mais Bénéfice s’insère dans la playlist ultime. Ce morceau de 6 min est une des outros les plus marquantes de ces dernières années pour l’utilisation de l’autotune et l’interprétation du S dessus.  

Rooftop – 2019

Crédit photo : SCH

Après avoir sorti un projet aussi complexe et travaillé que JVLIVS, SCH avait besoin de prendre du recul et de s’amuser sur ce nouvel album. Rooftop s’apparente comme une cour de récréation dans la trilogie JVLIVS. Dedans, le S part dans tous les sens artistiques et sans fil conducteur. Plus relâché, il se permet même d’inviter plusieurs grosses têtes du rap français, élément assez rare dans les albums du MC marseillais. Il croise le fer une nouvelle fois avec Ninho, mais aussi avec Rim’k, Soolking, l’italien Capo Plaza, Heuss l’enfoiré et Gims. 

« C’est un parti pris artistique. J’ai préparé une trilogie “JVLIVS”, où je livre une histoire par le biais d’un personnage, et sur le projet “Rooftop”, j’avais besoin de sortir de ce contexte très storytelling, de livrer une partie de moi, non pas par un personnage, mais par la personne que je suis »

SCH, Pure Charts, février 2020.

Sur Rooftop, SCH s’essaie à de nouvelles sonorités grâce à la virtuosité de Katrina Squad toujours présent à la production. Les tentatives se situent globalement en fin d’album avec des titres comme Super Silver Haze, Every day, Frime, Baden Baden et Ah gars. Cependant le natif d’Aubagne excelle plus sur des morceaux rap plus classiques comme Cervelle (Sch réussit toujours ses intros), RAC, et Interlude. Ce dernier est une véritable  leçon de rap, de flow et de technique du S, pour ces raisons, ce titre rentre dans la playlist ultime. 

JVLIVS II – 2021

Crédit photo : SCH

Depuis JVLIVS, chaque sortie de SCH est scrutée au millimètre. Son nom se situe désormais au niveau des plus grands du moment comme Booba, Damso, ou Nekfeu. De plus, l’année 2020 fut une année charnière pour lui. Il était l’homme des featurings (20 au total) avec des artistes allant de Jul, son compère marseillais jusqu’à Naza en passant par Bosh. Sans sortir aucun titre solo, SCH a brillé en 2020. L’aventure Bande Organisée en compagnie d’une quarantaine de rappeurs issus de la cité phocéenne a permis au S de passer un nouveau cap grâce au tube Bande Organisée.

Sur ce second opus, SCH poursuit le chemin déjà vu sur le premier. Il reprend les mêmes ingrédients : Guilty à la prod, José Luccioni à la narration, sonorités méditerranéennes, italiennes et maintenant espagnoles (Corrida). JVLIVS II se démarque du premier par moins d’harmonie globale et plus d’ouverture notamment en fin d’album avec les titres Plus rien à se dire et Mode Akimbo. Ce morceau en featuring avec Jul dans lequel il évoque le covid (“ Poto, y a l’COVID, nan, ne fume pas sur ma kush ”), élément qui sort l’auditeur de l’univers cinématographique installé par SCH malgré l’efficacité de la chanson.

Dans JVLIVS II, cette baisse d’harmonie provient sûrement du fait de la pluralité des producteurs présents sur ce projet, plus d’une quinzaine différents. Néanmoins, le rappeur marseillais a réussi à produire un solide projet dans la continuité de sa trilogie. Il a encore démontré tout son talent. Des titres comme Marché Noir et Mannschaft, celui de kickeur ; d’autres comme comme Parano ou Raisons, celui d’interprète, mais ses deux qualités se rejoignent parfaitement lors du climax de l’album, sur l’outro Loup Noir.

Quelques jours avant la sortie de JVLIVS, il avait interprété ce titre à Berlin sur le plateau de Colors Studio. Tout y est dedans : texte, références, interprétation sublimée par l’envolée de la prod d’Hood Star. SCH signe clairement l’un des meilleurs titres de sa carrière. Bien évidemment, c’est ce morceau qui entre et conclut cette playlist ultime spéciale SCH.

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