Les histoires d’amours finissent mal

“ Les histoires d’A. Les histoires d’amour. Les histoires d’amour finissent mal. Les histoires d’amour finissent mal en général ! ” Ce refrain mythique des Rita Mitsouko sorti en 1986 résonne plus que jamais aujourd’hui dans le coeur des supporters parisiens depuis le départ du meilleur buteur de l’histoire du PSG, Edinson Cavani, arrivé en fin de contrat. Retour sur l’histoire du Matador dans la capitale (2013-2020).

Un début de relation compliqué

Arrivé au Paris Saint-Germain en grande pompe pour la modique somme de 64 millions d’euros à l’été 2013, Edinson Cavani est un attaquant de classe mondiale en provenance de Naples.Toute l’Europe le veut, mais le buteur uruguayen vient à Paris pour former un duo d’attaque très alléchant sur le papier avec le grand Suédois alias Zlatan Ibrahimovic. Cependant Laurent Blanc, entraîneur du PSG de l’époque (2013-2016) va vite opter pour un 4-3-3 porté sur une forte possession de balle. Une tactique n’embrassant pas les qualités du Matador (surnom de Cavani) obligé de s’exiler sur l’aile gauche de l’attaque. 


Malgré un style de jeu pas calibré pour lui, Edi arrive toujours à marquer (81 buts sur  la période 2013-2016) comme le reconnaît son ancien entraîneur, Laurent Blanc qui le qualifiera de “ marqueur de buts ”. Cependant sur le terrain, sa relation technique avec Zlatan est inexistante. L’uruguayen réclame une place dans l’axe, mais lorsqu’il joue à son poste préférentiel, le résultat n’est pas toujours concluant comme en quart de finale retour Ligue des Champions 2014 face à Chelsea, et huitième retour face à ce même Chelsea un an plus tard ou encore en match de poule à Bernabeu en 2016.

L’amour fou 

Il faudra attendre 2016 et le départ de deux hommes forts du PSG version QSI : Zlatan et Laurent Blanc. Pour remplacer le champion du monde 1998 sur le banc francilien, Unai Emery, triple vainqueur de la Ligue Europa avec Séville vient prendre ce rôle. Avec un jeu plus direct que le cévenol, le coach espagnol compte exploiter les côtés pour créer de l’animation et faire des centres afin d’amener du danger dans la surface de réparation. Cavani va se régaler avec Emery (89 buts et 20 passes décisives en 2 saisons, 2016-2018). Il porte littéralement l’équipe parisienne à bout de bras malgré quelques performances indignes de son statut comme lors de la double confrontation en poule contre Arsenal en Ligue des Champions 2016 ou face à Metz en Septembre 2016. 

Le Matador devient progressivement le nouveau visage de ce PSG un peu moins bling-bling par la personnalité assez discrète du joueur en dehors du terrain. Les supporters vont s’attacher au caractère de l’uruguayen, après l’avoir souvent raillé pour son imprécision technique et ses loupés clownesques. Un chant lui sera même attribué par le CUP (collectif ultra parisien) qui le défendra corps et âme jusqu’à son départ. Le numéro 9 parisien va aussi passer entre les mailles du filet des critiques liées à la Remontada. Il marque sur les deux rencontres, effectue des replis défensifs comme nulle autre et a une attitude exemplaire.

Credit photo : Humanite.fr / CUP / Cavani drapeau

Un ménage à 3 difficile

À l’été 2017, Neymar et Mbappé viennent renforcer les rangs parisiens. Cavani se retrouve à partager l’attaque désormais animée par le fantasque brésilien qui préfère jouer avec le génie français plutôt que le Matador plus fort pour conclure les actions que pour combiner dans les petits espaces. La cohabitation entre les trois ressemble plus à un duo avec Cavani qui tient la chandelle des deux jeunes superstars du ballon rond. Malgré cela, Edi arrive toute de même à planter la bagatelle de 40 buts à la fin de la saison 2017/2018 et devient le meilleur buteur du club parisien la même saison face à Montpellier lors de la 23e journée de Ligue 1. 

La suite avec Thomas Tuchel arrivée en 2018 sur le banc parisien sera dans la lignée de la saison précédente puisque Cavani va être de plus en plus isolé et manquer de ballons en pointe de l’attaque parisienne dans le jeu de position prôné par l’allemand où la tactique revient parfois à laisser la balle à Neymar pour que la magie opère. 

Les blessures dues à un âge vieillissant handicapent réellement Cavani pour la première fois à Paris en seconde partie de saison. Une absence longue durée et un niveau de jeu déclinant vont pousser Leonardo de retour aux manettes de la direction sportive du PSG à recruter d’abord Icardi en prêt au mercato d’été 2019 puis en transfert définitif afin de préparer la relève du Matador. Malgré un bon retour en forme à la compétition (avant le covid-19), l’aventure de Cavani semblait déjà finie bien avant juin avec des velléités de départs lors du dernier mercato hivernal avec un transfert avorté à l’Atletico.

200 buts et une rupture par la petite porte

Face à Bordeaux, le 23 février 2020, Edinson Cavani atteint la barre symbolique des 200 buts. Il est clairement considéré comme une légende du club parisien au même titre que Susic, Rai, Dahleb et Weah avant lui. Cependant malgré un attachement fort au PSG à travers de grandes déclarations et l’amour le liant avec les supporters, le buteur sud-américain part par la petite porte. Des au-revoir en demi-teinte, Cavani n’ayant pas souhaité prolonger jusqu’à fin août et disputer la fin de la saison avec Paris, alors qu’il n’est qu’à 3 matchs d’une Ligue des Champions et 2 matchs de rajouter deux Coupes en plus sur son palmarès. Son futur contrat, sans doute le dernier en Europe reste sa priorité et rappelle à tout supporter de football que l’amour du maillot reste une chimère. Le footballeur est un employé comme un autre et sert avant tout ses propres intérêts.

L’histoire aurait dû se terminer autrement mais avec le départ de Cavani et de Thiago Silva (fin août pour le brésilien), c’est une page de l’ère QSI qui se ferme, celle de la première phase du projet qatari. Cavani restera dans les mémoires pour sa débauche d’énergie, ses replis défensifs, ses ratés et ses buts avec bien évidemment son coup franc face à Marseille, son slalom face à Bastia, ceux de la tête au premier poteau. Tant de choses qui auront fait la légende du Matador à Paris.

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