La playlist ultime : Prendre un son par album de la discographie solo d’un artiste.
Génie de la musique et de la mode, Kanye West a considérablement marqué le rap depuis ses débuts solo en 2004. Il est une légende de la musique et un des plus artistes de tous les temps par son influence, sa créativité, et son persévérance.
The College Dropout – 2004
Le premier album est toujours un exercice difficile, d’autant plus que Kanye West fut longtemps cantonné à son rôle de producteur notamment pour Jay-Z et l’écurie Roc-A-Fella malgré des envies d’une carrière de rappeur. Cependant le natif de Chicago arrive à faire entendre sa voix et débarque en 2004 avec College Dropout, aux antipodes des clichés du Gangsta rap de l’époque tant dans l’imagerie avec les oursons que dans la musique. Contrairement à ses contemporains, Kanye West n’est pas issu du ghetto et n’a jamais vendu de drogues. Il est surtout un passionné de musique et de mode au point de se faire appeler le Louis Vuitton Don.
Dans The College Dropout, on voit la patte de l’enfant du Michigan avec énormément de samples souls. Cette touche musicale était déjà présente sur de nombreux morceaux des artistes de Roc-A-Fella de l’époque produits par Kanye West.
Ce premier album regorge de hits comme All Falls Down, Jesus Walks qui permettent à Kanye de se hisser numéro 1 des ventes dès sa sortie. Cependant c’est Through the Wire qui intègre la playlist pour la symbolique et l’histoire liée à sa création due au grave accident de Ye en 2003/2004.
Late Registration – 2005
Comment faire mieux que le premier album, voici tout l’enjeu de Late Registration sorti tout juste un an après The College Dropout. Toujours dans l’élan musical de son premier opus, Kanye use de ses talents de producteur et de chef d’artiste pour servir à son public un nouveau classique. Dedans on y retrouve un Kanye déjà en chef d’orchestre en ramenant la crème de la musique US de l’époque : Adam Levine, Brandy, Nas, The Game, Cam’Ron et Jay-Z, etc…
Porté par de véritables tubes comme Hey Mama, Gold Digger ou le sublime Touch’ the Sky, Late Registration développe un côté obscur de Ye présent dans des titres comme Addiction, Bring me down.
Choix difficile pour ce deuxième album de Kanye à cause du grand nombre de classiques présents, mais son feat avec Jay-Z, Diamonds from Sierra Leone remix remporte le prix pour cette punchline légendaire d’HOV. « I’m not a businessman, I am a business, man ! »
Graduation – 2007
Avec ce troisième album, Kanye continue son ascension dans l’histoire du rap. La sortie de Graduation est accompagnée de la rivalité avec 50 cent. Le rappeur new-yorkais sort son album à la même date que Graduation avec un objectif : faire une meilleure première semaine que Ye. La personne qui vendra le moins devra arrêter sa carrière. Dommage pour le protégé d’Eminem, mais Kanye est trop fort à cette époque et réalise un incroyable score de 957 000 albums vendus en première semaine.
Musicalement et vestairement parlant, le créateur de Yeezy a un coup d’avance sur le game en se connectant avec Nigo, fondateur de la marque Bape, avec l’artiste japonais Takashi Murakumi qui réalisera sa pochette d’album, et aussi avec Daft Punk sur le tube Stronger. Comme d’habitude, Kanye innove et inonde son public de titres qui font sa légende : Can’t tell me nothing, Good morning, Flashing Lights, Big Brother, I wonder.
Avec Kanye, le choix demeure toujours cornélien et encore plus sur Graduation, cependant c’est Flashing Lights qui rentre dans la playlist pour l’influence qu’a eu ce titre sur la scène rap, notamment en France pour Nekfeu avec Égérie et pour Tortoz avec Blue Magic.
808 & Heartbreak – 2008
Changement radical de style avec l’album le plus sentimental de Kanye West. 808 & Heartbreak intervient suite au décès de la mère du rappeur de Chicago. Dans les thèmes et les ambiances, on ressent un Kanye beaucoup plus froid et nostalgique avec des titres comme Coldest Winter, Say You Will. La partie amour brisé est magnifiée dans les singles phares du projet Heartless et Love Lockdown.
En abordant des thématiques autour de l’amour, la tête pensante de Good Music se démarque encore plus du game en parachevant une œuvre unique et intemporelle par son atmosphère. L’album est moins bien accueilli que les précédents, cependant 808 & Heartbreak a laissé une empreinte incommensurable sur toute la génération suivante de rappeurs comme Drake, Big Sean qui plus tard dévoileront leurs sentiments amoureux en chanson.
Pour cet album, Heartless et Love Lockdown se disputent la palme afin d’intégrer la playlist ultime de Kanye, mais le premier l’emporte d’une courte tête.
My Dark Beautiful Twisted Fantasy – 2010
Atteindre la perfection en musique semble relever de l’impossible, de l’inimaginable ; et seuls les plus grands génies de la musique ont pu le temps d’instant toucher à ce graal. Mozart avec son requiem, Queen avec Bohemian Rapsody, Michael Jackson avec Thriller, Marvin Gaye avec What’s Going l’ont réalisé auparavant. Kanye West, génie incompris des temps modernes, a lui aussi atteint cette perfection en 2011 avec son album MDBTF. Dos au mur et rejeté par toute l’Amérique à cause du Taylor Swift gate au point de se faire insulter par le président américain Barack Obama de « jackass », Ye s’exile en voyageant au Japon, en Italie, et s’isole finalement à Hawaï pour préparer son chef d’œuvre.
Là bas, il organise un camp Rap avec les plus grands producteurs (Madlib, RZA, DJ Premier, etc…) et artistes (Jay-Z, Nicki Minaj, Kid Cudi, Raekwon, Drake, Rihanna, etc…) du moment. Chacun défile pour apporter sa pierre à l’édifice. Ce conglomérat de la musique donne MDBTF. Dedans, Kanye West a pris le soin de travailler ses textes couplés à des productions millimétrées. Ceci produit d’incroyables moments de musique comme Runaway, Blame Game, Dark Fantasy, Devil in a new dress. Les posse-cuts sont aussi au rendez-vous sur So Appalled et Monster avec une performance inoubliable de Nicki Minaj.
Pour le chef d’œuvre de la carrière de Kanye West, difficile de choisir parmi un titre mais Runaway ressort des autres pour symboliser à merveille My Dark Beautiful Twisted Fantasy tant sur l’esthétique visuelle que sonore.
Yeezus – 2013
Après une pause en solo marquée par les projets G.O.O.D Music et Watch The Throne avec Jay-Z, Kanye West revient avec un album très novateur et expérimental. Concocté avec la crème des artistes électro français comme Brodinski, Gesaffelstein et les Daft Punk, le rappeur de Chicago sort Yeezus en 2013.
Encore une fois, il prend tout le monde à contrepied en réalisant un album assez futuriste dans la teinte musicale. Kanye West propose des lignes de basses stridentes, des caisses électroniques saillantes. Le tout se lie à l’agressivité des textes de Kanye. Dans Yeezus, l’esclavage, le mercantilisme, le monde de la mode en prennent sévèrement pour leurs grades. Ces critiques sont magnifiées par les cris du mari de Kim K ou des samples de Nina Simone et de Gospel venues de nulle part.
Cet album est celui d’un Kanye ultra mégalomane. Le titre de l’album Yeezus, mix entre Yeezy et Jesus ou la chanson I am a God en attestent clairement. En tout cas, Yeezus est sans aucun doute le projet le plus surprenant du rappeur – producteur, avec une prise de risque totale. Kanye a toujours été avance, mais cette fois-ci peut-être un peu trop pour une partie du public, malgré de superbes morceaux comme Bound 2, New Slaves, Black Skinhead.
Blood on The Leaves intègre la playlist ultime, puisqu’elle représente parfaitement l’état d’esprit rageur et mégalo du designer-rappeur pendant la période Yeezus.
The life of Pablo – 2016
Pour ce septième album solo, Kanye West voit les choses en grand pour la révélation du projet. Le 11 février, il organise un défilé Yeezy / une listening party devenu(e) culte durant lequel il balance la plupart des titres de The Life of Pablo. 3 jours plus tard, l’album sort enfin sur Tidal après moult rectifications dessus.
Cependant ce léger retard de publication ne change rien à la qualité du disque. The Life of Pablo est un des meilleurs albums de Kanye West. Dès l’intro (probablement la meilleure de sa carrière) Ultralight Bleam, Ye plonge directement l’auditeur dans l’album. Le gospel et le couplet de Chance The Rapper viennent magnifier le tout. Le reste est une véritable claque auditive. Dans The Life of Pablo, Kanye West devenu papa entre temps dévoile ses états d’âme par rapport à la famille, la religion, la liberté et la dépression. Le morceau en bonus track avec Sampha demeure troublant de sensibilité et de vérité.
Comme à son habitude pour ses albums, Kanye West dans le rôle de Tony Strak réunit les Avengers de la musique. Ces derniers font un travail admirable : Kid Cudi, Rihanna, Post Malone, Desiigner alias le faux frère de Future, Kendrick Lamar, The Weeknd. Derrière les manettes, les plus grands demeurent toujours présents : Madlib, Metro Boomin, Mike Dean, Rick Rubin, Swizz Beatz.
Hormis dans la qualité incroyable de The Life of Pablo, Kanye West innove en modifiant régulièrement son album sur les plateformes numériques, il réarrange la tracklist, remplace certains feats comme sur Wolves avec l’ajout de Frank Ocean dessus, une première dans le monde de la musique. Le patron de Yeezy prouve une nouvelle fois sa capacité hors-norme à se renouveler musicalement et sur le plan marketing.
La majorité des titres aurait pu rentrer dans la playlist ultime de Mr. West mais l’intro Ultralight Beam reste un des bijoux de la carrière du natif de Chicago.
Ye – 2018
L’été 2018 fut celui de l’écurie G.O.O.D. Music. Kanye West, patron du label annonce la sortie de 5 albums de 7 titres chacun durant 5 semaines consécutives. Dans chacun des projets, il se trouve derrière les manettes soit en tant que producteur, directeur artistique ou rappeur. Pour lancer le Cruel Summer, l’ex-mari de Kim K balance son huitième album Ye, un projet concis de 7 titres réalisé dans sa ferme du Wyoming. Dedans on y retrouve un Kanye West assez intimiste, encore plus que dans The Life of Pablo.
Le titre de l’album Ye, surnom annonce la couleur. Il y expose ses tendances suicidaires, sa bipolarité et ses problèmes mentaux. Troublant de sincérité comme l’intro I thought about killing you où Kanye parle de ses envies de meurtre concernant son épouse. Cependant, Ye demeure un projet moins innovant et créatif que les précédents opus de Kanye. Son aspect très court (23 min de durée) apporte toutefois une réelle replay-value. La venue de Ty Dolla Sign, PartyNextDoor, 070 Shake amène une vague de fraîcheur au projet.
Malgré la faible quantité de titres composant Ye, la lutte est très disputée pour intégrer la playlist ultime de Kanye West entre notamment All Mine, No Mistake et Ghost Town. C’est ce dernier qui entre dans la playlist pour la performance dantesque de 070 Shake dessus.
Jesus is king – 2019
Kanye ne fait jamais deux fois la même chose. Au cours de sa carrière, le protégé de Jay-Z s’est toujours réinventé en sortant des codes de l’industrie rap. Pour son dernier album en date, le prodige de Chicago s’oriente vers un album rap-gospel. Les prémices de cet univers ont déjà été aperçus dans Ultralight Beam sur The life of Pablo et surtout durant la tournée du Sunday Service, le chœur gospel ambulant de Kanye West.
Comme son précédent projet, Jesus is King est un album assez concis, avec 11 titres pour seulement 27 minutes. Tout l’aspect religieux se ressent dans les titres, les paroles, et la musique. La chorale du Sunday Service assure parfaitement le lien entre tous les morceaux et apporte une vraie chaleur à l’album. Dans ce neuvième projet solo du designer de Yeezy, Dieu est omniprésent dessus tout comme la famille qui est aussi un autre grand thème de ce projet. En témoigne, le clip de Closed on Sunday en présence de ses proches qui reste un des clips marquants de Kanye West de ces dernières années.
Use This Gospel intègre la playlist ultime. Un feat avec Kenny G et Clipse, le duo de Pusha T et son frère devenu pasteur depuis. La symbolique de réunir ce grand groupe du rap gangsta des années 2000 est immense. Le solo de saxophone à la fin du titre rend ce morceau encore plus grandiose.
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