Interview : RAYS / SYAR

Pour cette nouvelle interview Notes Urbaines, nous recevons le rappeur montreuillois RAYS, et son co-producteur Bangaly, pour son premier EP SYAR dans lequel le jeune artiste sort de ses sentiers battus et nous livre un projet envoûtant dans lequel s’entremêlent divers facettes du rap avec une légère préférence pour l’acoustique.

Notes Urbaines : Tout d’abord est-ce que tous les deux vous pourriez vous présenter en quelques phrases ?

RAYS : Moi c’est RAYS, je suis issu des quartiers malfamés de Montreuil. J’ai grandi aux Lilas.

Bangaly : Moi c’est Bangaly, j’ai accompagné RAYS au début je suis un peu co-producteur, j’interagis dans le groupuscule on va dire. 

Crédit photo : Lolahimsa / Rays – SYAR

NU : Comment s’est faite ta connexion avec Banga ?

R : On est amis d’enfance et je ne voyais pas quelqu’un d’autre que lui à cette place. Ça me paraissait logique qu’il fasse partie de cette aventure.

B : On a eu une discussion à une soirée, où il a eu une prise de conscience sur le fait de vraiment se lancer dans le rap. Il est venu me chercher et m’a proposé de l’accompagner, de l’entourer, le conseiller. Chose à laquelle j’ai répondu présent.

NU : T’étais déjà dans la musique avant, Bangaly ? 

B : Pas du tout. On a des potes qui font de la musique autour de nous mais pas moi.

NU : Comment t’es venu la passion du rap ? 

R : C’est en grandissant un peu, j’ai toujours voulu faire des petits textes. A l’ancienne, je grattais des textes pour clasher mes potes en soirée. Je trainais et assistais souvent aux clips du groupe de rap LTF (Les Tontons Flingueurs). Leur univers me plaisait beaucoup. C’est un peu ce groupe qui m’a poussé à me mettre plus sérieusement dans le rap. J’ai toujours gratté dans l’ombre, mais c’est vrai que c’est difficile de sortir des sons écrit en soirée à gauche, à droite, il faut que ce soit un minimum travaillé. On a donc mis tous mes sons au propre et on a balancé la sauce. 

N.U :  Et à partir de quelle moment tu t’es dit que tu voulais prendre une autre dimension dans ce milieu ?

R : Moi au début je voulais juste rester sur des freestyles, parce que pour moi de base c’est ce qu’est le rap, des freestyles ou tu racontes la vie des quartiers, la vie de la rue. C’est ce qui me plaisait au départ, le fait de découper tout en racontant ma vie. Il fallait sortir des freestyles pour être légitime de sortir des sons plus mélodieux. Je ne me sentais pas de commencer avec un son du style “baby j’suis dans la zone”.

NU : Quand on écoute tes premiers singles, on voit que le style de musique qui te décrit le plus dans tes débuts, c’est la drill. Quels ont été tes influences ? 

R : J’ai vu beaucoup de rappeurs faire de la drill, et je me suis dit que c’était un style qui me correspondait dans le sens où il y a très peu de mots, je peux dire des choses fortes tout en découpant. Je me suis donc dit pourquoi pas tester, pour me prouver que je savais manipuler ce style. Ce qui me plaît dans la musique c’est cette diversité et cette possibilité de se diversifier. Me voir comme un artiste drill, c’est en partie ce qu’on voulait.

B : Moi je trouve qu’il a un style assez agressif, je lui ai dit de ne pas se limiter et d’essayer tous les styles qu’il aimait et c’est vrai que la drill lui a bien plus et lui a permis de balancer de bons bangers. En fait c’est plus de la découverte 

Crédit photo : Lolahimsa / Rays – SYAR

NU : A chaque fois vous réfléchissez ensemble sur la stratégie musicale à proposer ? 

R : Oui toujours. Le 6 décembre 2020, le premier clip est sorti. Ca veut dire qu’on avait réfléchi à la stratégie deux mois à l’avance ensemble. 

B : Il avait déjà enregistré des sons de son côté qui étaient pas mal du tout. On a enregistré une masse de sons à partir de là et on a pas forcément balancé tous les sons les plus peaufinés, on les a choisi au feeling pour voir comment la sauce prend. Finalement, la réception des morceaux lancés a été plutôt positive.

R : Les sorties se sont faites en freestyle, comme les freestyles Carte Vitale, qui ont été publiés un peu à l’oreille. On voulait de base des sorties crescendo du premier freestyle jusqu’à l’EP, qui était prévu en cours de route. Il y a eu des mois de travail sur cet EP mais ça a quand même été prévu en cours de route. On voulait kiffer avant tout, faire du son. Et étant donné que j’ai pas mal de texte, que je suis assez productif, je me mets des déter à aborder pleins de textes, pleins de flows différents, je me suis dit que c’était exploitable et qu’il fallait le faire. 

NU : Pourtant, tu sors SYAR, un projet entièrement produit par Jeune Gueule Music, dans lequel tu prends un virage vers l’acoustique pour l’ajouter à ta palette musicale, je pense notamment à l’outro (super bien maîtrisé autant sur la forme avec la guitare électrique et les violons  que sur le fond avec tes paroles sur ta vie, ta situation familiale, tes amis). Déjà comment s’est passé l’histoire autour de l’outro ? 

R : L’outro…déjà quand je l’ai écrit j’étais dans un état second. Pour écrire ce genre de musique je suis obligé d’être dans ce genre d’état. Je l’ai écrit et enregistré en one shot, parce que c’est un texte qui sort du cœur, c’était sincère et c’est pour ça que le morceau a cette saveur à l’écoute. 

N.U : Est-ce que le fait d’avoir inverser ton nom fait référence à Jaden Smith et son album SYRE, et surtout est ce que tu lui fais aussi référence au niveau de ta diversité musicale

R : Pas du tout haha (théorie tombée à l’eau, après 8 heures de complotisme), j’ai surtout voulu inverser RAYS pour faire SYAR. Mais c’est parce que pour moi la mélo et les freestyles, c’est un peu le miroir de ma vie. SYAR, c’est aussi mon reflet, tout ce qui m’a représenté, comment je vois le rap, comment je vois la vie de tous les jours. 

N.U : T’as d’autres projets que tu comptes sortir prochainement ? 

R : On va se concentrer prochainement sur les freestyles et sur d’autres sons. Il y a pas de projet concret pour l’instant mais avec tout c’est à jusqu’à la dernière minute, ça veut dire que si on sent qu’il y a un truc on peut s’y mettre. On prend notre temps étant donné que ces 6 derniers mois on s’est pas arrêté, le rythme était intense. Maintenant on a changé de stratégie de travail, un peu plus calme. Avec SYAR, on a mis la barre assez haute au niveau des visuels du coup pour l’instant on va voir comment on peut amener les prochains projets et évoluer tranquillement.  

NU : Pour finir, quels sont vos coups de coeur sportifs, musicaux et cinématographiques ?

Coup de coeur sportif

R : Moi Zinédine hein ! Moi j’suis un DZ, mon père vibrait déjà devant Zinédine, c’est pareil pour moi, en tant que joueur et en tant qu’entraineur. C’est un DZ les gars ! 

B : Moi je me suis re-mangé Nadal. C’est un monstre ! Quand je le vois jouer, je me sens pas bien. 

Coup de coeur musical

R : J’aime beaucoup SCH; c’est puissant et c’est exactement ce qu’il fait dans le rap en ce moment. Je kiffe son univers cinématographique incroyable, ses textes poignants. 

B : Et même son image est folle ! Il a une évolution de malade dans sa carrière. Quand tu regardes ses premiers clips il n’en avait rien à foutre, c’était du lourd. Maintenant c’est beaucoup plus soigné, il se fait une image, il est plus dans la mode, tout est travaillé. 

Pour moi mon coup de cœur c’est Werenoi, mon gava de Montreuil, c’est Rays qui me l’a conseillé et il est très très chaud. Il a fait une mixtape avec Kore et franchement c’est du lourd. Sinon il y aussi Central Cee avec Freeze Corleone. 

Coup de coeur cinématographique 

R : Les films Marvel, avec leur petite scène à la fin…qui fait ça ? Ils sont trop forts. Limite, je comprends pas les gens qui n’aiment pas les scènes post-crédits. 

B : Moi j’suis pas trop dans les séries et films en ce moment mais je peux vous conseiller un manga qui s’appelle Jujitsu Kaisen, un manga énervé qui parle de sorcellerie, ou ça se tape fort. Foncez dessus, 25 épisodes qui se sirotent.

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