À l’occasion de la sortie du projet Brume(s), nous sommes allés à la rencontre de Xyos, jeune producteur et chef d’orchestre d’un EP de 6 titres autour du thème de l’hiver.
Notes Urbaines : Tout d’abord, pourrais-tu te présenter ?
Xyos : Je m’appelle Xyos, je viens de Montreuil, je suis un jeune beatmaker – ingénieur son issu du collectif Fatcaps Music. Je travaille actuellement sur plusieurs projets, le mien, “Brumes” est sorti il y a quelques semaines.
N.U. : Quels ont été tes débuts dans la musique ?
X : Je suis bousillé par le rap depuis la primaire. Assez tôt, j’ai voulu travailler dedans mais je ne savais pas encore dans quoi. Dès que j’ai pu avoir mon ordi et ma carte son, j’ai commencé à faire des prods puis à enregistrer mes gars ; par la suite, je suis rentré en école de son.
N.U. : Quels artistes as-tu écouté pendant ton enfance ?
X : Comme tous les mecs de ma génération, c’était surtout La Fouine, Booba, Sexion d’Assaut. De mon côté, j’ai beaucoup écouté certains anciens comme Mac Tyer ou Kery James.
N.U. : Et du côté plus producteur-beatmaker, quels artistes ont pu t’inspirer à prendre cette voie ?
X : Le producteur ultime, c’est Dr Dre, il a révolutionné le game et à été à la base du lancement de plein de carrières. Mais quand j’ai commencé à faire mes prods, je ne connaissais pas trop les beatmakers, les influences étaient plus inconscientes. Il y en avait quand même quelques-uns qui m’avaient marqué quand j’étais plus jeune comme Richie Beats pour tout son taf avec Joke, ou Wealstarr. Désormais, j’arrive plus facilement à les repérer, en ce moment j’aime beaucoup Ikaz Boi et Johnny Ola, ils bossent sur des projets dans leurs globalités, ils ont vraiment leur patte, leur travail est très intéressant.
N.U. : Qu’est-ce que t’as apporté le fait d’être dans une école de son ?
X : Grâce à l’école j’ai pu faire pas mal de stages, passer du temps en studio, me perfectionner au niveau du rec/du mix, de rencontrer des gens dans le son… Je pense que j’ai beaucoup appris, j’aurais eu beaucoup plus de mal à réaliser le projet sans tout ça je pense.
N.U. : Comment s’est construit Brumes ?
X : C’est venu naturellement. Cela faisait près d’un an que j’avais un studio chez moi, j’y faisais du son régulièrement avec mes gars, d’abord avec les frérots de mon collectif, et ensuite avec de plus en plus de nouvelles personnes rencontrées au fil du temps. À un moment, j’ai voulu faire mon truc, j’ai tenté de rassembler le maximum de personnes de mon entourage sur un projet. (…) Tout le projet s’est fait assez vite, même si j’avais déjà l’idée globale en tête depuis un certain temps. La prod de saison hivernale a été le point de départ de Brumes. J’ai fait le reste des prods en 2 semaines, au total l’EP a été réalisé en 3 mois.
N.U. : Peux-tu revenir plus en détail sur Saison hivernale, le single et clip du projet ?
X : Ce titre est l’intro du projet sur laquelle j’ai invité 3 rappeurs de mon entourage (Wheeps, Rekkin, Taz) avec qui j’avais déjà taffé. Ils se connaissaient bien mais n’avaient jamais sorti de son où on pouvait les retrouver ensemble. J’ai pensé que ça serait intéressant de rassembler leurs trois univers sur le même morceau.
Ce morceau m’a donné la direction du projet, ensuite j’ai construit tout le reste. On a été tourner le clip à la montagne, ça correspondait vraiment au thème du son, du projet, c’était presque évident en fait.
N.U. : Quelle est ton intention quand tu associes plusieurs rappeurs ensemble sur un son ?
X : L’idée première est de créer des connexions inédites, c’est un projet de beatmaker pas un projet de rappeur, ça n’avait pas de sens pour moi d’inviter les gens un par un pour qu’ils fassent leurs sons en solo. Les prods m’ont beaucoup aidé à réfléchir sur les combinaisons à faire entre les différents rappeurs de mon entourage. L’idée des trios fonctionnait bien dès le début alors on l’a reproduit sur tous les titres de l’EP.
N.U. : Comment arrives-tu à créer une certaine harmonie dans tout le projet ?
X : J’essaye de garder la même couleur dans tous les prods. Il y a le thème de l’hiver, du froid qui ressort du projet. À chaque session, les 3 rappeurs étaient présents, on discutait de l’EP en fixant ce thème hivernal du coup ça se ressent. Tous les sons parlent de la même chose. En plus, tous les titres ont été enregistrés chez moi donc malgré leur différence, c’est normal qu’une harmonie globale soit présente.
N.U. : Comment se sont passées les séances-studios ? Donnes-tu beaucoup de directives ou est-ce une discussion ?
X : C’est difficile de te donner une réponse claire, comme à chaque fois c’est circonstanciel, tel ou tel rappeur n’a pas les mêmes besoins. Dans tous les cas, on discute toujours du son, ce n’est pas une question de diriger ou pas diriger, on fait juste de la musique ensemble ! C’est important pour moi de bien connaître les rappeurs présents sur mon projet. Si je les ai invités c’est parce qu’ ils sont tous super forts mais qu’avant toute chose j’ai autant d’estime humainement qu’artistiquement envers eux. Le rapport humain a été essentiel comme c’est mon premier projet.
N.U. : Pourquoi avoir pris la thématique de l’hiver pour ce premier projet ?
X : Ca c’est fait assez naturellement en fait. Je fais des prods depuis 2 ans et j’ai réussi à développer une sorte de patte musicale, des prods un peu planantes, un peu tristes, le genre d’ambiance que j’apprécie beaucoup dans la musique en générale. J’ai trouvé que ça correspondait vraiment bien au thème du froid, de l’hiver, on était en plein dedans, je me suis dit qu’ il y avait quelque chose à créer à partir de la. J’ai eu envie de concrétiser cette identité sur un EP.
N.U. : Peux-tu parler revenir sur l’EP Aquarium réalisé avec Rekkin en décembre 2021 ?
X : Rekkin est la première personne que j’ai enregistré à la maison. On se connait depuis le lycée, on est presque voisins, donc je le vois pratiquement tous les jours, que ça soit pour faire du son ou pas. Au moment où on fait “Aquarium” ça se passe assez naturellement, ça fait quelques mois qu’on coffre des sons, donc on se pose et on commence à réfléchir à ce qu’on fait de tout ça. On a fait une sélection qui a donné un EP – 3 titres. Il va bientôt balancer la suite d’ailleurs, il à déjà commencé une série de clips sur son compte insta faut aller checker !
N.U. : Avec les projets de beatmaker comme Myth Syzer en France ou Metro Boomin au US, la place du beatmaker a été revalorisée aux yeux du grand public, qu’est-ce que tu en penses ?
X : Je ne m’en rends pas trop compte, soit le son est bon, soit il n’est pas bon. Les gens qui s’intéressent vraiment à la musique, savent qui sont les beatmakers. Maintenant, je vois que ça se démocratise, tout le monde avec un PC peut faire du son, donc forcément, beaucoup plus de gens s’y intéressent.
Je trouve les projets de beatmakers très intéressants, à chaque titre t’as des nouveaux rappeurs mais le tout reste dans la même couleur du même producteur et cela rend le tout facilement écoutable.
N.U. : Dernièrement, on vous a vu à la Block party de Beatume avec le Brumes show, comment s’est déroulée cette scène pour toi et tes gars ?
X : C’est un putain de souvenir, une vraie expérience ! Y’avait du monde, je pense que ça nous a tous boosté.
Pour la scénographie, on était obligé de faire quelque chose comme on était trop sur scène. On a choisi l’idée de la cagoule, qui fait vraiment partie de l’identité du projet puisque j’en porte une dans les clips et sur la cover. On est arrivé en mode effet de surprise, je pense que ça a plutôt bien marché.
N.U. : Y-aura-t-il d’autres scènes dans les prochains mois avec Brumes ?
X : On en a déjà une prévue pour la rentrée scolaire 2022. On verra bien pour la suite. Il y aura en tout cas des scènes des gars de l’équipe, donc il faudra bien suivre l’actualité de chacun des rappeurs du projet. (…) De mon côté, j’ai recommencé à faire des prods, j’en faisais plus trop ces derniers temps, et j’ai envie de me concentrer sur les projets des gars de l’équipe, 2 ou 3 EPs devraient voir le jour d’ici la fin de l’année, je viens de finir les masters d’un projet qui sortira d’ici fin juin d’ailleurs.
N.U. : Question Notes Urbaines, peux-tu nous donner un coup de cœur musique, ciné et sport pour finir l’interview ?
X : Musique : Je te dirais l’album de Gros Mo, j’ai trop kiffé, j’ai pris une claque.
Cinéma : La saison 2 de Top Boy !
Sport : Je t’avoue je ne suis plus trop le sport, je n’ai pas d’idée (rires)
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