Interview : Wheeps – Bushido Élite

À l’occasion de son nouveau projet Bushido Élite sorti le 20 août dernier, rendez-vous avec Wheeps pour parler de cet EP, sa complicité musicale avec son producteur HK, et de sa progression réalisée dans le rap.

Voir aussi : Interview : Chess & Wheeps – Sunken Papers

Notes Urbaines : Quel bilan tires-tu de l’aventure Sunken Papers avec Chess ? 

Wheeps : C’était un projet commun qui nous tenait à cœur qu’on avait envie de sortir depuis un an et demi. Avec Chess, nous n’avions pas de réelles ambitions sur l’EP, on voulait vraiment l’envoyer pour les personnes qui nous suivent. On a eu de très bons retours dessus. On a aussi la chance d’exploiter le projet sur scène lors la version live au Totoro en Mai 2021, diffusée sur instagram et twitch et la scène à l’évent Beatume Basse Fréquence à Montreuil fin juillet. 

Notes Urbaines : Tu sors ton projet Bushido Élite le 20 août, quelle est la signification derrière ce titre ? 

W : Le bushido est le code moral des samouraïs, la voie du guerrier. J’y fais référence pour retranscrire premièrement les valeurs de fidélité et d’honneur auxquelles j’accorde de l’importance, ainsi que la culture nippone à laquelle je m’identifie. J’évoque plusieurs personnages dans le projet comme Kamado Tanjiro dans Demons Slayer ainsi que la brigade fantôme dans Hunter x Hunter, le Grey Terminal entre autres. J’essaye de faire un parallèle entre mon mode de vie, ma vision des choses et l’univers de cette culture japonaise qui me fascine. 

Pour la partie élite, c’est le bilan de beaucoup choses que j’ai pu expérimenter et que je maîtrise désormais. Avec HK, l’unique producteur du projet, on voulait amener le délire encore plus loin. Il y a vraiment une progression qu’on voulait mettre en avant avec le côté élitiste.  

Crédit photo : Wheeps

Notes Urbaines : Pourquoi as-tu voulu seulement avoir HK en tant que producteur ? 

W : J’ai connu HK par le biais d’amis-rappeurs en commun, les DPC. HK avait validé ce que je faisais. Avec Chess, on a travaillé par la suite sur l’interlude présent sur Sunken Papers. On a vraiment apprécié bosser ensemble car c’est assez facile et fluide, on a donc décidé de continuer l’aventure avec la préparation de mon nouvel EP, Bushido Elite. 

Il a énormément travaillé, tout en sachant toujours répondre à mes attentes, même sur le mix où je suis assez pointilleux vu qu’on a expérimenté de nouvelles choses. HK m’a aussi permis de comprendre beaucoup de choses dans la musique et de me connaître davantage en tant qu’artiste. Gros big up à lui.

Notes Urbaines : Quelles ont été les expérimentations présentes sur ce nouveau projet ?  

W : Sur ce projet, HK m’a énormément appris à maîtriser ma voix et a allé au-delà de ce que je savais faire en termes de flows. On est deux perfectionnistes, on ne laisse pas de petits détails passer. Si quelque chose ne fonctionne pas, on le met à la poubelle. 

On a eu un petit souci sur ce projet, un ordinateur a lâché et on n’avait pas fait de sauvegarde sur un disque dur en mai 2020. Depuis, on a ré-enregistré 4-5 sons du projet, je remercie encore Chess sur ce coup. 

Certains des sons n’étaient pas à la hauteur de Bushido Élite donc on a choisi de ne pas les garder comme l’intro Coup d’essai. Entre-temps, on a réussi à bien progresser et à avoir des morceaux plus travaillés qui sortiront prochainement. Dans le nouvel EP, on a condensé et pris les meilleures choses des 2 ans de travail fourni. 

Notes Urbaines : Sur ce projet, tu te livres un peu plus puisque tu parles de ta mère et de trahisons par exemple, peux-tu nous en dire plus sur cela ? 

W : C’est jamais forcément facile de dire à ta mère ce que tu ressens ou de lui dire je t’aime. Je suis quelqu’un avec beaucoup de fierté mais il ne faut pas en avoir avec sa mère, alors je lui fais passer des beaux messages via mes textes si jamais elle tombe dessus. 

Pour la partie trahison, on sait très bien ce que ça veut dire, on a eu des bonnes comme des mauvaises expériences. 

Notes Urbaines : Le morceau “ Téléphone “ a particulièrement retenu notre attention avec le piano présent dedans, racontes nous la confection de ce titre

W : On a bossé la prod en direct avec HK, pas trop de mystère si ce n’est son talent et son travail encore une fois ! Il a lancé le rythme en envoyant quelques notes, j’ai directement trouvé la topline et le refrain. J’ai enregistré ce morceau à un moment où il était plus simple de parler de problèmes émotionnels ou de relations humaines. Le texte pour le refrain m’est venu très naturellement. Les couplets ont été ensuite un enchaînement logique. 

Avant j’écrivais beaucoup en dehors du studio mais ces derniers temps je ne le fais plus trop. Entre temps, j’ai appris à travailler d’une manière différente. J’écris surtout au studio au feeling avec la prod qui se déroule derrière. Ça m’a permis de prendre du recul sur ma façon de travailler.

Notes Urbaines : Quel est ton morceau favori du projet ? 

W : La maille ! Dedans, j’ai renvoyé une ambiance chaotique et j’ai parlé de certains vices. J’ai plutôt bien réussi à le faire sur le refrain qui est mon préféré du projet. Le morceau n’a pas une structure classique, j’ai beaucoup expérimenté dessus. 

Dans les sons, j’essaye toujours d’envoyer des images et de faire des références à la culture japonaise pour montrer un peu l’ambiance apocalyptique que je dépeins, elle se retrouve notamment sur la cover du projet qui a été travaillé par Ali de l’équipe 109. Gros big up à lui !  

Notes Urbaines : Il y a un featuring sur le projet avec tes gars de 400 (ex : comme tonne) pourquoi as-tu voulu avoir un seul feat ? 

W : Ça s’est fait au feeling et ce sont les personnes avec qui j’ai beaucoup de facilités pour bosser comme je les croise souvent au studio. Le featuring s’est réalisé dans la maison d’un pote durant le premier confinement. Chess avait aménagé son studio là-bas. J’ai envoyé la prod’ de HK au préalable à 400 et ensemble un jour, on a enregistré le son. 

Pour l’anecdote, ce n’était pas le seul feat prévu puisque les gars de l’équipe DPC devaient être dessus. On a eu quelques problèmes d’organisation pour le finir mais ce n’est que partie remise pour la suite. 

Notes Urbaines : Tu as fait Bushido Élite en totale indépendance, quel avis as-tu sur le statut d’indépendant dans le rap ? 

W : C’est énormément, énormément de boulot. Comme c’est quelque chose que tu aimes, tu ne comptes pas tes heures au studio pour l’enregistrement, le mix. On a travaillé parfois à distance ou en présentiel avec HK, mais tout ceci nécessite une réelle organisation. Tout comme pour les clips avec Théo Perruchi, on doit prévoir à long terme. Gros big up à lui pour le clip de Décaféiné. Et au final, tu as la partie com’ à gérer, c’est à dire envoyer à telle ou telle personne ton clip, ton projet. Il y a aussi des shootings et parfois des concerts. Tout ceci demande du boulot, ça me prend du temps et de l’énergie mais je m’amuse dans l’intégralité ! C’est un réel kiff.

Crédit photo : Wheeps

Notes Urbaines : Quels sons as-tu prévu de clipper ? 

W : Il y a Bushido et Téléphone qui devraient arriver prochainement. Je suis encore en réflexion concernant le troisième, j’hésite entre La maille ou Champ de Guerre. Pour le choix des clips, je décide selon mon affect du son et je demande aussi l’avis de mon équipe comme Chess ou les gars de MétaStudio. Il y a aussi un aspect marketing qui rentre en compte pour ne pas balancer un son un peu trop cloisonné. À la fin, je fais quand même la part des choses.

Notes Urbaines : Quels sont les projets pour la suite ? 

W : J’en ai beaucoup (rires) ! Il y a un projet 4 titres avec mon gars Hadès, un autre avec 400 et des reufs de l’ombre  Montreuil (Fatcaps-Music) et ensuite quelque chose qui va peut-être sortir à la rentrée avec Chess et Hash 24.

 J’ai aussi de mon côté pas mal de singles et de featurings donc je vais être assez actif jusqu’à 2022. 

Notes Urbaines : Comme d’habitude pour clôturer l’interview, pourrais-tu nous donner tes coups de cœur du moment : sport, cinéma et musique ? 

W : 

  • Sport : Erling Haaland ! Il est trop fort. La fougue, la jeunesse, la hargne, j’admire son état d’esprit. Je me reconnais énormément dedans. 
  • Musique : Bekar, il sort plein de singles. J’ai bien kiffé son projet Brique rouge.
  • Cinéma : J’ai peu de culture cinématographique mais depuis quelques temps avec des potes, on se refait des classiques, petite pensée pour Training Day où Denzel Washington joue d’une manière exceptionnelle. J’aime trop l’ambiance à l’ancienne des États-Unis dans ce film. 

Vues : 2