Interview : Sacré

Lors du premier numéro de Tech’mois, on mentionnait l’application “Sacré”. Notes Urbaines a par la suite organisé une rencontre avec le Sacré pour en connaître plus sur leur histoire, la radio, son identité musicale… Rencontre avec le Sacré

Voir aussi : Tech’mois

Institution de la nuit parisienne, le Sacré vit une période compliquée depuis la covid-19. Malgré cela, le club continue ses activités en régalant quotidiennement les oreilles de son public lors de lives facebook et la Sacré Radio ne cesse d’accueillir la crème de la scène disco/house dans leur magnifique adresse du 142 rue Montmartre. 

Notes Urbaines : Tout d’abord, pourrais-tu te présenter ? 

Martin Munier : Je m’appelle Martin Munier, je suis l’un des 4 co-fondateurs du Sacré. ​

N.U. : C’est quoi l’histoire du Sacré ? Depuis combien existe t-il ? 

M. : On a fondé la boite avec 4 associés. Ça fait plus de 20 ans que la discothèque existe (142 rue Montmartre). On l’a repris en octobre 2018 et ouvert en mars 2019. On a réalisé un peu plus de 4 mois de travaux pour tout transformer et aménager l’endroit selon nos goûts. ​

N.U : Quelle est l’ambiance du Sacré ?

M. : L’ambiance du Sacré est constituée de 2 salles. C’était vraiment une volonté de proposer deux atmosphères : la première, le discobar qu’on ouvre dès 18h possède un côté restauration et bar à cocktail tout en ayant un aspect musical très éclectique. La deuxième, c’est la salle de club : avec une programmation club house, house-techno, concert. 

N.U. : Pourrais-tu me décrire l’esprit du Sacré ? 

M. : Ça fait de plus de 20 ans que c’est un club mais l’important était de montrer qu’on ne voulait pas seulement se restreindre à cela. On a développé cet esprit avec le discobar ouvert dès 18h. On voulait créer un lieu de vie. Ici il peut y avoir des concerts, des spectacles de stand-up, des diffusions de matchs avec l’équipe de So Foot.

Au delà de ça, on a souhaité avoir cet esprit pour s’amuser. L’évènementiel est un métier assez prenant, on n’ouvre pas un club sans être passionné par ce qu’on fait. Ce côté lieu de vie est un peu un laboratoire. Exemple : au début peu de gens croyaient en l’idée d’accueillir du stand-up ici mais avec une bonne décoration, un aménagement particulier les gens ont finalement adhéré. ​

N.U. : Pourquoi avoir donné cette identité ” House ” au Sacré ?

M. : Essentiellement parce que c’est la musique que j’aime, que je défends depuis longtemps avec les artistes que je connais. C’est ma patte de DA (directeur artistique). On voulait vraiment créer deux espaces pour avoir ce côté plutôt World, Funk, Soul dans le bar et plus de la House, Techno dans le club mais pour la cohérence ça pouvait être bizarre d’avoir un Shlömo et un Anders, du Mellotron. Les publics ne se mélangeraient pas très bien. C’était super important d’avoir un endroit avec deux propositions musicales.  À Paris, les clubs en ont seulement une seule.

Ce fut réellement un défi, on a dû travailler avec des acousticiens pour nous conseiller. Le fumoir qui n’existait pas auparavant, fait aujourd’hui tampon acoustique pour séparer les deux salles. 

Même si j’aime la House, ça reste très cohérent avec l’aspect Soul, Funk, groovy du coté du discobar.  

Crédit photo : Sacré Facebook

N.U. : Comment s’organise la sélection des artistes pour la programmation ?  

M. : Ça fait plus de 8 ans que je fais ça. Nous sommes régulièrement en contact avec des agents, managers d’artistes. Il y ait un vrai échange entre nous pour travailler en fonction des actualités et des sorties de tel ou tel artiste. Il faut aussi qu’il y est une cohérence entre toutes les soirées pour ne pas avoir un booking complètement différent et que les clients habituels retrouvent une certaine harmonie musicale. Au fil du temps de nombreuses relations d’amitiés se sont créées, donc forcément c’est assez sympa d’inviter les personnes avec qui on a un bon contact, un bon feeling. 

N.U. : Quelle est la clientèle qui constitue le Sacré ?

M. : C’est difficile de se rendre compte mais je dirais que 50% des gens viennent parce qu’ils connaissent la salle, en ont entendu parler ou suivent tout simplement leurs potes. L’autre moitié se divise en deux : l’une (25%) qui suit vraiment la programmation et cible réellement les soirées selon le collectif, les artistes ; l’autre (25%) est un mix entre des touristes, des étudiants, des personnes dans le quartier qui viennent par hasard.

On demande à notre physio de ne pas cibler une clientèle particulière. Les bonnes soirées c’est quand il y a un mélange de tout le monde : des meufs, des mecs, des trentenaires qui veulent poser des bouteilles, ou des étudiants qui vont créer l’ambiance devant le son. On ne veut surtout être catégoriser, l’important reste de mixer un peu tous les genres. 

N.U. : Depuis le coronavirus, les clubs sont en difficultés, comment avez-vous fait pour gérer cette situation ? 

M. : Malheureusement la situation est un peu extrême, on ne peut pas ouvrir. Au début, on avait espoir que cela ne dure pas très longtemps. Au final tu accumules les faux espoirs et ça repousse… Après on a envisagé de revoir un peu le concept du lieu, en créant un format bar mais avec leur fermeture à 22h puis définitive cela devient tout bonnement impossible. 

En parallèle, on a développé la radio en se basant sur nos forces : la programmation, les contacts avec les artistes, notre amour de la musique. On a finalement réussi à diffuser la musique qu’on aime via ce média web radio, et désormais on ne fait plus ça.​

N.U. : L’Etat vous a-t-il soutenu financièrement et comment vois-tu la suite ? 

Aujourd’hui il y a des aides qui ont été annoncées mais nous n’en avons toujours pas vu la couleur. La seule aide existante a été le chômage partiel. Concernant les aides liées à la perte de chiffres d’affaires ou le manque à gagner, nous n’avons rien reçu. 

Malheureusement ça ne va pas dans le bon sens puisqu’on voit que le gouvernement n’arrive pas à contrôler les conséquences de l’épidémie. On n’a pas trop d’espoir quant au fait de rouvrir dans les prochaines semaines, prochains mois. C’est un peu difficile de se projeter sans perspectives claires, on est dans le flou. On se dit potentiellement qu’on va rouvrir en septembre 2021. En attendant, on continue de faire vivre le lieu en développant notre radio, accueillir des résidences d’artistes et trouver des solutions pour toujours animer Sacré. 

sacre_uwstream.jpg
Crédit photo : Sacré Facebook

N.U. : Parles-nous de vos lives ?

M. : La radio diffuse un artiste différent tous les jours de 18h à 19h en direct. Ceci nous permet d’entretenir les relations avec les artistes et d’en rencontrer des nouveaux. De plus on a pu accumuler énormément de DJ sets qu’on rediffuse sur la radio selon le style et l’horaire. On va essayer de mettre en place une émission version live dans la salle de concerts. On veut vraiment développer aussi cet aspect concert live sur les réseaux sociaux afin de montrer les deux facettes du Sacré.  

N.U : Dernièrement quelles découvertes t’ont marqués lors de vos lives ? 

M. : Il y en a plein (rires). Puisqu’on est à plus de 110 émissions mais Tatyana James a une très bonne technique. Elle fait partie de l’équipe Rinse France. T’as aussi eu Olympe 4000, on a beaucoup apprécié sa selecta et elle fonctionne énormément avec ce qu’on veut développer ici. Deux petits coup de coeurs avec ces découvertes là ! On a reçu Nick V, institution de la house parisienne. DJ Suspect nous a fait un set hip-hop ultra technique, très scratché extrêmement propre. Crayon a fait pas mal de unreleased chez nous et des morceaux qui vont sortir prochainement. C’est assez intéressant pour la radio puisque les artistes viennent avec des exclues travaillées durant le confinement. 

N.U. : Pourrais-tu nous raconter la création de l’application ? 

M. : Pendant le confinement on savait pas trop quoi faire. Au début, on diffusait sur la radio seulement la musique des artistes qu’on appréciait. Petit à petit, on l’a développée puis elle s’est transformée en application pour des raisons pratiques. L’appli est en accord basique puisqu’elle contient la radio, nos dernières news, nos podcasts. À terme, elle pourra servir à beaucoup plus de choses comme regarder la programmation, à avoir des avantages… On va réfléchir à comment la mettre plus en avant quand on sera ouvert mais pour l’instant elle permet surtout de trouver facilement la radio et les contenus.

sacre_rue.jpg
Crédit photo : Sacré Facebook

N.U. : Pourrais-tu nous raconter la création de l’application ?

M. : Pendant le confinement on savait pas trop quoi faire. Au début, on diffusait sur la radio seulement la musique des artistes qu’on appréciait. Petit à petit, on l’a développée puis elle s’est transformée en application pour des raisons pratiques. L’appli est en accord basique puisqu’elle contient la radio, nos dernières news, nos podcasts. À terme, elle pourra servir à beaucoup plus de choses comme regarder la programmation, à avoir des avantages… On va réfléchir à comment la mettre plus en avant quand on sera ouvert mais pour l’instant elle permet surtout de trouver facilement la radio et les contenus.  

N.U. : Quels sont vos projets pour la suite ? ​

M. : On veut déjà arriver à développer la radio comme on le voudrait. Aujourd’hui on a aménagé le discobar pour en faire un studio de captation. On veut faire des émissions talks, et inviter des personnes pour nous parler de leurs albums et de leurs influences. Avoir une vraie ligne éditoriale radio va être le projet sur lequel on va se concentrer dans les prochains mois. Peut-être que la radio perdura une fois Sacré ouvert.

En ce moment, la radio est un bon vecteur afin que les artistes puissent s’exprimer (…) Si à l’avenir, on arrive à avoir une vraie ligne éditoriale avec des journalistes qui veulent utiliser nos studios pour faire des émissions de musique ou autres choses tout en restant cohérent avec ce qu’on propose, pourquoi pas !   ​

N.U. : Dernière question, as-tu un artiste à conseiller ? 

M. : Ah c’est compliqué (rires). Mais bon je vais te dire DJ Koze, tous ses albums, compilations me touchent énormément. J’ai même eu la chance de l’inviter une fois et en plus de ça c’est une super personne qui vit à la roots alors qu’il fait parti des meilleurs DJ de la scène House. Il est capable de t’emmener dans tous les sens : en produisant pour des chanteuses, en invitant des rappeurs pour poser un flow hip-hop, faire des beats hyper mélodiques, ou super breakés, ou house. Il a une grosse palette musicale et c’est un coup de coeur depuis longtemps. 

Retrouvez le Sacré sur Instagram, sur Facebook

Vues : 27