Interview : Leo – Premier Virage (vol.1)

Rencontre avec Leo, à l’occasion de la sortie de son premier EP, Premier Virage (vol.1) pour en découvrir plus sur la confection de ce projet, ses influences musicales et l’importance de la résidence avec son équipe.

Notes Urbaines : Tout d’abord Leo, pourrais-tu te présenter ?  

Leo : Je m’appelle Leo, originaire de St-Vincent de Reins, un village en périphérie de Lyon. Je suis monté sur Paris en 2017, moment où j’ai commencé à faire de la musique. Avant j’évoluais sous le nom de Le Double A. Récemment j’ai préféré changer de nom et prendre mon vrai nom, celui de Léo qui colle à la musique que j’aime faire. Mon genre musical a une base rap mais j’apprécie y amener des inspirations très variées comme l’électro ou le rock. 

Quels ont été tes débuts dans le rap ? 

L : Je suis un gros auditeur de musique, dont le rap. À 18 ans, j’ai commencé à écrire dû à l’ennui durant un taff d’été de saisonnier. Au début, je n’avais pas beaucoup de choses à raconter pour un gars de campagne. J’ai débuté seul sans collectif, sans potes qui étaient dans le rap ou le son. Pour moi, hormis sur internet, c’était impossible d’évoluer dans le rap là où j’étais avant d’arriver sur Paris. 

Sur la capitale à mon arrivée, j’ai rencontré Max, mon ingé son en recherchant un studio pour enregistrer. Je lui ai envoyé un mail en le vouvoyant et rapidement j’ai commencé à poser chez lui pour 10€ / heure (rires). Par la suite, la relation ingé/artiste s’est transformée en une réelle amitié au fil du temps. 

Pour Premier Virage (vol.1), pourquoi as-tu décidé de faire un séminaire ?

L : Je fais beaucoup de musique chez moi dans ma chambre avec mon p’tit home studio. Je vais seulement au studio quand j’ai assez de matière. Grâce aux confinements j’ai pu accumuler pas mal de maquettes sur des types-beats. Je voulais aussi changer d’identité musicale à cette période là, donc ça devait passer par de nouvelles prods, par un univers instrumental plus singulier et une nouvelle identité visuelle. 

Pour cette résidence, chez moi, à St-Vincent de Reins, je voulais faire rencontrer tous les membres de l’équipe (3 beatmakers, 1 ingé son, 1 réalisateur et des potes) afin de pouvoir avancer plus vite grâce à la synérgie commune. L’objectif était de faire de la musique qui nous plait. On a réussi à faire 12 morceaux en une semaine. On est passé par toutes les étapes avec ces chansons. C’est seulement quelques mois plus tard qu’on a fait ce travail de direction artistique avec Max, mon ingé son pour faire le tri dans les morceaux et travailler sur la cohérence de ces derniers, au sein de 2 projets.

Quelle importance a l’équipe autour de toi ? 

L : Ils ont une importance essentielle puisqu’ils ont été là lors de la réalisation des morceaux. J’adore mélanger les visions, les oreilles. Chacun a écouté des éléments différents dans sa vie et ça permet d’apporter un autre point de vue. Je vais te prendre l’exemple du dernier son du projet, qui est clairement rock Bonne étoile. À la base je l’avais enregistré sur une zumba. C’était bien mais sans plus, mon gars Yanis a proposé de faire ça sur du rock car le bpm était similaire. Ces d’interventions instantanées n’auraient pas eu lieu sans résidence. 

Max est celui qui m’enregistre et mixe tous mes morceaux. Badème, Eleven et Rodéo, qui sont beatmakers. Ervin s’occupe du visuel avec Flavien et Yanis. Nous avons presque monté un collectif avec des personnes qui viennent de différents horizons. Tout le monde s’apporte des choses mutuellement, c’est une vraie aventure humaine ! 

Quelle relation artistique as-tu avec ton ingé son Max qui est à tes côtés depuis 2018 ? 

L : Elle est basée sur l’écoute. Qu’importe qui a raison, on s’écoute toujours. C’est rare que j’ai direct l’idée de A à Z en cabine. La plupart du temps, j’arrive avec mes intentions et ensuite on en discute. Nous avons vraiment développé une vision à 2 au fil du temps. 

Crédit photo : Leo facebook

Quelle était la volonté derrière ce 1er EP ? 

L : J’ai un rapport assez intime avec ce premier projet puisqu’entre les lignes, je me livre sur beaucoup de choses personnelles que j’ai vécu durant l’année 2020. Écrire a été comme une thérapie à ce moment-là. J’ai pris une réelle claque par la vie. Premier Virage est le concentré de mes questionnements personnels, de mes doutes et de ma réflexion sur la vie. Ça fait très cliché de le dire mais écrire a été comme un exutoire (rires). 

Peux-tu nous parler des influences diverses comme l’électro sur fantômes ou rock sur bonne étoile ? 

L : Pour le son fantômes, je n’avais pas calculé cette partie, c’est Badème, beatmaker présent  avec qui je travaille depuis 2018, qui a composé de son côté la fin du morceau durant la résidence, avant de nous la faire écouter. C’est presque un featuring ! 

Pour la partie rock, c’est un héritage de mon enfance. J’ai beaucoup écouté du rock punk via mes parents. J’ai ensuite vraiment apprécié ce genre par moi même, à tel point que Nirvana est un de mes groupes préférés. J’ai des liens forts avec cette musique, mais je n’ai jamais pensé à en faire. Bonne Étoile parle d’un deuil vécu par un proche, c’est une manière déguisée de lui rendre hommage grâce à cet amour pour le rock. 

J’essaye de recracher mes influences mais toujours avec du sens. Je n’ai pas envie de faire de la gratuité musicale. 

Le morceau Vie d’avant est l’un des singles de Premier Virage (vol.1), que t’évoques-t-il ? 

L : Vie d’avant est presque exclusivement produit par Badème et Eleven. C’est un morceau que j’essayais de faire depuis longtemps. Je traînais le refrain depuis un certain temps, je l’avais posé sur différentes prods, mais finalement durant le séminaire, on a enfin réussi à lui donner la place qui lui correspondait. J’aime dedans surtout l’intensité de mon interprétation avec les voix aiguës présentes sur l’entièreté du track. 

Ce morceau me permet de m’assumer moi-même. J’avais souvent le syndrome de l’imposteur comme certains artistes qui ne viendraient pas de la ville ou des banlieues. J’avais peur de n’avoir rien à dire. Dans Vie d’avant, on a trouvé le bon entre-deux avec l’aspect singulier et le côté universel. C’est sûrement le morceau le plus accessible du projet. À long terme, j’aimerais faire de la musique populaire, dans le sens écouté de tous. 

Quels albums t’ont aidé à concevoir ce projet ? 

L : Je vais te faire la même blague que tous les rappeurs français sortent : “ Moi, j’écoute que du rap us, je n’écoute pas de rap français. “ (rires) Plus sérieusement comme je t’ai dit avant, j’essaye de diluer mes influences, dès que j’ai commencé à écouter du rap et à diguer sur Youtube, je me suis vraiment mangé des mecs comme Orelsan, toute la 75ème session, l’Animalerie ou même Vald. Je me suis assez rapidement identifié à eux en tant qu’auditeur “normal”.

Le documentaire Les Étoiles Vagabondes de Nekfeu m’a sûrement influencé dans l’envie de vouloir faire une résidence. 

Dans le fond, mon projet est assez personnel, il n’y a pas vraiment d’influences dans les textes. J’ai juste recraché mes expériences vécues. C’est plus en termes de musique et de recherche artistique. J’aime les artistes qui se prennent la tête dans le mix, les prods et les textures. Dans cette catégorie d’artistes, je peux te citer Laylow, Travis Scott et Seezy, le beatmaker de Vald. 

Pour la sortie de ce premier EP, tu as fait une release party, comment s’est-elle passée ? 

L : J’ai fait une release party le 20 octobre, deux jours avant la sortie de Premier Virage (vol.1). Je l’ai organisé en solo. C’était un co-plateau en présence de tous les artistes avec qui j’ai pu collaborer : Maisen, BGL, Badème, Bnvsky et La Cour. Mon gars Théo de Beatume a présenté la soirée. J’ai joué les morceaux de mon EP à la fin. C’était une soirée hyper festive, on a réussi à faire 250 entrées, soit plus que la capacité de la salle. Ça a été un réel plaisir de voir en direct la réaction du public concernant mon projet. 

Quels ont été les retours de ton entourage sur le premier volume de Premier Virage ? 

L : Ça se passe plutôt bien, c’est cool. Ma maison de disques Modulor m’a aidé à distribuer le projet. Les retours artistiques ont été très bons. J’ai eu l’impression que les gens ont vraiment pris la peine de s’attarder sur le projet. Ils ont pris le projet dans sa globalité avec le documentaire. Le message a été entendu et délivré. 

Dernière question, la question Notes Urbaines, peux-tu nous donner tes coups de cœur sport, ciné, et musique ? 

L : En sport, en tant que supporter lyonnais, je te dirais Paqueta, le milieu offensif brésilien est dans une forme exceptionnelle. J’espère qu’il va rester longtemps à Lyon. Maintenant faut qu’on essaie de gratter le podium (rires).

En cinéma, j’ai envie de parler d’Ari Aster, un réalisateur qui a notamment fait Hérédité et MidSommar. Ce sont des films plutôt psychologiques et horrifiques. Je le considère vraiment comme un génie.

En musique, c’est difficile car j’en écoute beaucoup. Mais bon, je vais te citer 070 Shake, elle m’a vraiment accompagné durant ces deux dernières années pour la partie US. En français, sans hésiter le groupe La Cour, en plus d’être des potes, ce sont 3 putains de rappeurs (Chad de la Cour, Thaubi  et Croma 619 ), Ils prévoient un projet pour la fin d’année 2021, ils sont à suivre de près !

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