Interview : Brooklyn Baby

Rencontre avec Brooklyn Baby, nouvelle sensation de la scène House française. Découverte d’un artiste touche à tout dans la musique, qui sera à suivre de près pour les prochaines années. 

Notes Urbaines : Tout d’abord, pourrais-tu te présenter ? 

Brooklyn Baby : Je m’appelle Loic, j’ai 28 ans, je fais de la musique sérieusement depuis 7 ans. J’opère sous le nom de Brooklyn Baby depuis septembre 2020 avec déjà 3 EPs et deux singles à mon actif. 

N.U. : Quels ont été tes débuts dans la musique ?

BB : J’ai commencé la musique par la basse au conservatoire pendant 4 ans. Ensuite je me suis intéressé à l’aspect composition afin de pouvoir réaliser mes propres sons, donc j’ai appris à jouer du piano. Avec un ami pianiste, on a décidé de lancer un groupe pop-électro composé de 5 personnes, dedans je faisais de la basse. Ce projet n’a pas abouti mais a quand même été très formateur, c’est à ce moment là que je me suis mis à la prod pour composer et enregistrer les sons sur logic puis ableton. Le groupe s’est dissout au fil du temps mais j’ai continué la composition.

N.U. : Tu as fait beaucoup d’instruments classiques comme la basse et le piano, mais écoutais-tu de la musique électronique avant d’en faire ton métier ? 

BB : J’ai écouté de l’électro sur le tard. À l’adolescence, j’écoutais plus du rock, du rap américain et du jazz via le conservatoire. J’avais entendu parler de la house et de la techno mais je ne diggais pas vraiment ces styles. C’est par la suite, quand j’ai commencé la composition que j’ai essayé d’en faire.

Les débuts étaient un peu difficiles mais je me suis ensuite mis à fond suite à la dissolution de mon  groupe. J’ai creusé dans les connaissances de jazz que j’avais pour faire la musique que je voulais. L’aspect DJ est venu en dernier, c’est un peu nouveau pour moi mais je prends beaucoup de plaisir à le faire. L’expérience live du groupe m’a aussi servi à être à l’aise sur scène. 

N.U. : Tu sais jouer avec des instruments classiques et électroniques, quelles sont pour toi les similitudes et les différences qu’ils puissent y avoir entre les deux catégories ? 

BB : Il y a beaucoup plus de points communs entre les deux qu’on ne peut le penser. Avant je croyais que faire un morceau de House était simple, puisque le principe est d’avoir une boucle que t’étend pendant 5 min avec un kick. Mais j’ai réalisé que plus c’est simple, plus c’est difficile à faire. Je mets beaucoup de temps à faire mes morceaux pour atteindre le résultat que je veux en tant qu’auditeur. 

Consciemment ou inconsciemment, je puise vachement dans mes années de musicien au niveau de la composition, la rythmique et de l’harmonie. 

N.U. : Tu as évoqué tes influences rap, rock et jazz, pourrais-tu citer quelques artistes que tu as beaucoup écouté ? 

BB : En rap, Kanye West, même si j’ai un peu décroché récemment, asap rocky, drake etc . En rock, j’aime bien le rock indépendant, mais parmi les classiques je peux citer surtout les Strokes et Radiohead. En jazz / soul j’écoute beaucoup de choses comme Nina Simone, St-Germain, Miles Davis. 

N.U. : Comment définirais-tu ton style ?

BB : J’aime beaucoup le mix entre la House et le jazz. Je veux toujours aussi rajouter des acapellas de soul ou de disco, pour apporter un peu d’humanité dans le track. J’adore aussi sampler du hip-hop pour aller vers d’autres horizons. J’essaye de digger tout et n’importe quoi, que ce soit même le petit break de batterie entendu à la radio ou le petit solo d’une chanteuse. Du moment que ca se sample, je prends !   

N.U. : Pourrais-tu nous décrire ta discographie ?

BB : Mon premier EP est sorti sur le label Fresh Tech Records en septembre 2020. J’avais déjà réalisé plusieurs titres pendant le premier confinement, mais j’ai préféré leur envoyer les plus récents. Fresh Tech Records a bien aimé la vibe et a sorti l’EP Hold It on. Je suis ensuite passé sur le label russe GLBDOM avec l’EP Get it Together. 

Dedans, on y retrouve Jazz Please, un de mes morceaux qui a le plus marché, mais qui ne devait pas être dans l’EP à la base puisqu’il avait longtemps trainé dans mon disque dur. Finalement, le patron de GLBDOM m’a encouragé à le mettre dans mon deuxième EP.  

Le dernier EP Love Overdose est sorti sur le label mexicain Huslter Track comprenant 3 tracks. Pour l’instant, j’ai une discographie assez cohérente mais j’essaye de chercher de nouvelles vibes plus techno ou breakbeats pour ne pas rester bloqué dans un genre et continuer à m’amuser dans la musique. 

N.U. : Comment se passe la création d’un morceau pour toi ?  

BB : Je suis un peu lent pour faire mes morceaux, c’est une vraie galère (rires) Mes tracks se composent un peu tous seuls, dans le sens où je vais trouver un sample ou une suite d’accords qui me plaisent. Ensuite j’essaye de trouver d’autres éléments qui vont ensemble, je me laisse guider par la track. Sur mon ordinateur, j’ai souvent des choses inachevées qui traînent depuis plus d’un an comme des drums et une acappella mais je veux vraiment trouver par exemple la basse qui accompagne parfaitement ces deux parties. 

J’ai me suis développé une technique,  je prépare le terrain en amont en faisant des loops de batterie, synthé et de voix. Je me suis créé mes propres kits de sample. Quand j’ai de l’inspiration, j’ai juste à piocher dans les différents éléments puis y ajouter des samples soul ou hip-hop, des drums, ou une ligne de basse afin de faire un son. 

N.U. : Peux-tu nous raconter ta dernière sortie sous le label Fantin Zoo Records ?

BB : C’est un morceau que j’ai fait ultra rapidement. J’ai pris un sample du morceau Not Tonight de Junior que j’ai retravaillé ensuite à ma manière. J’ai pris des drums d’un autre projet datant d’il y a 6 mois, je les ai accéléré. Après j’ai refait la ligne de basse au clavier. J’ai mixé le tout, mais je ne voyais pas le track dans un EP alors, j’ai pensé à Fantin Zoo Records puisque j’avais bien discuté avec le directeur du label sur Insta, ça avait bien connecté entre nous. J’ai donc sorti sur son label, mon track Need U 2 Nite. Il y a aussi un remix qui accompagne le single. 

N.U. : Comment se sont déroulés tes récentes scènes au Gambetta Club et au Panic Room ? 

BB : Le Gambetta Club était une soirée très chill, un Lundi. On mixait quand on voulait sans timetable et c’était la première fois que j’évoluais sous le nom de Brooklyn Baby. 

Le Panic Room était un autre challenge. Ce sont mes potes qui avaient organisé la soirée. J’ai préféré mixer en premier pour avoir moins de pression et chauffer la salle tranquillement. J’étais en B2B avec Shibuya qui est plutôt calé niveau mix. Il y avait vraiment de tout en termes de musique : house/jazz, minimal, techno. La salle était blindée de ouf à la fin, c’est pour ce genre de moments qu’on fait ce métier. C’était top !

N.U. : Pour l’avenir, quels sont tes projets ?

BB : Dans les projets futurs, il y aura la sortie de plusieurs EPs mais je n’ai pas encore les dates. J’en aurai un plutôt house/jazz, un autre plus breakbeat, un EP en commun avec Shortcuts, des gars du collectif. D’ailleurs on va réaliser notre soirée de lancement du collectif le 26 novembre, un bon moment en perspective ! Après quand les papiers et le vinyl de 4 titres seront prêts, on lancera le label Outdom Records comprenant Latent, Shortcuts et moi. On devrait faire des releases régulièrement. 

En parallèle, j’ai un projet qui me tient à cœur comme j’ai beaucoup évolué avec des rappeurs ces derniers temps avec mon studio, j’aimerais bien faire poser des rappeurs français sur de la House ou du garage. Ça fait un moment que j’ai l’idée en tête. Il faut juste que je me remette à jour niveau prod.

N.U. : Comme d’habitude, pour conclure l’interview, on a la question Notes Urbaines, peux-tu nous donner tes Coups de cœur sport / ciné / musique ?

BB : En musique, ce sera Kettama et DJ Boring, j’ai assisté dernièrement à leur DJ set et j’étais vraiment surpris par les niveaux des deux artistes. 

En ciné, c’est classique mais je vais te parler de Squid Game, la série coréenne, j’ai pris ma claque en regardant les différents épisodes. 

En sport, je ne suis plus trop l’actualité, mais le dernier moment fort sportif que j’ai ressenti c’était lors de la victoire de la Coupe du Monde 2018, mais j’étais dégouté parce que j’étais malade pendant la finale et donc je n’ai pas pu foutre le bordel sur Paris (rires). 

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