Interview : KX9000 – 2L84ME

À l’occasion de la sortie de son dernier EP 2L84ME, rencontre avec le DJ et producteur KX9000 autour de ce nouveau projet, de sa carrière et de ses inspirations musicales.

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Notes Urbaines : Tout d’abord, pourrais-tu te présenter ? 

Kx9000 : Je m’appelle Kerim, je suis DJ et producteur de musique signé sur le label Pont Neuf Records. J’ai sorti mon dernier EP 2L84ME le 25 juin dernier. 

Notes Urbaines : Comment t’es venu cette passion pour la musique électronique ? 

Kx9000 : J’ai toujours été fan de musique depuis mon enfance. Au collège, j’étais dans un groupe de rock. Mon kiff pour la musique électronique m’est apparu grâce à ma formation d’ingénieur du son. En voulant créer des démos pour mon groupe, je suis tombé sur les logiciels de création musicale assistée par ordinateur, et en à découler le lien avec la musique électronique. 

Il n’y a pas vraiment eu de point de rupture avec mon attrait pour la musique électronique, puisque j’en avais toujours écouté via les jeux vidéos, les CDs ou les sons qui passaient à la télévision. 

Crédit photo : Fabien Appolaire

Notes Urbaines : Tu as évoqué tes études en tant qu’ingé son, pourrais-tu revenir plus en détail sur cette partie de ta vie ?  

Kx9000 : Après le bac, je n’avais pas réussi à me réorienter. À cette période là j’étais très intéressé par la musique, le sound design et le cinéma, j’ai donc décidé d’intégrer l’ESRA (École Supérieure de Réalisation Audiovisuelle) où j’ai pu apprendre les bases dont j’avais besoin pour pratiquer la musique que je voulais faire ensuite. 

Notes Urbaines : Quelles ont été tes premières inspirations musicales ?

Kx9000 : Quand j’avais 10 ans, en 2001, mon frère m’a offert deux albums qui ont été fondamentaux dans ma culture musicale : G-Sid, le premier album de Gorillaz et Discovery de Daft Punk. J’ai eu de la chance de les découvrir assez tôt. Je les écoute encore aujourd’hui et ils m’accompagnent dans ma production actuelle comme mes autres influences rock, métal, funk, électronique, jazz, musique du monde.  

Notes Urbaines : Comment se sont passées les premières productions que tu as réalisé ? 

Kx9000 : J’ai fait mes premières productions vers 2013, mais je tâtais la prod’ depuis déjà 3 ans auparavant. Je travaillais sans rien, seulement sur Logic Studio de mon macbook. J’ai fait un remix de General Electrics via un remix contest, j’ai réussi à finir dans les 10 premiers, j’avais reçu un vinyle à cette occasion. Puis par la suite, j’ai fait un remix pour Sébastien Tellier lors d’un autre remix contest où il m’avait mentionné parmi les tracks à retenir. Tout ceci m’a motivé et donné de la confiance pour continuer à travailler ma musique. 

J’ai fait mon premier morceau “ Hot Room “ qui est sorti sur mon Soundcloud. Thomas, qui gère aujourd’hui Pont Neuf Records m’avait interpellé en me disant “ J’aime beaucoup ce que tu fais, j’ai envie qu’on travaille ensemble sur un EP sur mon premier label. ” Un an après, en 2015, mon premier EP Hot Room voyait le jour. 

Notes Urbaines : D’où vient cet aspect futuriste présent dans ta musique et dans ton nom de DJ ? 

Kx9000 : Je comprends l’aspect futuriste même si ce n’était pas le but recherché. Je fais de la musique assez nostalgique même si j’essaye de la rendre assez actuelle en regroupant les styles qui m’influencent sur le moment. Concernant le nom KX9000, il possède un côté ironique qui m’a séduit dès le début, puisque ça peut être le nom d’un robot géant, mais aussi bien d’un synthétiseur ou que celui du fer à repasser de ta mamie (rires). Il y a dedans un aspect kitsch typique de marketing désuet et faussement futuriste dû aux séries que je regardais étant petit comme Dragon Ball ou K2000.

Notes Urbaines : 2L84ME est sorti le 25 juin dernier, comment s’est déroulée la préparation de ton dernier EP ? 

Kx9000 : Une semaine avant le premier confinement en France, nous avions fait une grosse date à Elrow à Barcelone avec Pont Neuf Records. On a vraiment été galvanisé par cet événement, mais deux jours après on s’est pris le confinement. Durant cette période, avec les gars du collectif, on s’est fait tourné nos démos, à ce moment-là, j’avais déjà réalisé Sub Fatima qui est présent sur l’EP. 

À partir de ça, je me suis dit que ça serait intéressant de faire quelque chose autour de ce morceau sans sample avec une touche soul et deep house. J’aurai aimé faire venir plus d’artistes que prévu pour les enregistrer mais ça a été compliqué avec les différents confinements, malgré cela j’ai eu la participation de quelques musiciens et chanteurs comme Dove qui chante Hearing my name. J’ai aussi dû travailler certains morceaux tout seul, mais ils apportent toutefois une certaine couleur à l’EP, du moins j’ai essayé. 

Notes Urbaines : Tu as évoqué l’intervention de musiciens dans ton dernier EP, on retrouve aussi cet aspect dans le dernier EP de Tour Maubourg, est-ce une spécificité du label Pont Neuf ? 

Kx9000 : On est 5 artistes du Pont Neuf Records et on a le même studio donc ça nous arrive de faire des sons ensemble, c’est ce qui a donné l’EP Mintology sorti l’année dernière et réalisé par Tour Maubourg et moi-même sous le nom de Mintjams. J’en suis particulièrement fier puisqu’on ressent bien la fusion de son style et du mien. 

Je ne suis pas particulièrement fan de faire mes tracks tout seul à fond, le fait de ramener des gens crée une émulation. À chaque fois que j’ai fait intervenir quelqu’un par exemple pour un peu de saxo ou du violon, et surtout pour des éléments que je n’ai pas envie de faire avec mon logiciel ; ça a toujours apporté une petite magie supplémentaire qui est vraiment intéressante. 

Notes Urbaines : De quelle manière crées-tu tes sons au studio ? 

Kx9000 : Le plus souvent, je laisse libre court à mon inspiration du moment au studio. Je fais tourner les différentes machines, en plus nous en avons souvent des nouvelles comme les gars de Pont Neuf sont un peu des geeks à ce sujet-là (rires). On a regroupé tout notre matos au studio avec les gars de Pont Neuf. 

J’installe une ambiance rythmique, j’enregistre des jams par-dessus avec quelques synthétiseurs et j’essaie de faire dialoguer les machines et instruments entre eux afin d’arriver à ce sentiment de complétion harmonique.

Ensuite je me prends un peu plus la tête avec toutes les idées que j’ai eu pour construire la structure du morceau. Dès que c’est fait, le morceau peut changer du tout au tout. Je t’ai donné ma recette type mais ce n’est pas quelque chose auquel je m’y tiens forcément, j’essaye d’avoir différentes manières de produire. Ça se retrouve dans l’EP 2L84ME où j’ai pu travailler avec un chanteur et des musiciens. J’essaye de tendre vers des choses toujours plus poussées et originales. 

Crédit photo : Fabien Appolaire

Notes Urbaines : Quelle est la particularité d’appartenir au label Pont Neuf Records ? 

Kx9000 : Il y a ce côté collectif où nous sommes tous devenus amis par la suite. On partage énormément de choses. On a vraiment un aspect familial et ça rassure puisque le milieu de la musique peut être parfois difficile pour des artistes qui sont seuls. (…) Thomas dirige le label. Mais il fait un peu tout à côté : manager, booker, promoteur. Par sa volonté, il réussit à ce que les gens du milieu connaissent Pont Neuf Records. C’est une belle aventure, on va voir où ça nous mènera. 

Depuis la création du label, chaque année, nous avons sorti une compilation avec parfois des invités comme Flabaire, Fasme ou Folamour. Cet été, nous sortons une nouvelle compilation seulement digitale où chaque artiste de Pont Neuf remixe un son ou plusieurs tracks des autres artistes du label. Ceci permet de donner une seconde vie à certains titres. Par exemple, Tour Maubourg a remixé mon son Hearing my name, et j’ai remixé Lost Islands de Cosmonection. 

Notes Urbaines : Comment te sens-tu depuis la réouverture des clubs et open-air ? Et comment se sont déroulés tes derniers bookings en open-air ?

Kx9000 : En juin, on a 3 ou 4 dates annulés à cause de la pluie (rires). Heureusement, on a pu faire la fête de la musique dans un petit bar à Paris, il y avait une superbe ambiance. Jusqu’à mi juillet c’était ma seule date, mais depuis j’ai pu faire un B2B avec Cosmonection à la Prairie du Canal à Bobigny, encore une fois, le public était au rendez-vous. J’ai eu l’impression de n’avoir jamais eu de pause, j’ai pris énormément de plaisir. J’espère juste que les clubs resteront ouverts. 

Notes Urbaines : As-tu des projets pour la suite ? 

Kx9000 : Concernant les dates, j’en ai quelques-unes qui arrivent jusqu’à octobre, d’autres devraient continuer à tomber d’ici là. Pour les projets, je travaille déjà sur le prochain EP. Il y a Mintjens  avec Tour-Maubourg, qui est toujours d’actualité. Je ne vais pas rester les bras croisés (rires). 

Notes Urbaines : Pourrais-tu nous donner tes coups de cœur musique, sport et cinéma pour la fin de l’interview ? 

Kx9000 : 

  • Musique : George John, du label Black Numbers, qui a sorti un EP “ OIAIO “, on a discuté ensemble sur les réseaux, on s’est retrouvé mutuellement dans nos musiques respectives avec des influences communes. 
  • Sport : E-Sport surtout Smash Bros Ultimate, envoyez-moi un dm et venez me défier sur le jeu ! (rires)
  • Cinéma : Singular Point, un animé Netflix que je regarde en ce moment, j’ai bien kiffé. J’espère que j’aurai fait découvrir des choses aux gens.

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