Interview : Georges

Rencontre avec Georges, l’un des nouveaux visages de la scène House française. Discussion autour de son premier EP, son style musical, sa passion pour le Jazz, ses influences, etc… 

Notes Urbaines : Tout d’abord, pourrais-tu te présenter ?

Georges : Je m’appelle Clément, j’ai 23 ans. Je fais aujourd’hui de la musique sous l’alias Georges. À 13 ans, j’ai commencé par la guitare classique avec de la musique espagnole puis du rock. 5 ans plus tard, je me suis mis aux musiques électroniques. 

N.U. :  Qu’est-ce qui t’as poussé à devenir DJ ?

G. : À la base, j’étais fan de rock progressif puis petit à petit, j’ai commencé à écouter vers 15 ans beaucoup d’artistes électro comme le label Ed Banger (Justice, Sebastian…) Daft Punk, FKJ, Kartell, etc… 

L’histoire est assez drôle, puisque comme je t’ai dit auparavant, je faisais surtout de la musique en groupe avec ma guitare. Jules, un de mes potes et l’un des fondateurs du label AOC Records, avait créé au lycée un collectif de jeux vidéo. Il avait besoin de moi pour produire des musiques pour ces jeux, alors il m’a filé un clavier Midi. Avec Garageband, j’ai commencé à faire des sons. J’ai vraiment aimé, ensuite je suis passé à Ableton pour réaliser des choses plus sérieuses et qui me ressemblaient plus. 

Ça fait depuis 3-4 ans que je fais ça sérieusement. À partir du moment où on a commencé à sortir des sons sur les plateformes de streaming et qu’on a eu un peu d’écoute, je me suis dis que j’allais faire plus attention à ce que je fais. 

N.U. : On t’a connu sur ton EP commun Contrasts  avec Bellaire, comment s’est faite la connexion entre vous deux ?

G. : Avant AOC Records, je faisais parti d’un autre label : LCA Records, tout comme Bellaire. Je ne portais pas encore l’alias Georges à cette période. On s’est rencontré là bas, et par la suite on est devenu potes. 

On s’est toujours dit qu’on voulait faire de la musique ensemble, mais c’était compliqué car il habite à Lille et moi à Paris. Un jour, on a fait du son tout un après-midi chez moi, on a gardé aucune track produite ce jour-là, mais ça a néanmoins posé les bases de Contrasts. Ça avait vraiment matché entre nous et par la suite, on a fait un live, un EP. 

On s’est fait plaisir en utilisant des trucs un peu instrumentaux dans la scène électronique, même si ça a déjà été fait par des mecs comme St Germain, on a essayé de remettre ça au goût du jour à notre manière. 

N.U. : Quelle est la spécificité d’appartenir à un label en tant que DJ ?

G. : On est entouré. C’est assez cool car tu peux te perdre au début dans le milieu de la musique. Ça me permet aussi de réellement me focaliser sur la musique. Pour tout ce qui est promo, mise en avant, les choses administratives, ce sont eux qui s’en occupent. Ils le font mieux que moi (rires). D’un point de vue pratique c’est génial et un énorme gain de temps. 

Je peux aussi lier plus facilement des connexions avec les autres artistes du label que ce soit pour de la musique ou juste pour se voir. AOC Records est un tout petit label créé par des potes donc on a vraiment cet esprit de famille entre nous. Ça donne réellement envie de continuer. 

N.U. : Quel bilan tires-tu de ton EP Georges sorti en juin dernier ?

G. : Bilan très positif ! J’ai eu des super retours par le public et les DJs. Malheureusement, on l’a sorti un peu à la pire période : Juin 2020 (rires). On n’a pas pu le défendre en tournée et le jouer en club, c’est le seul hic. Mais au-delà de cela on a pu réaliser un super clip avec des tracteurs tondeuses, on s’est vraiment marré ! On a aussi fait des live-reports, en tout cas pour un premier projet solo, j’ai kiffé. 

N.U. : D’où est venue l’idée de la pochette de l’EP ?  

G. : On en a beaucoup parlé avec le label, l’idée était de faire quelque chose d’original et drôle. J’ai fait ça en collaboration avec des potes qui travaillent dans l’image. Ça a donné à la fin une pochette farfelue. 

Cover Georges / Crédit photo : AOC Records, Georges

N.U. : Comment as-tu travaillé sur l’EP ? 

G. : J’ai commencé l’EP à peu près au même moment où j’ai travaillé sur l’EP avec Bellaire. Le fait de travailler avec lui m’a pas mal inspiré. Je suis resté sur beaucoup d’éléments instrumentaux, de rhodes, guitares et de basses électriques. 

C’est un peu de cette manière que je fais ma musique. Je me mets sur mon piano, je joue des petites mélodies ou des accords et si ça me plait, j’enregistre. Je débute parfois des basses, mais rarement depuis la guitare, bizarrement alors que c’est mon instrument de base. 

N.U. : D’où vient cette importance accordée aux instruments dans ta musique ?

G. : Ça vient de ma formation et des musiques que j’écoute comme le rock ;  peut-être aussi du fait qu’a la base je voulais faire ces musiques là sur mon ordinateur. Ça m’accroche plus l’oreille. Je n’ai pas beaucoup de synthés donc je vais plus avoir tendance à utiliser les instruments que j’ai à ma disposition. 

N.U. : On voit que ta musique est très variée en termes de sonorités, pourrais-tu nous parler de tes influences musicales ?

G. : J’écoute pas mal de trucs. En ce moment, surtout du jazz londonien assez moderne et Hip-Hop à la fois avec des artistes comme Kamaal Williams,  Alfa Mist, mais aussi de la funk, de la soul. J’aime bien aussi ce qui se fait sur la côte ouest des États-Unis avec Vulfpeck, Knower qui sont vraiment très chauds. Après le reggae m’a aussi inspiré étant plus jeune, tu peux rajouter dans la liste, le Hip-Hop plus à l’ancienne comme IAM, NTM, Oxmo Puccino…

N.U. : Pour rebondir sur le Hip-Hop, comment s’est déroulée la collaboration avec le rappeur TTdafool sur le titre Renaissance ?  

G. : Le rappeur TTdafool est un super pote. On avait déjà réalisé ce son un an auparavant avant la création de l’EP. Je trouvais qu’il passait bien dans le mood de l’EP, pour finir sur une ambiance un peu plus lente et chaleureuse. Je fais un peu de Hip-Hop de mon côté, en plus je trouve que le Hip-Hop et la House sont très liés, la racine est commune. C’est une bonne combinaison, ça marche bien Bellaire me disait : “ Tu fais un morceau de Hip-Hop, tu le montes à 120 BPM, tu changes 2-3 trucs, t’ajoutes de la batterie et t’as un morceau de House.” C’est assez drôle je trouve. 

N.U. : D’où te vient cette passion pour le Jazz ? 

G. : En étant petit mes parents m’ont fait écouter du jazz, mais ce n’est que très récemment que j’en suis tombé amoureux. J’aime vraiment le fait que ce soit hyper recherché avec des grilles d’accords de fou, des changements de tonalités et de tempos auxquels on ne comprend parfois rien. J’adore chercher à comprendre comment ils arrivent à sortir des dingueries comme ça (rires). J’aimais beaucoup le rock progressiste qui est très inspiré du jazz. En fait, ce sont surtout les musiques afro-américaines qui m’ont retourné le crâne. 

Georges / Crédit : AOC Records

N.U. : Depuis quelques années, on peut observer que la scène house française se renouvelle avec l’arrivée de nouveaux artistes comme toi, Tour-Maubourg, Matthieu Faubourg, etc… Pourrais-tu nous donner ton avis sur cette scène ?

G. : C’est trop cool ! T’as beaucoup de français qui sont en train de tout retourner ça fait extrêmement plaisir. Il y a une résurgence de la House des années 90’s en ce moment. T’as aussi un côté jazzy qui revient. Ça fait vivre les clubs et sortir les gens.

N.U. : Depuis le covid, on voit que les clubs et les artistes sont en difficulté, comment fais-tu pour gérer cette situation ?

G. : C’est compliqué en ce moment, ça laisse le temps de faire de la musique mais je ne suis pas hyper inspiré puisqu’actuellement je ne vis pas assez de trucs, enfermé chez moi. Cependant je suis content, ça me permet de me poser, lire des livres, regarder des films tant de choses que j’avais pas trop l’occasion de faire. J’ai vraiment hâte de pouvoir refaire du sale en 2021 ! 

N.U. : As-tu des projets pour la suite ?

G. : Ouais, on a travaillé sur un EP live session avec 4-5 titres joués et filmés en live. Les sons seront disponibles sur les plateformes. J’ai aussi un remix qui va sortir courant janvier 2021 et peut-être un ou deux autres EP qui vont sortir en 2021, on verra…

N.U. : Dernière question, pourrais-tu nous conseiller un artiste et ton son du moment ? 

G. : J’ai découvert récemment une artiste anglaise, Emma Jean Thackray, une productrice et trompettiste avec son dernier EP Rain Dance. Ça revient un peu à cette scène anglaise dont je te parlais tout à l’heure, là c’est un mix entre du jazz, de l’électro, du trombone, des instruments. Je conseille le son Movementt

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