H-LO : entretien avec le plus américain des rappeurs français

Alors qu’il vient de sortir son EP “Signature” et qu’il fonce vers la deuxième mixtape nous avons rencontré H-LO, jeune prodige du rap grenoblois. On parle avec lui de son parcours, de son amour du rap et de ses influences et le moins qu’on puisse dire c’est que, comme dans sa musique, Young Thug n’est jamais très loin.

Comment t’en es venu au rap ?

J’étais au collège et je commençais à écouter de plus en plus de rap français, de base j’écoutais que du rap américain. C’est en écoutant la génération Sexion d’assaut que ça m’a donné envie de poser, je prenais les textes de Black-M et Maitre Gims et je les rappais avec des potes, c’était notre délire, on rappait en cour de récré. Puis j’ai commencé à écrire mes textes juste pour déconner, je me voyais vraiment pas dans le truc mais au fur et à mesure j’y ai pris goût.

Un jour fin de collège y’a un pote qui allait poser un son au studio d’un rappeur de Grenoble qui s’appelle Tortoz. Il m’a proposé de venir et j’ai pris ma claque direct ! J’ai tellement kiffé y aller qu’on y est retourné deux semaines après pour faire un autre son.

Tu disais que t’écoutais que du rap américain au début, t’écoutais quoi ?

Y’en a beaucoup, mais la génération YMCMB (Drake, Lil Wayne, Tyga…) ça m’a bien giflé. En fait à la base mon beau père était prof de Hip Hop donc j’étais plus dans la danse, du coup on dansait beaucoup sur des sons RnB. Moi j’ai commencé par écouter des Usher, Chris Brown mais celui que je kiffais de ouf c’était T-pain avec tout son délire autotune. Quand je suis vraiment entré dans le rap il y a deux, trois ans c’est Young Thug qui m’a mis une vraie claque.

Ça s’entend que tes inspirations sont plus américaines que françaises.

Ça fait plaisir parce qu’on essaye d’être entre les deux, de ramener cette touche des States sans perdre le public français. Même s’il y a beaucoup d’artistes qui s’inspirent des States j’trouve qu’il manque ce côté vraiment cainri dans la plupart des artistes français.

Justement c’est là ou le rap français s’améliore, les artistes français arrivent de mieux en mieux à digérer leurs influences américaines.

C’est vrai qu’on a eu un moment de crise, de nouvelles inspirations sont arrivées vers 2015. On a eu MHD et l’afrotrap qui a donné pleins de variantes cainfri, d’autres comme Leto et XV barbar ont pris plus le tournant trap. C’est vrai que plus les années passent, mieux les influences (américaines notamment) sont digérées.

Toi t’es dans une zone assez spéciale, avec peu de gens qui ont le même style que toi, si tu devais te trouver des cousins tu dirais qui?

Franchement j’écoute à mort de rap français et déja faut différencier deux choses, le style visuel et le style de rap. En rap on me met souvent dans la même case que les mecs comme Hamza, Kekra…très autotunés. En style visuel maintenant on est plein à avoir des locks colorées (rires).

Du coup t’écoutes qui en rap français en ce moment ?

Gazo de ouf, il est chaud. De base la drill c’est vraiment pas un truc qui me parle, j’aime pas le temps des prods, le BPM, le flow des mecs. Mais Gazo il ramène une sauce trop violente, ses mélodies sont mieux, ses flows sont plus travaillés. C’est le seul drilleur que j’écoute je crois. Maintenant je sais pas quel tournant ça va prendre mais pour le moment la plupart des rappeurs français ils drillent tous de la même manière. C’est lassant. Moi j’suis trop un gars de la trap.

Du coup on se rend compte que t’es vite devenu pro, que t’as vite sorti ton premier projet, c’est quoi ton bilan sur ta première mixtape “Pompelup” ?

En gros j’ai sorti un clip qui s’appelle “En effet” qui a commencé à faire des vues.

De base je ne me voyais pas sortir des clips à la chaîne, on a fait un clip en délire entre potes, je l’ai sorti parce que je kiffais ça. Ça a bien tourné mais moi j’ai été un peu pris au dépourvu…j’avais aucun autre sons à balancer !

Quand j’ai vu avec ce son que ça commençait à prendre de l’ampleur je suis vite allé en studio, j’ai fait à balle de son et j’ai forcément perdu du temps. Du coup y’a eu un peu de temps entre mon premier clip et mon deuxième CVLF. Je me suis dis qu’il fallait que je sorte un projet juste après, grâce à ma signature notamment.

En vrai avec du recul je pense que j’aurais sûrement dû attendre un peu plus avant de le balancer mais bon on regrette rien tu connais (rires).

Tu viens de sortir l’EP “Signature” de 4 titres et tu vas sortir une autre mixtape. L’EP t’as servi à faire monter la sauce ?

En fait à la base c’est une série de freestyles qu’on a rassemblé sous la forme d’un petit EP pour que les gens puissent retrouver les titres sur les plateformes de streaming. Après la mixtape qui date déjà de 2019 les gens commençaient à m’oublier donc fallait que je reprenne un peu de buzz et de visibilité. Du coup on a décidé de faire monter la sauce avec ces 4 clips avant de balancer la vraie mixtape.

C’est important pour toi les formats ? La différence entre album et mixtape ? 

En ce moment je suis plus à la young thug, j’envoie une compil’ de sons. La mixtape ça fait longtemps que je la bosse du coup y’a des sons que j’ai gardé depuis 2019, d’autres que j’ai fait il y a deux mois. Il y a pas forcément une cohérence ou une histoire dans la mixtape, par contre c’est vraiment une sélection des meilleurs sons que j’ai fait depuis un an et demi. La cohérence viendra quand j’aurais le statut pour envoyer un album, je préfère continuer à me faire découvrir aux gens. Une fois que ce sera fait, j’irais m’enfermer dans un studio et je ferais un projet avec plus de concept.

T’es plutôt sur des formats courts ou longs ?

Dans la prochaine mixtape y’a un peu plus de 10 titres. Personnellement je ne suis pas fan des albums longs… à part si demain Ninho il s’enferme deux ans, qu’on a plus de nouvelles et qu’il revient avec un 20 titres là je vais kiffer, normal. Je ne suis pas dans le délire de faire des sons pour faire des sons, et avoir plus de streams. Avant d’être un rappeur je suis un auditeur et à partir de 15 titres ça devient long. Je sais ce qui me casse les couilles en tant qu’auditeur donc je ne vais pas le proposer à ceux qui m’écoutent.

Ton EP s’appelle “Signature”, tu peux nous présenter ton label ?

En vrai l’EP ne s’appelle pas “Signature” par rapport à ma maison de disque mais c’était plus pour dire que c’est ma signature musicale, que c’est ce que je sais faire, que c’est un projet signé H-Lo. On a fait tout un délire avec les pochettes des singles où tout était écrit au stylo, c’était pour rester dans cet esprit là.

Mon label c’est A+LSO, label de Sony, qui à la base n’est pas un label de rap mais plutôt un label pop qui c’est mis dans le rap depuis quelques années. Je crois que je suis un des premier artiste rap à avoir signé dans ce label ! Ces dernières années ils ont signé des types comme Laylow, EDGE, Squidji, Prince Waly, pleins de styles de rap différents, c’est bien pour le label, ça se diversifie.

C’est avec eux que tu bosses les clips et les visuels ?

Ouais je bosse tout avec eux. Pour tout ce qui est réalisation on bosse avec une équipe qui s’appelle “Omar by Omar”, c’est une équipe de 4, 5 réals qui sont là pour nous proposer des idées, des visus, des concepts.

C’est important pour toi l’image ?

Ouais pour un artiste en 2021 c’est essentiel, les gens sont attachés au matériel, au flow vestimentaire. Si ton image n’est pas accordée à ta musique ça peut lui porter préjudice, ternir ton son. Après je ne suis pas du genre à poster une photo tous les deux jours sur les réseaux, j’ai un peu du mal. Par contre avoir des beaux clips, une belle tenue, c’est très important pour moi.

Sur “Pompelup” la cover est hyper originale pour du rap fr, y’a encore un truc très américain dans la pochette avec ces couleurs fluos !

En fait j’avais cette coupe atypique pour ma première mixtape avec du rose et du bleu, c’était ma marque de fabrique. Du coup j’ai voulu utiliser ces couleurs et les accentuer dans ma cover. Koria il a kiffé l’idée du H-Lo pompelup qui vomit du rouge et du bleu donc on est parti la dessus direct.

Sur la prochaine mixtape tu changes de coupe, du coup comment tu vas faire évoluer tes visuels et ta formule ?

Le premier projet vu que j’avais pas passé énormément de temps en studio, contrairement à aujourd’hui, je me cherchais encore un peu, j’avais pas totalement perfectionné mon rap. Y’avait plein de délires de sons différents qui n’ont rien à voir, entre “La Dose” qui est un son presque expérimental et “Bounce” qui est en mode “summer/été” par exemple. Sur la deuxième mixtape j’ai essayé de faire en sorte que les gens captent ma touche, mon délire. J’ai perfectionné ma façon d’écrire, de poser, d’utiliser l’autotune pour qu’on puisse se dire “Ah ça c’est du H-Lo”.

Pour le moment sur tous tes projets il n’y a pas un seul feat, des collaborations prévues sur la prochaine ?

Ouais, on a deux feats sur le prochain. Sur “Pompelup”, il n’y en avait pas parce que c’était plus une carte de visite. Le deuxième projet on a un feat avec Chilly et un feat avec Hache-P. C’est la famille. Comme on bosse ensemble avec Hache-P on a pu se faire un feat et avec Chilly on c’est connecté grâce à mon gars Hache-P et on a fait un gros son.

Ce serait quoi ton feat de rêve ?

Je pense que ce serait H-Lo featuring Young Thug et Travis Scott (rires).

Si je ne te connais pas et que je dois écouter un son, tu me conseilles quoi ?

Je dirais “Oh Lo Lo”, c’est vraiment le son le plus H-Lo. Moi de base j’écoute des sons pour m’enjailler et avec “Oh Lo Lo” c’est tout à fait ça. Tu vas écouter tu vas taper ton petit pas de danse.

Du coup dans quelle situation faut-il écouter du H-Lo ?

Tu vas voir dans la mixtape y’a un peu tout les mood. De base c’est conseillé d’écouter quand tu fais la fête. Mais tu peux aussi écouter quand t’es triste y’a des sons un peu plus mélancoliques, quand t’es avec une meuf y’a des sons plus romantiques, tu peux écouter avec tes potos dans la voiture y’a des sons plus trap. En vrai on a essayé de regrouper pas mal de délires donc quand tu veux dans la journée t’auras ton petit son de H-Lo.

Tu nous a fait une mixtape qu’on peut écouter toute une journée.

Toute une année même (rires) !

Tu travailles comment ? T’es en mode fête justement ? À base de studio avec les potes ou t’arrives avec des textes écrits, ultra préparés.

Moi c’est la fête, après c’est pas le zbeul, je ne vais pas au studio avec trop de monde mais en général on est sous tise avec les potes, c’est un bon moment. J’arrive très rarement avec des textes, souvent j’écris en studio je fais des toplines. Après je bosse différemment selon les prods.

Justement pour les prods t’as un groupe de producteurs avec qui tu bosses ou on t’envoie des prods ?

Sur cette prochaine mixtape j’ai bossé avec les mêmes beatmakers. Je suis un fan des type beats, je vais sur youtube chercher des prods, du coup ça m’arrive même de mettre des types beats dans mes mixtapes ou de demander à un beatmaker de retravailler une partie du type beat. Pour le coup sur ce projet j’ai bossé avec trois beatmakers :

  • DST (The Danger) qui a déjà son blaz dans le game (Ninho, Maes etc..).
  • Wizman, un petit jeune de banlieue parisienne dans le délire trap cainri.
  • Dicksen, un pote à moi, newcomer, il écoute que du Playboi, Lil Uzi etc..

Ça fait plaisir parce que ça donne une cohérence, j’aime bien quand les beatmakers suivent le projet de A à Z, reviennent sur les prods. Ça donne un côté très travaillé.

T’interviens beaucoup sur les prods, les arrangements etc… ?

Ouais, j’suis relou (rires). Je sais exactement ce que je veux, ça m’arrive d’arriver en studio, de faire une mélodie et de demander au beatmaker de faire une instru à partir de la mélo. J’aurais kiffé être rappeur-beatmaker mais je laisse ça à d’autres qui le font archi bien.

Toi t’es de Grenoble, la scène grenobloise arrive à fond. T’as des artistes à nous faire découvrir ?

Bien sûr elle arrive fort. On a plein de délires musicaux différents parce qu’ on est entre Marseille, Paris et Lyon. Faut écouter Jeci-Jess mon manager qui arrive avec un projet très lourd. 

Dernière question, sur Notes Urbaines on parle musique, cinéma et sport.

Cite nous un sportif inspirant.

À un moment je faisais du tennis, j’étais à fond dedans. Du coup je vais dire Djokovic parce que c’est un gars ultra humble alors qu’il est trop fort.

Cite nous un film/série à regarder.

L’attaque des titans, moi je suis plus branché manga. C’est la série qui nous à tous gifler dernièrement, l’histoire est tellement complexe.

Cite nous un son à écouter.

En ce moment j’écoute Bruno Mars avec son album 24K. Il met trop de bonne humeur donc pour tous les gens aigris de ce monde allez écouter du Bruno Mars ça vous rendra un peu plus joyeux.

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