Dans la playlist des rappeurs

Avec l’évolution constante du rap, les rappeurs aiment citer leurs pairs, histoire de rendre hommage à des idoles du passé ou celles du présent. Découvrez une liste de 4 morceaux de rap français qui sont des références à d’autres rappeurs américains.


Musique actuelle, les noms à l’honneur


« Kid Cudi », Agartha, Vald, 2018


Morceau trap à l’univers sombre, Vald montre dans « Kid Cudi » son talent d’interprète,
intonations vocales et lyrics crues correspondant aux pensées d’un personnage dur, pervers
et dégoûté de la vie. Son identification à l’artiste américain est revendiquée au refrain : “J’ai
envie d’me suicider comme Kid Cudi
” ; phase tournant en boucle suivie d’une exclamation
enthousiaste samplée d’une indie dance, peut-être en écho aux onomatopées créatives de
Cudi.

Avec ce son, le V a une approche du thème de la dépression originale : absence de
combattivité et d’espoir ; à l’inverse de l’énergie qu’on trouve par exemple dans « Love » ou
« Soundtrack 2 my life » de Kid Kudi, bien que les deux artistes partagent un goût pour
l’humour noir hardcore. On peut les voir s’exprimer sur des thèmes tels que la solitude et le
suicide en-dehors du contexte musical : sur Ted Talks pour Scott Mescudi et Booska-P pour
Vald notamment.


« Frank Ocean », Taciturne, Dinos, 2020


Son court (1min43), la plume de Dinos analyse discriminations et faux-semblants
dans un premier et unique couplet, mentalités qu’il prend à revers en intro et ensuite.
Ce refrain : « Danke shoen, Ma b*tch est blonde elle écoute Frank Ocean » ; est de
même une double référence à l’artiste californien et à son deuxième album Blonde.
Le rappeur de la Courneuve a sinon repris une de ses chansons « Thinkin bout you »
(Channel ORANGE) sur scène, single aux sonorités hip-hop et lyriques, Frank Ocean
étant représentatif d’une musique qui brise les codes entre genres. Dans la même
idée, je conseille l’album Negro Swan de Blood Orange pour encore plus de douceur,
de love et de liberté.


Artistes du passé ? Hommage et egotrip

« R.I.P Pop Smoke », LMF, Freeze Corleone, septembre 2020


Ce morceau était à l’origine un remix du freestyle « Welcome to the party » de Pop
Smoke
, dont la mort le 19 février 2020 semble avoir entrainé le prof Chen et son Ekip
à changer titre et prod. En effet dans la version finale l’instrumental a été épurée, les
grosses basses typiques de la drill disparaissent, comme en hommage à la perte du
rappeur originaire de Brooklyn et pillier du genre. On peut aussi lire dans ce titre
mortuaire une métaphore, le possible désir du professeur Chen de dépasser Smoke après
la mort en l’achevant par son rap.

« La Réincarnation de Biggie », Labrador Bleu, Isha, 2022


Si Freeze Corleone enseigne une nouvelle école du Rap (la Drill), Isha dans ce single apparait comme les fondations et l’avenir du Rap : ” Docteur, j’donne des cours aux professeurs “. Le titre est un clin d’œil à l’album Life after Death dans lequel l’artiste congo-bruxellois fait revivre The Notorious B.I.G., rappeur new-yorkais ayant régné sur le rap des années 90.

Isha se donne notamment les surnoms Big Poppa et Biggie, mais aussi deux titres tirés des albums Ready to Die et Born Again du King, pour lui rendre hommage. Probablement pas le meilleur morceau du projet en ce qui concerne la plume et les mélodies, mais il n’en reste pas moins un chef-d’œuvre
d’attitude et de style.

Quelques mois plus tôt, Benjamin Epps et le Chroniqueur Sale entamaient avec «
Notorious » comme intro de leur premier album Fantôme avec chauffeur un retour du
Boom-Bap, Eppsito incarnant lui aussi le Big dans une maitrise rafraichissante des
codes de l’egotrip et du clash, de technique et d’écriture.

Pour un dernier morceau mêlant flows uniques de têtes montantes du rap français et
légendes oldschool : « Wu-Tang » de Limsa d’Aulney feat Veerus ; ce clan de rap
new-yorkais étant dans la playlist de nombreux autres rappeurs (SCH dans « John
Lennon », Damso dans « Exutoire » ou encore dans « KKK » pour Freeze Corleone).

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