Around Twig : L’esprit bleu

On avait parlé de lui dans le deuxième numéro de Line-up #2, on a voulu en savoir plus sur ce jeune talent. Rencontre avec Around Twig, artiste émergent techno de la scène perpignanaise. 

Notes Urbaines : Pour commencer, pourrais-tu te présenter ? 

Around Twig : J’ai 22 ans, j’officie sous le nom de DJ “ Around Twig “. Je fais de la musique électronique depuis mes 14 ans grâce à ma grand-mère qui m’a acheté mon premier contrôleur, et maintenant ça fait 2-3 années que je suis à fond pour sortir des projets régulièrement. 

N.U. :  J’aimerais rebondir sur le fait que ta grand-mère t’ait acheté ton premier controller, c’est quelque chose qui n’est pas anodin. 

A.T. : J’ai une famille qui écoute beaucoup de musique : chansons françaises, musique orientale. Elle m’a poussé à faire de la musique électronique comme j’aimais ça depuis petit. (…) Elle écoute aussi ce que je fais et soutient tous mes projets dans la techno. 

N.U. : Pourrais-tu résumer ton parcours en tant que DJ ? 

A.T. : J’ai débuté en autodidacte par des petits sets de 10-20 min. Je me suis vite rendu compte que mixer ne m’intéressait pas vraiment. À 14 ans j’avais été repéré pour mixer en boite mais bon à cet âge-ci, mes parents n’étaient pas très emballés par cette opportunité. En fait, j’avais juste envie de jouer mes propres tracks et non celles des autres. J’ai donc commencé à produire. Les débuts étaient horribles mais j’en étais fier, en plus d’avoir de bons retours de mon entourage. 

J’ai acheté du matériel de meilleure qualité et je me suis mis à fond. (…) Internet t’offre la possibilité de tout apprendre par toi-même grâce à des tutos et aussi de suivre les tendances actuelles. 

N.U. : À l’avenir, voudrais-tu essayer de faire un autre style de production que celui techno, par exemple rap ou pop ? 

A.T. : Oui comme je suis assez ouvert musicalement. Au début, c’est dur de s’approprier une identité musicale quand t’écoutes un million de trucs. Rester dans une petite case qui t’appartient, c’est compliqué. J’ai essayé de sortir de la techno en faisant de la funk, des prods rap. C’est difficile, j’ai pas cette capacité et généralement mes prods ne plaisaient pas. 

Tout me ramène à la techno, même quand j’ai fait des prods hors techno, il y avait toujours une touche électronique ou house. 

N.U. : Quels sont les artistes que tu écoutes actuellement ? 

A.T. : Avec les différents confinements, j’ai pu me pencher sur de nouveaux genres. En ce moment je suis très porté sur le groove, les musiques du monde, la funk, les musiques brésiliennes et le rap. Niveau musique électronique, j’ai énormément d’influences comme Township Rebellion, Aalson, un jeune toulousain, Denis Sulta, il y a une grande différence entre ses prods et ses sets en live, j’adore ça, et un dernier Gui Boratto.

N.U. : T’as sorti ton premier EP “ Blue Mind “ en octobre 2020, quels ont été les retours le concernant ? 

A.T. :  Sur le coup, je ne m’attendais pas à grand chose, c’était surtout un défi de le sortir. On a eu plein de retours positifs et de messages d’encouragement. J’étais bien hypé ! J’ai même eu le droit à un coup de pouce de Stella Bossi sur des sons plus vieux, ça a permis d’attirer du monde (…) Comme je t’ai dit précédemment j’ai du mal à trouver une identité musicale, cet EP m’a servi à concentrer toutes mes influences dans un projet afin de pouvoir me lancer sur quelque chose de plus personnel à l’avenir. 

N.U. : Comment s’est passé la conception du projet ? 

A.T. : L’été dernier, en vacances avec mon pote, on s’est dit qu’on allait faire un EP. Une semaine plus tard, je suis parti en Croatie. C’est un peu mon rendez-vous annuel pour m’inspirer musicalement, j’aime bien composer là-bas sur la plage le soir avec mon ordi. J’ai pu réalisé 5 à 10 brouillons et tous les jours j’envoyais à mon pote 2-3 sons pour qu’il puisse écouter et me donner son avis. On en a retenu quelques-uns. 

Après ça, j’ai déménagé dans le sud pour les études. Un nouveau départ, donc ça m’a donné une énergie supplémentaire pour finir l’EP ! (…) Les sons ont tous été faits en un mois, en août, mais le mastering fut la partie la plus longue, c’est quelque chose que je déteste faire (rires). T’entends 15 fois le même son toute la journée, à la fin t’as plus de recul sur ta propre musique, c’est important pour moi d’avoir un entourage proche pour m’aider dans ce cas là.

N.U. : Avec la pochette, le titre de l’EP, on voit que le bleu est omniprésent, comment as-tu réussi à retranscrire cette couleur en musique ? 

A.T. : C’était vraiment l’objectif de retranscrire toutes les humeurs d’une journée en musique. T’as l’intro avec morning coffee, quelque chose d’ensoleillée et de smooth pour débuter la journée, pour continuer sur un truc plus énergique dans l’après-midi quand t’es avec des potes, afin de finir sur une ambiance qui tabasse un peu à l’heure de l’apéro ou après 2-3 pintes. 

Pour revenir sur la pochette, avec mon pote Dcisif, on a essayé de retranscrire ce bleu foncé pour les “pensées” de la nuit et le bleu clair pour la “journée ensoleillée”. 

N.U. : Peux-tu nous parler de ta dernière sortie Paramètres ? 

A.T. : Je l’ai réalisé pendant le deuxième confinement. Avant cela, j’avais rencontré de nouvelles personnes qui m’ont beaucoup inspiré. J’ai travaillé avec une chanteuse puisqu’on enregistrait des voix pour elle. On avait un micro à disposition et j’ai demandé à des potes de faire 2-3 toplines que je puisse intégrer à ma prod. Avoir mes potes  donne vraiment une touche plus personnelle au son. On a décidé de clipper le morceau pendant le confinement. 

N.U. : Est-ce que c’est facile de créer des sons pour toi ? 

A.T. : Quand je suis chez moi c’est compliqué puisque je suis trop dépendant des éléments extérieurs comme mes amis, avec qui j’ai parlé, etc… Pendant plusieurs jours je fais des brouillons, mais à partir du moment où j’ai l’inspiration, l’étincelle, je peux faire un morceau en 2h. 

N.U. : As-tu des projets pour la suite ? 

A.T. : Comme je t’ai dit, on a le clip qui devrait arriver. Ça permettra de donner un petit coup de boost et de retranscrire les émotions en image pour le son Paramètres. J’ai plusieurs sons qui arrivent prochainement dont un projet avec deux sons différents mais utilisant les mêmes drums, basses t’auras une version plus deep et une autre plus industrielle. Le tout permettra d’avoir un vrai lien entre les deux sons. 

N.U. : À l’avenir, serais-tu intéressé pour faire de la scène ?

A.T. : Oui, clairement ! J’ai passé ce cap de faire ma musique seulement pour moi, j’ai vraiment envie de partager mes sons à un maximum de monde.  

N.U. : Comme d’habitude pour la dernière question, as-tu un son et un artiste à nous conseiller pour la fin de l’interview ?

A.T. : Je vais te reparler de Township Rebellion, un duo allemand de melodic techno. Le morceau c’est Kristalle, je le trouve fabuleux, c’est un mélange entre des gros synthés gras et des petites notes joyeuses. Tout le long du son t’es dans un mood entre la joie et la nostalgie des festivals d’été.    

Mais je ne peux pas t’en dire qu’un seul parce que mon autre gros coup de cœur de l’année c’est un morceau des Pachanga Boys, Time. Je l’ai découvert lors d’un live au Burning Man, c’est très progressif et l’association des voix avec le son fait terriblement bien le travail. C’est le genre de son que tu écoutes la nuit avec ton gros casque en dansant seul sous les étoiles.

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