Aujourd’hui, nous allons parler d’une véritable pépite lâchée sur la scène du rap US, par un artiste multitâche qui ne cesse de marquer les esprits avec ses projets musicalement colorés.
Natif de Saint-Louis, dans le Missouri, le rappeur et chanteur Smino, de son vrai nom Christopher Smith Jr., fait parti des pépites de la nouvelle génération de rappeurs de Chicago (sa ville résidente) comme Joey Badass, Chance The Rapper, Mick Jenkins, Saba, Noname (ces deux derniers avec qui il forme le trio “Ghetto Sage”) et bien d’autres. Il est également le fondateur du label Zero Fatigue, qui se tient entre St Louis et Chicago, dans lequel on peut retrouver des artistes comme Jabari Allen, Jay2 ou encore Ravyn Lenae.
Pour le moment, Christopher est connu pour avoir sorti deux EPs, S!ck S!ck S!ck et Blkjptr, et deux albums dont le dernier, NOIR est sorti en 2018.
Smino & Monte Booker : un combo gagnant
Avant de former un duo avec le rappeur Bari sur l’album MSTRGLSS et le son Interstellar, Monte Booker était surtout connu pour être l’artiste complémentaire de Smino, autant que Varnish La Piscine pour Makala. Cet album en est la preuve concrète. Premièrement, Smino a une facilité déconcertante à rapper tout en chantant, avec une voix pouvant aller dans les aigües comme dans les graves, comme sur le morceau Anita où les octaves varient pour notre plus grand plaisir.
Dans le but de donner de la saveur à ses paroles et d’imposer son style, il passe son temps à décortiquer les mots de ses textes pour créer de nouvelles rimes il tout en s’amusant également à faire accorder son nom de scène avec d’autres mots communs (“Smin’holy bible” pour la sainte bible, “Smino more like Smi’yeah”, “You can’t see me, can’t “See me no””).
L’ajout des prods de Monte Booker apporte une dimension plus profonde à l’univers de Smino avec des sons diversifiés, travaillés et addictifs. Ayant pour source d’inspiration le jazz, le gospel, la soul ou encore la funk ou le R&B, Monte Booker enregistre une performance hors normes en synthétisant tous ces styles de musique dans un projet, sans être brouillon, nous permettant de nous acclimater un peu plus au monde que nous impose Smino dans cet album,. Un bijou qu’il signe à l’aide d’une alliance entre l’acoustique (piano, violons, guitares) et l’électronique (avec des samples de son ordinateur).
Une ode à la femme dans le fond et la forme
Pour étoffer cet album, Smino et Monte se sont entouré des artistes de leur entourage, à commencer par Bari, qui a apporté sa vibe nonchalante sur le son Flea Flicka et un refrain entraînant sur Amphetamine. Dans cet album, Smino accorde une place très importante aux femmes. Dans des ballades amoureuses comme on peut l’entendre dès le premier son du projet, Wild Irish Roses. Il parle également de rupture dans Glass Flows et de sa dépendance amoureuse envers Anita. Son projet tourne plus globalement sur le thème de l’alcool et des soirées, de l’amour et de l’ambition.
Mais ils ne s’arrêtent pas là et tiennent à montrer sur la forme le rôle très important que joue la femme dans son projet, dont les featurings sont majoritairement féminins. L’artiste Ravyn Lenae ouvre le bal dans le son Glass Flows, suivie de Via Rosa, la soeur de Smino Drea Smith, Jean Deaux, Akenya, Noname, soit 6 featurings féminins (7 avec Ravyn Lenae que l’on retrouve deux fois dans l’album, avec le son Amphetamine) contre 4 featurings masculins.
Une construction d’album très attrayante
Bien que cet album ne soit pas réellement habité par un storytelling puissant, l’album reste très cohérent et bien construit. Il utilise des transitions musicales entre plusieurs musiques, ce qui nous permet de rester accroché à l’univers Smino, comme on peut le voir dans la transition entre Maraca et Glass Flows ou entre Spitshine et Netflix & Dusse, mais aussi avec des musiques reliées par des conversations comme Lobby Kall et Edgar Allan Poe’d Up.
Pour finir l’album en beauté, Smino nous sort un son d’environ 8 minutes, Amphetamine, avec deux instrus différentes et 3 artistes qui ont chacun déposé leur touche musicale.. Il nous livre ainsi l’un des meilleurs singles de l’album. Bari avec sa touche lente et groovy, Ravyn Lenae pour sa douce voix et son flow saccadé et chanté, et enfin, pour finir en beauté, Noname qui lâche de pures paroles de sa voix monotone.
En sortant BLKSWN, Smino a réellement élevé sa carrière à un autre niveau et a également lancé celles de ses partenaires de Zero Fatigue, qui ont eu l’occasion de montrer l’étendue de leur talent. Cet album n’est donc pas seulement un classique dans la discographie de Christopher Smith, mais aussi un tremplin pour les nouvelles étoiles montantes de la scène rap de Chicago.
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