Interview : Rekkin – Aquarium

Rencontre avec Rekkin, jeune artiste montreuillois qui vient de sortir son premier EP, Aquarim le 19 novembre dernier. Discussion autour de l’attente et  de la confection du projet, ainsi que de l’importance du collectif FatCapsMusic.

Notes Urbaines : Pour commencer, pourrais-tu te présenter ?

Rekkin : Je m’appelle Rekkin, j’ai 19 ans et je viens de Montreuil. J’ai commencé à me mettre au rap au lycée. J’appartiens à FatCapsMusic, un collectif de rappeurs et beatmakers.

N.U. : Quels ont été tes débuts dans le rap ?

R : J’ai toujours été un grand auditeur de rap depuis la primaire. Les grands frères de mes potes mettais du son et de moi-même j’écoutais surtout la Sexion d’Assaut. Au collège, j’écoutais quasiment que du rap français et un peu de rap américain, mais de loin. Parmi les rappeurs qui m’ont giflé pendant mon adolescence, je peux citer Lino, Sofiane, Niro. Ce sont des gars ayant un goût prononcé pour l’écriture avec des grosses punchlines.

Tout cet art de travail de l’écriture m’a toujours passionné. Au bout d’un moment, j’ai voulu écrire quelques textes de mon côté. Ensuite au lycée, j’ai rencontré Gades et Ama, deux potes avec qui je rap encore. On écrivait et rappait ensemble tout le temps, donc c’est vraiment à partir de ce moment-là que je suis tombé dans le rap.

Crédit photo : Rekkin / Art of nightmare

N.U. : On t’a découvert lors des open-mics avec Gades, que représentent ce genre d’événements où tu peux performer ?

R : J’ai commencé le rap avec des potes donc il y a toujours ce rapport à la performance et au freestyle. Les open-mics sont arrivés un peu tard pour moi. J’en ai entendu parlé via Chess et Théo de Beatume. Pendant longtemps, je n’avais pas eu connaissance de ces événements, mais j’aime beaucoup y aller pour me mesurer aux autres, rencontrer de nouvelles personnes et sortir de mon cercle. Je vois de plus en plus de monde de ma génération aux open-mics, ça me fait vraiment plaisir.

N.U. : On sait que les montreuillois sont viscéralement attachés à leurs villes, toi qui y est né, pourrais-tu m’expliquer d’où vient cet attachement ?

R : On est très chauvin ici ! Mais je ne pourrais pas te dire d’où ça vient (rires). En tout cas pour moi, le fait que mon père soit originaire de Montreuil, et celui que j’y sois né, m’ont donné un attachement particulier à cette ville. Ici, il y a une ferveur incroyable, parfois je pense que ça peut desservir, puisque c’est une ville compliquée à unifier, tout le monde ne va pas soutenir un seul rappeur tellement c’est fort et compliqué de représenter Montreuil.

(…) Dans les rappeurs montreuillois, j’ai écouté : Swift Guad, c’est le gros nom ! Il a mis Montreuil sur la carte, le groupe L’Uzine mais surtout Souffrance en solo, Prince Waly, Triple Go. Après dans la nouvelle génération, t’as aussi VVES, WeRenoi. Le rap montreuillois est assez complet finalement (rires).

N.U. : En regardant tes réseaux, on a réellement senti une attente autour de ton premier projet, l’as-tu aussi ressenti ?

R : Ouais carrément, j’ai été agréablement surpris. En vrai je pense qu’il est attendu puisque je me suis à rapper tôt au lycée. À cette période, il y avait l’explosion des freestyles instagram, j’en avais envoyé quelques uns, donc très vite, les gens m’ont vu comme un rappeur alors que je n’avais strictement rien sorti. J’ai mis du temps avant de sortir mon premier clip et mes premiers sons studio.

Entre-temps, Gades a sorti beaucoup de sons, ce qui a motivé toute notre équipe. Avec Xyos, un pote beatmaker qui a monté son home-studio, on a commencé à taffer ensemble. Chacun se faisait la main, lui en tant qu’ingé son, et moi en tant que rappeur studio. Les gens qui me suivent sur insta, sentent que je me bouge en voyant mes stories aux évents et au studio. Je teasais le projet depuis pas mal de temps, mais il y a eu beaucoup de retard comme on voulait faire les choses bien, en arrivant avec des clips et une direction artistique. Je ne m’attendais pas à autant de ferveur mais ça m’a vraiment touché. (…)

On a fait avec les moyens du bord, je remercie encore Noé Poulin, ce crack qui m’a accompagné durant les différentes étapes pour l’image. On a réellement travaillé en symbiose, sans lui le projet ne ressemblerait pas à ce qu’il est aujourd’hui.

N.U. : Pourrais-tu me décrire chacun des sons de ton EP ?

Décembre à Décembre :

R. : C’est mon premier clip, le son a été produit par deux beatmakers de FatCaps, Lalso et Xyos. Ce morceau est le premier morceau qu’on avait et dont j’étais le plus satisfait. Dedans, il y a un rapport assez particulier à la ville de Montreuil. Toute la composition est venue assez naturellement. Avant j’étais très axé sur la technique, à un point où je trouvais pas ça écoutable naturellement sur certains de mes sons. (…) J’aime beaucoup la simplicité de Décembre à Décembre avec une drill mélodique. 

Babylone :

R. : Le morceau est produit par Nausaah. Je suis tombé sur sa prod sur YouTube et je l’ai démarché assez vite pour avoir la licence tellement j’avais flasher sur la prod. Je trouve que ce son est plus expérimental, puisque je pose avec une voix assez spéciale. Lors de l’écriture, j’avais instantanément cette inspiration. Dès le lendemain, je suis allé chez Xyos pour enregistrer une maquette. On a retravaillé le morceau un mois plus tard en ajoutant des ambiances et d’autres éléments pour rendre le son plus agréable à l’écoute. On s’est vraiment amusé à ajouter des petits détails un peu partout. Au début, je n’assumais pas trop cette voix mais mes proches m’ont confortés dans le fait que c’était lourd. Je ne voulais pas être excentrique juste pour être excentrique.

On a longtemps hésité pour le titre du morceau comme Népal a aussi un de ses classiques qui s’appelle Babylone. Finalement on a gardé Babylone car c’était le mot qui revenait le plus et qu’il correspondait parfaitement à l’idée du son.

Depuis des années :

R. : C’est produit par Lalso, qui est un de mes amis d’enfance. On a commencé la musique ensemble, lui à la prod et moi dans le rap. On n’avait jamais eu l’occasion de collaborer sérieusement en binôme depuis longtemps quand on a fait ce morceau. Il m’a envoyé un bout de prod et direct j’étais chaud pour poser dessus. Pratiquement pour tous les sons, j’ai réussi à les faire vite. J’avais envie de faire un truc tranquille et de casser le mythe du premier projet.

Depuis des années est mon morceau préféré du projet mais il est un peu perché. Dessus, j’ai voulu prendre les gens à contrepied. Comme sur Babylone, je réussis à me livrer à travers quelques phases, j’ai bien aimé cet exercice. J’ai appris aussi à gérer l’autotune sur le projet et j’en suis fier, au début je n’avais aucune notion. L’autotune est un outil qu’il faut savoir manier actuellement. À l’avenir, je ne m’interdis pas de continuer à l’utiliser.

Sur tout le projet, il y a eu un gros travail de Xyos au mix et à la direction artistique, je le remercie encore. On a vraiment bossé en symbiose ensemble.  

N.U. : Que représente FatCaps Music pour toi ?

R. : C’est un collectif de beatmakers et rappeurs créé en 2019 et composé de Gades, Xyos, Thisma, Ykare, Soriba, Rakobanks, Ama, Lalso et moi-même. Thisma a été à l’initiative de la création du groupe. Il a connecté un groupe de rappeurs et beatmakers qu’ils avaient connus via les réseaux et le nôtre, celui de ses potes de Montreuil. On essaye de faire du son ensemble en se voyant malgré le fait que tout le monde n’habite pas à Paris. On est vraiment une équipe soudée. Le son nous a réunit !

N.U. : Quels sont tes projets futurs ?

R. : On va essayer d’être actif et régulier sur Instagram pour que les gens aient toujours du contenu à se mettre sous la dent. Il y aura aussi un deuxième projet solo, peut-être un plus long. On m’entendra sûrement en feat sur quelques EPs ou mixtapes, pour l’instant je n’ai pas encore les dates donc on verra (rires).

N.U. : Pour terminer, comme d’habitude la question Notes Urbaines avec un coup de cœur sport, cinéma et musique.

R. : Cinéma : J’ai revu récemment Do the right thing, le film de Spike Lee sur des émeutes aux États-Unis.

Musique : Il y a un frérot à moi qui a sorti son premier clip récemment et c’est assez incroyable. Le son s’appelle Périphérique de Faelix.

Sport : Je regarde seulement le foot, donc je vais te parler du PSG – City (2-0). Cette victoire m’a fait du bien, j’ai carrément réveiller mes voisins sur le but de Messi ! 

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