Radou : ” Tout comme le rap, le foot évolue. À l’époque, les joueurs dégageaient plus d’aura “

À l’occasion de la sortie le 9 octobre de son nouvel EP Maux d’amours pour la street, entretien avec le rappeur Radou autour de sa passion pour le foot, de son équipe favorite, et des joueurs qu’il name-drop dans ses punchlines explosives.

Notes Urbaines : On voit que tu fais souvent référence au foot dans tes textes, à quel moment le foot est-il entré dans ta vie ?

Radou : Franchement je dirais période Coupe du Monde 2002, avec comme premier souvenir le quart de finale Brésil – Angleterre. J’avais à peu près 8 ans. Autre souvenir l’AJ Auxerre de la saison 2002-2003 avec Guy Roux en entraîneur et des joueurs comme Djibril Cissé, Olivier Kapo et Philippe Mexès. Ensuite il y a eu Arsenal, je suis tombé amoureux du maillot bleu O2 2002/2003. Ils le portaient en Champions League face à la Roma en phase de groupe quand Henry met un triplé. 

N.U. : Quels sont ton club et ton joueur favori ? 

R. : Arsenal est mon club favori. Te dire seulement un joueur c’est difficile, il y en a plusieurs : Thierry Henry, Zinedine Zidane, Ronaldo R9. Après actuellement je souhaite la libération d’un gars, Mr Mesut Özil qui est blacklisté en ce moment. Je l’aime beaucoup car c’est le genre de joueur qui est magnifique à voir évoluer et quand il décide de réellement jouer, il n’a aucune concurrence pour moi. En ce moment j’apprécie aussi Pogba, Thiago, Leroy Sané, De Bruyne et bien sûr les joueurs d’Arsenal comme Aubameyang, Pépé, Lacazette, Reiss Nelson, Saka. 

N.U. : Tu fais souvent référence à des footballeurs techniques (le son N°10), d’où vient cette fascination pour eux ? 

R. : Dès que j’ai commencé à suivre le foot, le numéro 10 était le poste le plus important, la star de l’équipe ; au sens où l’attaque permet de marquer des buts, la défense conserver le score mais le milieu contrôle vraiment le match. Si ton milieu domine alors, tu auras plus de chances de gagner la rencontre. Et le 10 va être celui qui va influencer le plus le match, il dicte le tempo. Je pense à Messi qui en grande forme, est capable de remporter n’importe quel match à lui tout seul. Le fait de voir des joueurs contrôler le jeu sans parfois être mis en avant par des stats ou le public me fascine. (…) Certains numéros 10 surtout à l’époque, tu les enlevais du terrain, leur équipe n’était plus la même.

N.U. : Que penses-tu de la situation d’arsenal ? 

R. : L’équipe est en reconstruction depuis le départ de Wenger en 2018. La première saison avec Unai Emery était assez prometteuse, mais malheureusement l’équipe est retombée dans ses travers. Je vais te prendre comme exemple la finale de l’Europa League 2019 contre Chelsea, où on joue un Chelsea moyen entraîné par Sarri. Les 2 matchs de championnat contre les Blues, Arsenal domine mais perd lors de la 2e journée (3-2) avec beaucoup de ratés. Si l’identité de jeu du coach espagnol était en place pour moi, les Gunners ne perdaient pas.

Sous Arteta, l’équipe est toujours en reconstruction, on voit ce qu’il essaye de mettre en place. Ça joue au ballon, tout en étant parfois pragmatique pour tenter de gagner ; chose qui ne serait pas passé sous Wenger. Jouer bien, c’est cool mais gagner des titres c’est mieux. Je reste assez confiant pour la suite dans 2-3 saisons, je vois bien Arsenal être au niveau de Liverpool et Manchester City. (…) Comparé à Manchester United, l’après Wenger a été mieux géré que l’après Ferguson, même si la fin de l’Alsacien à Londres était compliquée. 

Mais donnons du respect à ce monsieur qu’est Wenger qui a beaucoup influencé la Premier League. Avant lui, il y avait des grands alcooliques comme Tony Adams (rires). Il a mis un régime en place et l’effectif s’y est tenu. Malgré que le club n’ait plus sa grandeur d’antan, il y aura toujours des joueurs et spécialement des français qui voudront venir à Arsenal. Certains clubs comme Manchester United, Arsenal ou le Milan AC arriveront toujours à attirer des joueurs grâce à leur pedigree et leur ambition de revenir au top. 

N.U. : Tout comme on aime dire le rap était mieux avant, considères-tu le football était mieux avant ? 

R. : Franchement en ce moment je regarde pas mal de matchs à l’ancienne pour refaire ma culture foot, petite passe D allez sur footballia ! Tout comme le rap, le foot évolue. À l’époque, les joueurs dégageaient plus d’aura même si actuellement les joueurs sont plus forts athlétiquement et techniquement, ils manquent de charisme pour moi.

À l’ancienne t’affrontais United avec les Roy Keane, Giggs, Scholes t’avais peur, même au milieu des années 2000 avec Rooney et CR7. Les seuls qui dégagent un truc ont 27 ans voire plus. À Paris t’as Neymar, au Real t’as Ramos, et au Barça on sait déjà avec Messi. Les joueurs actuels n’ont pas ce petit truc. (…) Je doutais de la force de certains joueurs comme Beckham alors j’ai regardé ses matchs pour réaliser à quel point il était bon. Son match contre la Grèce en 2001 où il qualifie son pays à lui tout seul, est exceptionnel. T’as aussi Edgar Davids, un chien de la casse sur le terrain tout en étant bon techniquement. Ce type de profil se perd à l’heure actuelle. Yaya Touré récemment était un peu dans ce style ou même Pogba à la Coupe du Monde. 

Edgar Davids
Edgar Davids, le mythique milieu de terrain hollandais. Crédit photo : RMC Sport

N.U. : Si tu devais faire un featuring avec un entraîneur et un joueur, quel serait ton choix ?

R. : J’hésite… mais Mourinho ! Paradoxalement, je suis fan du personnage malgré la rivalité avec Wenger et ce qu’il a pu dire sur Arsenal. Je le mettrais en intro d’un son je pense. Il a quelques phrases mythiques comme le “ I prefer really not to speak : if I speak I am in big trouble ” ou “ I am not putting pressure on you about winning but we cannot lose. ” Après en joueur t’as Jesé qui fait du reggaeton, même Memphis qui peut rapper mais je prendrais Alex Iwobi, le joueur d’Everton, il doit avoir quelques phases et en plus il est originaire de Londres.

N.U. : Quel joueur symbolise le mieux ton projet ?

R. : Je dirais Dennis Bergkamp, la légende néerlandaise d’Arsenal. Il a un côté magique tout en sachant un peu tout faire : marquer, dribbler, faire des passes décisives. Il représente aussi un certain esprit de noblesse. 

N.U. : Quelles sont tes punchlines préférées en rapport avec le foot d’entraîneur ou d’un joueur et d’un rappeur ? 

R. : Je vais prendre une phrase de Samuel Eto’o, ce que j’aime avec lui, il a la bouche mais quand tu regardes son palmarès et sa carrière, tu te dis qu’il a le droit parce qu’il assume toujours sur le terrain. Dans un podcast des Libéros sur le Camerounais, ils ont évoqué une de ses interviews. Dedans Eto’o encore joueur de Majorque à cette période (2000-2004) donnait ses 5 attaquants préférés : “ Ronaldo R9, Thierry Henry, Raul, Ruud Van Nistelrooy, et Samuel Eto’o parce qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même !” Quelle insolence (…) Quand il est allé au Barça, on a tout de suite vu la différence. 

Après celle d’un rappeur, je t’avoue je vais m’auto-citer (rires). Cette punchline c’est un peu exclu puisqu’elle sera dans un prochain son “ Plus jeune j’ai rêvé d’être un gunner, aujourd’hui j’ai grandi et je traîne avec les shooters.” Ce genre d’analogie entre Arsenal et la street.

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