Sorti il y a quelques mois, le dernier album de Goldlink HARAM est passé sous les radars et n’a pas eu la visibilité que l’on attendait d’un artiste qui sort un hit par an depuis 2017. Pourtant, son projet est loin d’être inaudible, bien au contraire. Retour sur un album controversé.

Même si vous ne le connaissez pas particulièrement, vous avez déjà forcément été attiré par un titre de Goldlink. Depuis son éclosion avec le titre Sober Thoughts (God Complex, 2014), dans lequel il dévoilait au grand public une voix grave envoûtante (maîtrisée aussi bien au niveau du chant que du rap), le rappeur natif de Washington D.C n’a cessé d’être une machine à tubes. En effet, D’Anthony Carlos (de son vrai nom) compte à son actif 2 mixtapes et 2 albums en 7 ans qui comportent tous au moins un ou deux sons qui ont tourné dans le monde (Late Night, Crew, Zulu Screams, U Say et plus encore).

Mais quelques mois avant son dernier album, le rappeur de 28 ans s’est fait plus discret et ses projets plus mystérieux. Il décide d’élargir ses horizons et de tester ses talents de lyricistes et son sens du rythme, comme le montre ses singles sortis avant son album dans lesquels il opte pour une voix téléphoné (au sens propre). Avec Dunya, Best Rapper in the World ou encore White Walls, Goldlink annonce déjà la couleur de son prochain album, HARAM, sorti le 18 juin 2021. Une couleur qui ne plaît pas forcément à tout le monde.

Crédits photo : Cover de l’album de Goldlink – HARAM

Si on se réfère au nombre de streams enregistrés sur ce dernier album (seulement 3 sons ont dépassé le million d’écoutes), on peut considérer cet album comme un coup raté de la part de Goldlink. Mais en prenant le temps d’écouter (ou de ré-écouter) on se rend compte d’un bon nombre de points forts qui ressortent de ce projet. Pour commencer, une qualité qui ne change pas à chaque projet que sort Goldlink est sa capacité à se renouveler avec autant d’aisance, aussi bien sur son flow que sur les prods choisies. 

Il montre qu’il est capable de s’adapter à son temps à chaque projet qu’il sort. Sur les 16 titres présents sur Haram, pratiquement aucun son n’est similaire en termes de tonalité, ce qui dégage des ambiances différentes et l’impression d’avoir un effet “yo-yo” dans les oreilles. Du hip-hop à la soul, en passant par l’électro et la pop, D’Anthony Carlos maîtrise ces différents styles avec aisance tel un couteau-suisse. Bien que Goldlink se soit cherché musicalement parlant  dans ce nouveau projet, il n’en perd pas pour autant son efficacité à produire des hits. Son titre Evian en est la preuve parfaite, dans lequel il crache du feu et s’allie à de jeunes pépites tels que Rax, Rizloski et la talentueuse PinkPantheress qui nous délivre un refrain captivant sur une prod électro idéale pour un petit apéro avant de lancer les festivités.

Cet album est aussi une occasion de découvrir de jeunes talents de la musique comme Lukeyworld, Jesse Boykins III ou Bibi Bourelly (qui accompagnait déjà Goldlink dans Zulu Screams), mais également des artistes confirmés comme Santigold ou RIch The Kid. Tous ces éléments s’additionnent pour donner résultat à un album qui peut s’écouter en plusieurs fois et qui vieillit comme un bon vin (oui ça fait seulement 6 mois d’accord). Si vous devez retenir une seule chose avec HARAM, c’est le fait que Goldlink n’est pas en déclin. Au contraire, il se renouvelle constamment en s’éloignant de plus en plus de sa zone de confort. Certes, cette démarche n’est pas aussi attractive que ses derniers grands travaux, mais il est important pour certains artistes d’ajouter de nouvelles cordes à leur arc, dans le but de conserver une certaine longévité. Même si cela peut parfois impliquer le fait d’aller à l’encontre des goûts de leurs auditeurs.

Mentions spéciales :

Raindrops (feat Flo Milli)

Girl Pacino

Cindy’s Daughter (feat Bibi Bourelly)

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